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Rattrapage automnal anglais : HIM (2016) Bilan

Publié le 26 décembre 2016 par Jfcd @enseriestv

HIM est une nouvelle série de trois épisodes qui a été diffusée du 19 octobre au 2 novembre sur les ondes d’ITV en Angleterre. Le titre fait référence à un adolescent de 17 ans (Fionn Whitehead) dont les parents ont divorcé alors qu’il était encore jeune. Depuis, ils ont respectivement refaits leurs vies alors que lui peine à trouver sa place, d’autant plus qu’il est doté de pouvoirs de télékinésie qu’il ne contrôle pas assez, au point de représenter un réel danger pour ses proches. Drame écrit par Paula Milne qui nous avait délecté avec The Politician’s Husband trois ans plus tôt, HIM a beau nous hypnotiser du début à la fin, l’apport du volet science-fiction ne nous convient cependant qu’à moitié. La conséquence directe concerne la finale qui nous laisse davantage pantois que rassasiés.

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Loin de montrer l’exemple

Les parents de HIM n’ont jamais été sur la même longueur d’onde comme nous l’indique une des premières scènes du film où l’on voit Edward (James Murray) et Hannah (Katherine Kelly) s’invectiver. Une bonne décennie plus tard, ils ont autant de raison d’être en colère, mais c’est cette fois-ci contre leur fils alors que le principal de son lycée les a convoqués. C’est que leur progéniture à des résultats scolaires peu satisfaisants et passe plus de temps à fumer des joints seul que sur les bancs d’école.  À sa défense, sa vie personnelle n’a pas de quoi nous faire rêver. Edward s’est remarié. Lui et Beth (Lucy Liemann) ont eu ensemble un fils qui a environ une dizaine d’année et de surcroît, elle attend des jumeaux. Hannah elle aussi a refait sa vie et est désormais en couple avec Victor (Patrick Robinson). Ils viennent tout juste d’avoir un bébé et qui plus est, Faith (Simona Brown), sa fille adolescente issue d’une ancienne union vient s’installer dans le nid familial. En peu de temps, elle et HIM développent des atomes crochus, mais vu l’étrangeté de leur lien familial, Faith le repousse et s’amourache de l’un de ses meilleurs amis, Azfal (Aaron Phagura). C’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase et chaque fois que le jeune homme broie des énergies négatives, des objets se mettent à se déplacer, comme s’ils obéissaient à son subconscient, causant parfois de véritables ravages…

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Le titre en soi reflète tout l’attrait que l’on éprouve en amorçant la série. En effet, chacun des protagonistes est doté d’un prénom à l’exception du premier concerné! Him (lui), c’est en quelque sorte la consécration de son anonymat alors que paradoxalement, tous gravitent autour de lui. Où qu’il se trouve, on a toujours l’impression qu’il n’est pas le bienvenu. Bien sûr, son isolement volontaire y est pour quelque chose, mais malgré lui, il est le trait d’union entre deux familles; le symbole de ce qui n’a pas fonctionné. Au départ, il est difficile d’éprouver une quelconque sympathie à l’égard de Him puisqu’il n’ouvre pas la bouche avant la 14e minute du premier épisode!  Puis, plus le récit avance, plus on a tendance à se ranger de son côté. La faute incombe dans un premier temps à ses parents. Ils ont beau lui faire une place dans leur univers, eux-mêmes sont carrément absents du décor : Hannah n’en a que pour son nouveau-né alors qu’Edward est toujours au travail, ce qui laisse Him à la « merci » de ses beaux-parents. Victor a la mèche courte et a tendance à le blâmer pour la mauvaise influence qu’il exercerait sur Faith alors qu’elle a le même âge que lui et qu’elle est dotée d’une personnalité assez forte pour faire ses propres choix. Du côté de Beth, il ne s’agit pas d’aveuglement volontaire, mais d’un réel égoïsme. En privé, elle implore Edward de faire comprendre à son fils qu’il n’est le bienvenu chez eux que le mercredi, comme cela est prévu dans les horaires le concernant. Plus tard, elle lui retire la clef de leur logis qu’il avait en sa possession et lui fait carrément comprendre qu’il ne fait pas entièrement partie de leur famille. Comme si on avait besoin de le lui rappeler. En effet, la cuisine est tapissée de portraits de Beth, Edward et de leur fils commun… Pas Him. Même chose au bureau de son père : un portait de la famille modèle à droite, un autre de lui seul à gauche.

Les pouvoirs surnaturels (*divulgâcheurs)

C’est dans ce contexte que les pouvoirs de Him entrent en scène. Au-delà de la science-fiction, les objets qui se déplacent et qui par moment peuvent blesser autrui sont la métaphore de toute cette rage accumulée par le protagoniste due aux humiliations ou indifférences de ses proches. Paula Milne a d’ailleurs confirmé cette intention lors d’une entrevue au Guardian : «For Milne, the anger-induced superpower of her protagonist, a sort of televisual grandson of The Incredible Hulk, is « a metaphor for the anger in adolescent boys, their struggle to control it.»  Mais en même temps, le fait est qu’il ait de plus en plus de difficulté à se contrôler et lorsque le premier et le second épisode se concluent sur ces crises afin de créer une tension, c’est que forcément, ces pouvoirs doivent aussi faire partie intégrante du récit. C’est justement là où le bât blesse. Ces trois chapitres sont accompagnés de la narration de Faith qui revient sur les éléments qui se sont déjà déroulés et auxquels les téléspectateurs assistent. La demi-sœur parle de Him toujours au passé et nous annonce que sa famille aurait dû porter attention aux signes avant-coureurs, comme si une tragédie était imminente.

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C’est le fait d’avoir monté les enchères à ce point au niveau du volet science-fiction qui en définitive fait le plus de mal à HIM. Au troisième épisode, il avoue tout à son psychologue Ross (Alex Newman) et ce dernier l’amène voir une spécialiste de la télékinésie un peu trop obsédée par son travail (en gros, elle veut exhiber son nouveau patient comme une bête de foire), mais rien de concret ne ressort de cette rencontre. Puis, les choses vont de plus en plus mal et il décide tout simplement de les quitter tous avec une seule lettre à chacun comme mot d’adieu. Le montage final est assez risible : on voit la famille d’Edward et celle de Hannah filer le parfait bonheur, impliquant par là que c’est une bonne chose qu’il ait fugué. Tout le monde semble s’en porte mieux, d’autant plus qu’aucun d’entre eux ne semble motivé à retrouver sa trace… sauf Faith qui découvre qu’il travaille maintenant dans un cirque et qu’il rend les gens heureux. Vraiment ? Tout ça pour ça ? On est surtout déçu du fait qu’en fin de compte, on aura mal agencé les deux prémisses : il aurait fallu soit que les pouvoirs aient éventuellement une incidence sur son monde, soit tout simplement qu’il n’en ait pas et que l’on se concentre seulement sur les relations troubles entre ces êtres. On ne manquait pourtant pas de matériel à ce sujet.

Le premier épisode de HIM a attiré de 3,9 million de téléspectateurs, se classant ainsi au 18e rang de la chaîne dans la semaine du 17 au 23 octobre. Par contre, les deux épisodes suivants ne se sont pas classés dans le top 30 et ont rassemblé moins de 3 millions en auditoire. Prochaine série écrite par Paula Milne : la coproduction The Same Sky, un drame familial se déroulant dans le Berlin divisé des années 70. À suivre.


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