Même si la période de l'Avent est certainement l'une des plus agréables de l'année, elle ne fait que ponctuer une année qui aura été éprouvante sur le plan économique. Pourtant, à entendre certains médias, la reprise économique est enclenchée, les marchés financiers vont rester haussiers, la baisse des dépenses publiques et le Pacte de responsabilité vont rendre sa compétitivité à notre économie, etc. C'est pourquoi, après un billet sur les paradis fiscaux et l'évasion fiscale, j'ai décidé de quitter les cieux pas toujours cléments pour regagner la terre ferme...
Tout va-t-il vraiment pour le mieux ?
Il est certain que pour une infime minorité de la population tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, conformément aux enseignements de la théorie panglossienne. En effet, étant donné qu'à la faveur des interventions étatiques - pourtant tant décriées depuis - la crise de 2007 n'a pas rincé comme les précédentes les porteurs de promesses financières exubérantes (actions et autres titres sur les marchés), certains se retrouvent avec un patrimoine qui prospère désormais suivant les règles d'une martingale : pile je gagne, face tu perds pour que l'on me renfloue et que je gagne à nouveau !
Las, a contrario, l'immense majorité des ménages a plutôt le sentiment que sa situation se dégrade inexorablement si tant est qu'elle puisse encore se prévaloir d'un emploi rémunérateur (graphique 1) et d'un quelconque petit patrimoine (tableau 2)...
Graphique 1 : évolution du nombre de personnes pauvres
[ Source : Observatoire des inégalités ]
En une phrase, plus d'un million de personnes ont basculé sous le seuil de pauvreté en France depuis dix ans !
Tableau 2 : évolution des patrimoines bruts en France
[ Source : Centre d'observation de la société ]
Pour le dire simplement, tandis que les 10 % les plus riches détiennent près de la moitié du patrimoine en 2015, les 10 % les plus pauvres n'ont pour ainsi dire rien !
Pour ma part, je crois surtout qu'il existe désormais un gouffre abyssal entre une minorité très visible dans les médias, le show-business, le sport, la finance et surtout la politique, et le reste de la population. Les premiers cherchent encore désespérément à persuader les seconds qu'il existe une communauté d'intérêt entre eux, alors même que jamais la rupture n'a été aussi évidente. Autrement dit, l'intérêt général ne s'est probablement jamais aussi ouvertement confondu avec les intérêts particuliers... Et ce n'est certainement pas le verdict rendu par la Cour de justice de la République (CJR) contre Christine Lagarde (coupable mais absence de sanction) qui va améliorer le climat actuel de défiance, d'autant que le FMI a renouvelé par ailleurs sa confiance à sa directrice !
Dès lors, regarder avec nostalgie le passé glorieux de la France dans l'espoir de renouer avec les Trente Glorieuses est au mieux une perte de temps au pire une amère illusion, puisque le contexte économique et politique a bien changé depuis : mondialisation, dérégulation, création d'une monnaie unique, etc. À l'autre extrême se trouve également une chimère, qui consiste à croire que l'avenir sera nécessairement meilleur que le présent. Ceux qui négligent le présent au nom d'un hypothétique avenir radieux lié au progrès ou tout simplement à la providence, feraient bien de relire de toute urgence les célèbres Lettres à Lucilius de Sénèque, puisqu'ils y découvriraient que l'optimisme béat faisait déjà des ravages il y a deux millénaires !
Joyeux Noël tout de même !
Bref, en dehors de ces petits rien que nous venons d'évoquer et qu'il faut hélas déplorer puisqu'ils délitent la société, tout va très bien Madame la Marquise en 2016 comme pour 2017 :
sacha distel tout va très bien madame la marquise par vieuxsnock
Sur ce, même si nous sommes en pleine crise (économique, sociale, politique ?), je vous souhaite un joyeux Noël et vous retrouve la semaine prochaine pour le dernier billet de l'année 2016 !
Et comme il est toujours bon d'enfoncer une porte ouverte quand tout le monde la voit fermée, n'oubliez pas que le plus beau cadeau de Noël que vous puissiez faire c'est votre présence !