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Rattrapage automnal anglais (2016) : Tutankhamun Bilan

Publié le 22 décembre 2016 par Jfcd @enseriestv

Tutankhamun est une nouvelle série de quatre épisodes qui a été diffusée du 16 octobre au 6 novembre sur les ondes d’ITV en Angleterre. Ici, on ne nous transporte pas dans l’Antiquité comme le titre l’indique, mais bien dans l’Égypte du début du XXe siècle dans la Vallée des rois. Howard Carter (Max Irons) est un archéologue snobé par l’élite anglaise s’y trouvant, mais son destin pourrait bien changer lorsqu’un jour, en compagnie de sa collègue Maggie Lewis (Catherine Steadman), il tombe sur un gobelet datant de plusieurs milliers d’années. L’objet porte en effet à croire que plusieurs richesses ayant appartenues à des pharaons pourraient se trouver dans les environs. Mais voilà qu’en plus de son obstination, plusieurs facteurs extérieurs viendront lui donner du fil à retordre. Minisérie succédant à la case horaire de Victoria cet automne, cette autre production historique d’ITV est plus qu’un simple récit à succès complaisant. En plus d’un personnage principal charismatique, c’est tout le contexte entourant cette découverte inespérée qui vient rajouter de la chair autour de l’os. Sinon, on nous rappelle ici qu’on a tendance à tenir beaucoup de choses pour acquises, y compris lorsqu’il s’agit de découvertes culturelles historiques.

Le véritable Howard Carter, 1922

Le véritable Howard Carter, 1922

Retour aux sources

1905 : les Anglais sont rois et maîtres en Égypte et en accord avec le gouvernement, ils peuvent acheter des concessions dans le but d’effectuer des fouilles archéologiques. L’ordre sociétal à la Donwton Abbey étant encore très présent, Howard est en dehors de ce cercle assez restreint et ne sait (et ne veut pas) jouer du coude afin d’obtenir des contrats. Néanmoins, il jouit tout de même d’une bonne réputation, notamment auprès de ses employés locaux et son nom parvient aux oreilles de Lord Carnarvon (Sam Neill) qui se passionne pour l’archéologie, sans pour autant être un fin connaisseur. Après avoir découvert le gobelet, Howard trouve plusieurs indices concernant le pharaon méconnu Toutankhamon (ce qui veut dire l’image vivante d’Amon) qui régna à peine 10 ans au cours de son adolescence. Contre vents et marées, il convainc Carnarvon de racheter une concession à un endroit où la plupart des autres investisseurs ont déjà jeté la serviette, mais la guerre mondiale de 1914 interrompt les projets des deux hommes. Dans le second épisode, ils sont tous deux de retour sur leur lot quatre ans plus tard et malgré une certaine instabilité au niveau gouvernemental, continuent leurs recherches jusqu’à ce qu’ils tombent sur un tombeau contenant rien de moins que la sépulture d’un pharaon. Cette découverte d’importance majeure pour l’humanité suscite bien des convoitises et c’est sans compter sur la crise médiatique que cela engendre.

Au premier regard, le scénario de Tutankhamun est on ne peut plus classique et ressemble beaucoup à Harley and the Davison (Discovery Channel), Hillary (TV One) et Code of a Killer (ITV). En effet, qu’il s’agisse de Bill Harley et de ses compagnons dans la première, d’Edmund Hillary dans la seconde ou d’Alex Jeffreys dans la troisième, on sait d’avance ce qui nous attend. On a des hommes partis de rien, rebelles aussi et on tente de leur faire renoncer à leurs folles aspirations. Mais ces héros obstinés n’écoutent que leur instinct et le temps leur donne inévitablement raison. On ajoute une petite romance au scénario pour les rendre plus humains et le tour est joué. C’est la même chose avec Howard Carter qui contre toute attente, parvient à découvrir un tombeau oublié depuis des lustres. Anti-establishment de nature, s’écartant volontairement de la realpolitik, il est sur le terrain avec les hommes locaux qui l’apprécient, bref, le lien parfait entre les deux cultures. On a même été jusqu’à lui inventer une romance avec Lady Evelyn (Amy Wren), la fille de Lord Carnarvon, ce qui a fait réagir vivement son descendant direct d’ailleurs. Malgré tout et encore plus que Hooten & the Lady, Tutankhamun reste pertinente, ne serait-ce que du point de vue éducatif et culturel. De pharaon oublié rapidement par ses contemporains dès son décès, c’est probablement de nos jours l’un des plus connus et c’est bien évidemment grâce à Howard. Si ce n’était de sa persévérance, jamais nous n’en saurions autant sur une époque aussi lointaine et la série rend un très bel hommage à un homme et ses découvertes que l’on a tendance à tenir pour acquises.

Rattrapage automnal anglais (2016) : Tutankhamun Bilan

… « to govern our own country »

Tutankhamun fait bien plus que de simplement aligner les scènes qui ont mené à l’une des plus importantes découvertes du XXe siècle puisqu’à l’image de la défunte Indian Summers de Channel 4, elle met aussi l’accent sur le contexte historique. Grâce à une mise en scène léchée, plusieurs intrigues se déroulent dans les soirées mondaines avec ces messieurs en queue de pie et ces dames rutilantes de bijoux. C’est que pendant que cette aristocratie se divertit, l’émancipation du peuple se fait sentir, particulièrement après 1918 au point où l’on se demande dans le strict cas des fouilles si l’on ne remplace pas une injustice par une autre. En effet, le sentiment d’indépendance s’accentuant, on change la loi en un simple coup de plume précisant que l’entièreté du contenu des tombes royales découvertes sera d’office propriété d’état alors qu’au départ, la moitié d’objets retrouvés devaient aller à celui qui y a mis les fonds et seulement l’autre au gouvernement. Certes, ces objets trouvés appartiennent au patrimoine culturel de l’Égypte, mais comme le mentionne Carter, outré de cette nouvelle loi, le pays n’a rien fait en ce sens pendant trois mille ans et c’est grâce à des deniers extérieurs que l’on a pu trouver ces trésors. Une argumentation qui mérite réflexion.

Rattrapage automnal anglais (2016) : Tutankhamun Bilan

L’autre aspect que développe fort bien Tutankhamun est le domaine de la communication. Pour pouvoir travailler en paix, Howard décide de maintenir l’importante horde de journalistes venus des quatre coins du monde à l’écart, à l’exception d’un reporter du Times (Martin Hutson), ce qui représente sa plus grande erreur. C’est qu’en donnant l’exclusivité à un seul, ça suscite la jalousie des autres. De plus, maintenir ce mystère indéfiniment a pour résultat des publications remplies d’hypothèses toutes plus folles les unes que les autres, ce qui en fin de compte ne sert personne. Une leçon que même aujourd’hui, on peine à retenir…

Classée au 14e rang dans la semaine du 10 octobre, le premier épisode de Tutankhamun a attiré en direct 5,97 millions de téléspectateurs. En moyenne, la série aura gardé captif un auditoire de 5,15 millions, ce qui est beaucoup moins que Victoria, mais davantage que des nouveautés policières de la même chaîne comme The Level ou Paranoid.


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