J'ai découvert Philip Roth avec "Pastorale américaine", sixième roman du cycle de Nathan Zuckerman mais qui peut tout à fait se lire de façon indépendante, ce que j'ai d'ailleurs fait au début des années 2000. Ce bouquin-là reste à mes yeux ce que j'ai lu de mieux de l'auteur.
Toutefois, à l'image de ce que je suis également en train de faire avec Jim Harrison, j'essaye de lire les livres de Roth dans leur ordre chronologique ou à peu près. Au menu donc : "Goodbye Columbus", un recueil de six nouvelles écrites entre 1957 et 1959.Dans cette édition de poche Folio Gallimard traduite par Céline Zins, le Roth moderne (de maintenant) se penche sur ces textes de jeunesse dans une préface en forme de mea culpa. Dans ces feuillets qui précèdent les six textes, il y annonce avec une fausse modestie typique combien ces nouvelles sont imparfaites et un reflet de ce qu'il ne faut pas faire quand on écrit. Il va sans dire que beaucoup d'auteurs aimeraient mal écrire comme Roth. Néanmoins, il n'a pas tout à fait tort : certaines de ces nouvelles sont maladroites et relèvent plus du tâtonnement d'un auteur qui cherche sa voix et non de l'oeuvre majeure comme il en écrira par la suite. Pourtant déjà on trouve dans ces textes les thèmes chers à Roth qu'il n'aura de cesse d'explorer plus profondément ensuite : la place du juif dans l'Amérique de l'après guerre et la place du sexe dans la vie d'un homme, juif de surcroît. Ceux qui ne connaîtraient pas Roth pourraient être refroidis par ce programme et encore une fois, ces nouvelles ne constituent pas ses meilleurs textes. Toutefois, la seule nouvelle "Défenseur de la foi" mérite à elle seule la lecture de ce recueil. Dans ce texte qui place la question de la religion juive dans l'armée de l'oncle Sam, on retrouve déjà l'humour corrosif et fin, le regard critique et aiguisé d'un grand écrivain en devenir. Les autres textes m'ont moins marqué. Cependant, il faut lire ce recueil comme ce qu'il est : les premiers essais littéraires d'un auteur majeur de la littérature mondiale moderne. Et qui plus est, un auteur qui est retraité depuis 2012.
