Les personnes à risque élevé de développer une schizophrénie sont plus susceptibles d’essayer et de consommer du cannabis et, moins fortement, les usagers de cannabis ont également un risque accru de développer la schizophrénie, suggère cette recherche génomique, qui apporte pour la première fois une preuve d’un lien de causalité possible, bilatéral, entre cannabis et schizophrénie. Des données, présentées dans la revue Psychological Medicine qui viennent alimenter ce débat sur un risque accru de psychose chez les usagers les plus vulnérables.
De précédentes études ont déjà établi un lien sans néanmoins pouvoir préciser si l’association est directement causée par le cannabis. De récentes données suggèrent qu’une partie de cette association est liée à des gènes communs, mais n’excluent pas ce lien de causalité entre la consommation de cannabis et le risque de schizophrénie
Les chercheurs de Bristol reprennent donc la recherche sur les liens entre la santé mentale et les substances tout en replaçant leurs conclusions dans le contexte plus large d’autres facteurs environnementaux de la santé mentale. Les chercheurs ont travaillé à partir des données génomiques du Consortium international du cannabis (ICC) et du Consortium de génomique psychiatrique (PGC2) et ont utilisé la randomisation mendélienne pour rapprocher les SNPs (ou polymorphisme nucléotidiques ou variations d’une seule paire de bases du génome) associés à l’expérimentation du cannabis et à la schizophrénie. Ils identifient bien des preuves concordantes de l’effet causal de la consommation de cannabis sur le risque de schizophrénie et une forte corrélation entre le risque de schizophrénie et la probabilité de la consommation de cannabis. Ainsi, les auteurs concluent que leur analyse indique que :
- l’expérimentation du cannabis augmente le risque de schizophrénie, bien que le lien causal reste faible.
- une forte consommation de cannabis est plus fortement associée au risque de schizophrénie.
- le risque de schizophrénie prédit l’initiation au cannabis, de manière plus forte encore, mais peut-être en raison de caractéristiques génétiques de la schizophrénie plus marquées que dans le cas de la consommation de cannabis.
Le cannabis, une automédication contre la psychose ? en bref, si ces éléments de preuve appuient l’hypothèse selon laquelle l’utilisation du cannabis contribue à augmenter le risque de schizophrénie, l’étude révèle des preuves encore plus solides du contraire : ainsi, que le risque de schizophrénie prédise la probabilité d’essayer du cannabis est encore plus probable et suggère l’idée d’une forme d’automédication.
Avec cette technique d’analyse, les auteurs identifient ainsi, pour la première fois, des preuves qualifiées de plus solides sur le fait que le risque de schizophrénie prédise l’utilisation du cannabis, plutôt que l’inverse, mais sans l’exclure ! Prochaine étape mieux caractériser les sous-populations utilisatrices de cannabis et à risque de schizophrénie.
Source: Psychological Medicine 08 December 2016 DOI: 10.1017/S0033291716003172 Assessing causality in associations between cannabis use and schizophrenia risk: a two-sample Mendelian randomization study
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