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Journalistes et vignerons : le dialogue impossible?

Publié le 23 juin 2008 par Findawine

Entre critiques et vignerons la communication a parfois du mal à passer, c’est le moins qu’on puisse dire après avoir lu l’article de Christine Ontivero qui s’insurge contre le refus de certains Domaines d’envoyer des échantillons aux journalistes. Il y a là un vrai débat : petit rappel des arguments et enjeux.

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La position des journalistes et critiques :

Christine Ontivero dénonce les vignerons qui ne répondent pas aux appels à échantillons (qui sont la norme, dans la filière), « soit par paresse, soit parce qu’ils sont convaincus que, de toutes façons, les journalistes parleront d’eux tellement ils sont au-dessus des autres ! ». Les échantillons pour les journalistes sont un moyen d’avoir un aperçu des produits et de les commenter dans leurs articles ou guides sans avoir à se déplacer.

Pourtant, les producteurs préfèrent souvent laisser les journalistes venir déguster sur place « dans un contexte privilégié », les forçant ainsi à « rentrer dans leur jeu ». La solution, toujours selon l’auteur de l’article, serait donc de ne pas mentionner les producteurs qui n’envoient pas leurs échantillons de façon à les obliger à rentrer dans le rang.

La discussion (débat ?) se poursuit chez les journalistes et critiques, notamment avec François Mauss, et Michel Smith.

Selon le Président du Grand Jury Européen, les magazines comme le Point qui publient une partie « Vins » deviennent ainsi de véritables concurrents face aux journaux spécialisés comme la RVF. Ces critiques viticoles professionnelles doivent ainsi impérativement traiter de l’information « à la mode », parler par conséquent de ces viticulteurs stars. Ce sont justement ces viticulteurs stars qui sont dénigrés par Christine Onvitero dans son article.

Pour sa part, Michel Smith assure que « pour beaucoup, les “grands” vins ne sont que des étiquettes, et dans ce cas, on juge des noms, au point d’en oublier le vin ». Michel Smith nous fait comprendre que ces viticulteurs craignent que leurs produits soient comparés, car leur renommée est souvent supérieure à leur qualité.

Quelques nuances : Ce que veulent les vignerons :

Premièrement, il faut prendre en compte le fait que les producteurs n’aiment généralement pas envoyer des échantillons car ils ne contrôlent plus totalement la qualité et la façon dont est conditionné leur produit. Un échantillon peut, avec le transport, ne plus représenter le vin tel que le producteur le veut, même s’il se rapproche du coup de ce que le consommateur va acheter et déguster.

Deuxièmement, certains Domaines ont certainement des stratégies de communication différentes. L’article de François Mauss met ce phénomène en avant : « un beau paragraphe dans le Monde, le Figaro, le Point, l’Express a plus de poids que deux pages dans la RVF ». Voilà peut-être ce que recherchent les producteurs fustigés dans l’article, quitte à délaisser les journalistes spécialisés pour jouer « plus gros ».

Troisièmement, je pense que dans certains cas, le vin est considéré comme un produit de luxe, et par conséquent on achète un peu de rêve et aussi d’histoire. Les grands couturiers n’envoient pas des échantillons de leurs créations, et les journalistes sont présents aux défilés. Comme le créateur, le producteur veut raconter son histoire, mettre sa mise en scène, faire défiler ses crus pour les montrer sous leur meilleur éclairage.

Toujours est-il que ça ne nous prémunit pas contre le comportement des vignerons stars décriés par Christine Ontivero qui se contentent de laisser les critiques choir toutes crues dans leur bec, et se dispense de toute communication voire de sympathie.


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