Al-Hayat évoquait récemment le phénomène, en Irak, des chansons guerrières qui accompagnent l’offensive contre l’État islamique, retranché à Mossoul depuis juin 2014. Bien entendu, comme le précise l’article, la mode des chansons martiales ne date pas d’aujourd’hui. Au contraire, il y a même fort longtemps que les forces politiques, en Irak comme ailleurs, s’appuient sur les vedettes de la chanson pour mobiliser l’opinion. Mais comme le précise l’auteure de l’article, Kholud al-Amiri (خلود العامري ), depuis les années 1980 et l’épouvantable guerre irako-iranienne (un demi-million de victimes militaires, et autant de civils) ce type de production est de plus en plus investi par des interprètes originaires des zones rurales. Comme si, a-t-on envie d’ajouter, il fallait mettre en adéquation le style musical avec le public des couches populaires de la nation, celles à qui l’on demande de se sacrifier pour le bien de leur pays.
Depuis la guerre contre Daech, on voit donc se multiplier des clips, assez étranges, où les interprètes proposent des paroles militantes sur des mélodies et des rythmes issus du folklore traditionnel, le tout sur fond d’images ultra-guerrières, souvent récupérées auprès des services de propagande de l’armée.
Parmi les « plus belles chansons héroïques nationales irakiennes », comme le dit le site qui les propose, on doit certainement mentionner celles qu’interprète Ahmad Jawad (أحكد جواد)
Ou encore celles de Salah Bahr (صلاح البحر), qui bénéficie en plus du concours des forces spéciales irakiennes :
A moins que l’on ne préfère « La mort rouge » de Muhammad Abdel-Jabbar (محمد عبد الجبار) :
Dans la ligne d’une Shadha Hassoun dont on avait eu l’occasion de parler à propos d’un clip qui avait fait scandale en son temps, les femmes ne sont pas en reste dans cette ferveur militaro-patriotique. On éprouve même un certain malaise à voir la très pulpeuse Shams al-Meslawi entonner en tenue militaire des chants populaires remixés à la sauce patriotique sur fond d’archives militaires.
Des guerres sans fin ont beau dévaster la région, cela ne semble pas entamer la ferveur populaire pour les armes…