Magazine Europe

Propos inconsidérés

Publié le 23 juin 2008 par Malesherbes
Il y a quelques jours, j’évoquais ici les propos inconsidérés de nos dirigeants sur l’Europe. Je développe ici ce point.
On entend souvent parler de la Communauté européenne. En fait, depuis le traité de Maastricht, c’est-à-dire depuis 1992, soit la bagatelle de seize ans, une demi génération, la Communauté débutée à six en 1958 a disparu pour céder la place à une Union. Ce changement de terme est très significatif. Risquons une analogie : lorsque deux personnes décident de construire un avenir commun, elles commencent, devant notaire ou implicitement, par définir sur un plan économique les règles de leur communauté. Ensuite, elles contractent une union via un mariage ou un contrat civil. En ce qui concerne notre Europe, l’ignorance, ou le refus de prendre en compte cet important changement, est l’indice de deux faits :
1) Trop d’Européens, même parmi les politiques, méconnaissent la nature de notre Union. Cela ne les aide pas à se prononcer valablement sur son évolution.
2) Nos hommes politiques ne déploient guère d’efforts pour faire naître un sentiment européen, pour faire comprendre aux citoyens de cette Union qu’ils appartiennent à un ensemble plus vaste que leurs patries, destiné à leur redonner la puissance que les guerres qui ont ravagé au siècle dernier notre continent leur ont fait perdre.
Si les institutions européennes sont localisées à Bruxelles (et pour partie aussi, ne l’oublions pas, à Strasbourg), il est scandaleux d’entendre régulièrement nos politiques de tout bord faire état des décisions de Bruxelles. Ils voudraient accréditer l’idée qu’elles émanent de quelque ignoble Etranger qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Si, en ce qui concerne la politique française, on parle parfois de l’Elysée, c’est lorsqu’on utilise une périphrase pour désigner le Président de la République. Mais, le plus souvent, on dira : le gouvernement. Pourquoi donc politiques et journalistes s’obstinent-ils à dire Bruxelles plutôt que Commission européenne ? Bêtise, ou calcul ? L’Europe, c’est nous. Bruxelles, c’est ailleurs. Au mieux, chez les Belges, au pire, dans l'Empire de Dark Vador.
Lorsque des pétroliers viennent souiller nos côtes, tout le monde s’empresse de réclamer une réglementation internationale pour imposer l’utilisation de pétroliers à double coque. De même lorsque certains pays pratiquent un dumping social, on ressent la nécessité de lois supranationales. Comment dans ces conditions est-il possible de pester contre des directives européennes destinées précisément à unifier nos réglementations ?
Mais le sommet de la tartuferie est l’attitude de notre gouvernement qui, sans s’être assuré de l’agrément des instances européennes, annonce des mesures en contradiction avec cette législation. Exemple : le gouvernement déclare qu’il va baisser la TVA pour la restauration. Il sait parfaitement que ce n’est pas possible sans l’accord de la commission. Pourquoi donc cette annonce avant d’avoir obtenu cet accord ? Pour pouvoir ensuite gémir : « Moi, je voulais, mais les technocrates de Bruxelles n’ont pas voulu ». On doit se battre au sein des instances européennes pour faire triompher son point de vue et, en cas de succès, annoncer la mesure souhaitée. Mais utiliser l’Europe comme un justificatif de son impuissance est indigne. Cela ressemble étrangement à la lâche attitude du parent qui, face à une demande de sa progéniture, lui répond : « Demande à ton père (ou ta mère) ! ». En outre, ce n’est pas se comporter en partenaire responsable ni bien se préparer aux négociations ultérieures. Comme l’a déclaré samedi 21 juin Manuel Barroso : « Il n'est pas possible de critiquer Bruxelles du lundi au samedi pour ensuite, le dimanche, demander à ses citoyens un vote favorable à l'Europe ». Autrefois, des barrières d’octroi divisaient la France, les poids et mesures étaient différents d’une région à l’autre. Voilà l’avenir dont ces incapables rêvent pour notre pays et pour l’Europe ?

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