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In Plain Sight (2016) : le tueur de Lanarkshire

Publié le 24 décembre 2016 par Jfcd @enseriestv

In Plain Sight est une nouvelle minisérie de trois épisodes qui a été diffusée du 7 au 21 décembre sur les ondes d’ITV en Angleterre. L’histoire nous transporte dans le Lanarkshire des années 50 en Écosse alors que la population locale est terrorisée par un tueur en série qui accumule les meurtres avec des victimes qui semblent être choisies au hasard. Le détective William Muncie (Douglas Henshall) a beau savoir que c’est Peter Manuel (Martin Compston) le coupable, il est incapable d’amasser assez de preuves pouvant mener à son arrestation. Drame inspiré d’un fait vécu, la série n’aurait pu trouver meilleur titre. En effet, In Plain Sight, de par son approche originale réussit à nous entrainer dans un jeu du chat et de la souris qui est loin de présager une issue heureuse pour les forces de l’ordre. Et comme toujours dans ce genre de séries historiques, on en profite au détour par nous offrir un portrait effectif d’une société en pleine transition.

In Plain Sight (2016) : le tueur de Lanarkshire

Manque de preuves

La première scène de la série est assez évocatrice de ce qui est à venir : on est en 1955 et c’est l’anniversaire de William. Parmi les lettres de vœux qu’il reçoit, l’une est de Peter en personne et ironique au possible. En fait, la relation entre les deux hommes a toujours été à couteaux tirés puisqu’il y a plusieurs années, c’est le détective qui l’a épinglé pour une série d’agressions sexuelles et pour laquelle il a purgé une peine de neuf années de prison. Loin d’assagir Peter, ça l’a plutôt rendu plus prudent comme en témoigne le premier incident auquel nous sommes exposés. Nous avons Mary McLauchlan (Jenny Hulse) qui rentre chez elle à pied après avoir passé la soirée à danser avec des amis. Peter la traine de force dans les bois, l’agresse un couteau sous la gorge, mais décide de la laisser partir. Le lendemain, Mary dépose une plainte à la police, mais en cour, il se défend lui-même et est si convainquant qu’il est finalement exonéré. Dans l’épisode suivant, on retrouve le corps inanimé d’une jeune femme et quelques mois plus tard, ceux de Marion Watt et de ses deux filles. Là encore, impossible d’inculper Peter puisqu’il a toujours un alibi en apparence solide. Dans le cas des meurtres de la famille Brown, il passe quelque peu inaperçu alors qu’on procède à l’arrestation de William (Gary Lewis), le mari et père des victimes. Au dernier épisode, on est à la fin de l’année 1957 : c’est encore une autre jeune fille qui disparaît puis toute la famille Smart qui repose sans vie dans leur domicile. Justice est finalement rendue lorsque William découvre qu’une somme importante d’argent a été volée aux Smart. C’est que les billets et leurs numéros de série sont retracés avec les empreintes de Peter et après l’arrestation du père de ce dernier, il avoue tout, ce qui le conduira à la potence dans les mois qui suivront.

Contrairement aux autres séries anglaise inspirées de faits vécus impliquant un tueur en séries, In Plain Sight, malgré un modèle assez classique réussit tout de même à se démarquer habillement de ses contemporaines, à commencer par son générique qui va justement de pair avec son titre. In Plain Sight, que l’on pourrait grossièrement traduire par « en pleine vue » reflète la personnalité du tueur : c’est à peine s’il se cache, il nargue continuellement William, mais jamais il ne franchit la ligne. En même temps, durant le générique, on nous montre par ordre chronologique tous les noms des victimes, la date de leur mort ainsi que leur emplacement si bien qu’en amorçant la série, on sait déjà ce qui nous attend.

In Plain Sight (2016) : le tueur de Lanarkshire

Certes, cela dédramatise grandement la fiction comparé à Rillington Place de BBC qui nous tenait sans arrêt sur le fil du rasoir. Ici, mis à part l’agression de Mary, on n’assiste à aucun des meurtres et c’est à peine si on voit Peter sur les lieux du crime, ce qui est cohérent en tous points avec le propos. Quand on y pense, il s’agit en fait d’un assez vif contraste avec les crimes commis : on apprend par exemple qu’une victime est trouvée le crâne défoncé et les bras cassés à force d’avoir voulu se débattre, mais sans aucun support visuel. La tension est issue du fait que William ne peut épingler son meurtrier, et ce, bien qu’il ne fasse aucun doute qu’il soit coupable. On ne peut tout simplement pas le prouver et Peter éprouve un malin plaisir à jouer avec le feu. À un moment, il offre de conduire un policier sur les lieux d’un crime à bord de la voiture d’une de ses victimes. Plus tard, il affirme connaître le meurtrier des Brown et s’amuse à tourner le seul survivant de ce massacre en bourrique en lui donnant de fausses informations.

Début d’une ère nouvelle

L’autre aspect intéressant de In Plain Sight est ce portrait de société qui nous est offert. Les années 50 sont synonymes d’une ère nouvelle qui s’amorce, celle de la reconstruction d’après-guerre. L’économie se redresse et les mœurs sont moins contrites. Par exemple, dans une ville comme le Lanarkshire, les jeunes filles se mettent à se maquiller, sortir danser avec des garçons et il n’est pas inhabituel qu’elles rentrent seules à la maison, même tard le soir. Le procès impliquant Peter et Mary est assez évocateur d’une époque où le clivage est fort entre la génération montante et une autre plus âgée. Pour preuve, en un rien de temps durant l’interrogatoire, ce n’est plus Peter qui est pointé du doigt, mais Mary alors que ce dernier affirme qu’ils sortaient ensemble et qu’ils étaient tous deux consentants durant l’acte sexuel. En sortant du palais de justice, les badauds s’exclament : « there she is, there’s the slut! » Comme quoi ces femmes n’ont que ce qu’elles méritent pour leur émancipation.

In Plain Sight (2016) : le tueur de Lanarkshire

C’est aussi ce sentiment de sécurité naïf qui nous interpelle puisqu’il facilite la « tâche » de Peter. Personne de verrouillant leurs portes, le meurtrier entre sans problème chez ses victimes et dans les cas des familles Smart et Brown, il laisse chaque fois une conserve de soupe qu’il n’a qu’à moitié entamé sans s’en inquiéter. L’identification par ADN n’existant pas, Peter n’a qu’à mettre des gants et le tour est joué.

Le premier épisode de In Plain Sight aura attiré 5,73 millions de téléspectateurs, se classant ainsi au 16e rang des émissions les plus regardées de la semaine du 5 décembre. En plus de battre ses compétiteurs dans cette case horaire, il y a définitivement un appétit du côté du public pour ces scénarios. Les variantes à l’anglaise semblent infinies, mais combien de ce genre d’histoire leur reste-t-il à exploiter ? En ce qui a trait à la sécurité publique, pas trop on l’espère…


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