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[Critique] Docteur Strange, banalisation de l’extraordinaire

Par Neodandy @Mr_Esthete

[Critique] Docteur Strange, banalisation de l’extraordinaire

Schématiquement, s’empile les super-héros. Il le faut, conformément au calendrier de Marvel Studios prévu jusqu’en novembre 2020. Docteur Strange clôt la saison 2016 d’une manière insipide avec l’une des personnalités les plus intéressantes de la mythologie Marvel. A défaut d’un voyage spirituel, les caméras endormies comblent leur inexpressivité par de fonds verts psychédéliques aux lèvres vertigineuses du dégoût.

[Critique] Docteur Strange, banalisation de l’extraordinaire
La vie de Stephen Strange trouve des solutions là où la médecine se rend difficilement capable de redonner la vigueur à un corps brisé.

Neurochirurgien rationnel animé à l’idée de choisir patients et situations médicales à mesure de ses hautes compétences vaniteuses, la vie très estimée du docteur Stephen Strange (Joué par Benedict Cumberbatch) passera du côté des patients et non plus des soignants suite à un accident à bord d’une voiture luxueuse.

Le pansement de Katmandou

[Critique] Docteur Strange, banalisation de l’extraordinaire
L’Inde, lieu naturel des recherches à travers les millions de destinations possibles.

Le docteur Strange figure parmi les premières pierres de la maison d’édition Marvel en 1963 avec, pour père-dessinateur-scénariste, Steve Ditko (Egalement co-créateur de Spider-Man). Des premiers traits de personnalité ou d’esquisse, il résulte une personnalité éminemment brillante de contradiction, agaçante d’orgueil, dans l’ambition de renouer avec la dextérité de mains broyées, en recherche de sa gloire d’autrefois au prix d’espoirs fondés dans la philosophie orientale. Esprit grandement respecté par l’interprétation, rendu pour beaucoup inintéressant par la réalisation. En définitive, la caméra n’apporte rien au récit, elle s’en rend incapable dans un film classé « Action » quitte à rappeler certaines lourdeurs de Avengers premier du nom. L’audace graphique saturée du Comics original s’enferme dans des champs et contre-champs de dialogues, tout effort de perspective dans les nombreuses séquences psychédéliques confine le personnage sur des fonds fixes animés dignes de vieux moniteurs Windows 98. Scénario et visuel voués à se (dé)servir mutuellement, le résultat se calque sur le modèle d’une introduction atone interminable.

La densité d’une feuille de thé

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Docteur Strange comble ici et là quelques minutes par le rire : pour beaucoup, la cape est un personnage à part entière, pour nous, elle est un ressort ironique bienvenu.

Présentation de rigueur et pouvoirs peu ordinaires mis en scène, Docteur Strange ne parvient pas à se sortir de normes ajustables des Marvel Studios (Les Gardiens de la Galaxie jouent autrement de ces règles). Pire, le caractère d’un personnage des plus anormaux tombe dans la caricature la plus banale : des allers-retours incessants entre les hautes sphères mentales et l’hôpital dans lequel exerçait Stephen Strange ou de la défection d’un vilain aux pouvoirs divins à cause d’une séquence trop peu digestive de Un jour sans fin (Le jour de la marmotte en version québécoise, s’il vous plaît), la routine s’installe. Avec une suite prévisible annoncée par les séquences finales supplémentaires, Docteur Strange porté au cinéma se résume en quelques phrases adéquates : elles seront d’ailleurs identiques à la fiche d’identité du personnage telle qu’elle se présente sur de nombreuses ressources sur Internet. Pour tout synthétiser, d’un sujet à même de pouvoir se différencier dans la bande-dessinée, il résulte une sensation toujours plus confirmée d’un amas de gâchis.

L’inexpliqué à demi-caricaturé

[Critique] Docteur Strange, banalisation de l’extraordinaire
Les arts martiaux, une étape incontournable pour une seconde vie apaisée.

« Vous observez la vie à travers un trou de serrure », rétorquera l’Ancien (Incarné par Tilda Swinton) à propos de la vie jusqu’alors narcissiquement marquée de Stephen Strange. Tout le parcours en maître ès des arts des phénomènes inexpliqués s’apparente à un gain de conscience, fondé tout à la fois sur l’apprentissage et l’attention, faits inattendus dans un film superproduit inscrits dans l’ADN de Doctor Strange (Star Wars et Matrix pourraient éventuellement nouer quelques points de similitude). Cela reste pourtant un choix très prioritaire d’afficher une importance considérable dans les arts martiaux, de détailler précisément qu’une initiation n’est pas faite n’importe où (Katmandou, une référence asiatique très parlante aux yeux de nombreux européens) comme l’expression inévitable d’une patte américaine en rappel. Docteur Strange ne verse pas essentiellement dans la caricature (Pour preuve, l’Ancien reflète un parti-pris avancé par la réalisation par rapport à l’œuvre originale) : il la frôle continuellement sans pouvoir trancher véritablement. De cet entre-deux dimensions, tout-public conformé pour coïncider à la mode, Docteur Strange loupe le coche d’être d’un intérêt unique.

[Critique] Docteur Strange, banalisation de l’extraordinaire
14e film des studios Marvel, Docteur Strange porte le mérite d’introduire longuement un charisme fondateur de la maison d’édition américaine. Divertissement tenté en série télévisée, maints fois abandonnés sur grand écran, le premier long-métrage évite la catastrophe psychique de quelques pensées en surplus. A ce titre, parlons d’espoirs pour une suite programmée « Prochainement » : un peu plus d’humour, un peu moins de clichés, plus d’audaces visuelles enfin représentatives d’une matière noble et Docteur Strange 2 pourrait enfin briller. Sauvé de la nullité totale, le film peut remercier Benedict Cumberbatch, un contexte gâché ne demandant qu’à se parfaire pour réussir là où les échecs blessent.

On a aimé :

+ Une introduction du personnage de Docteur Strange

+ Benedict Cumberbatch dans un rôle digne

+ Du Pink Floyd dans la bande originale du film !

On a détesté :

– Aucun suspens

– Gâchis visuel et passivité agaçante de la caméra

– Un résultat (Malheureusement) ordinaire.


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