Titre : Winter Road
Tome : One Shot
Scénario et dessins : Jeff Lemire
Editions : Futuropolis
Année : 2016
Nombre de page : 272
Résumé :
L’histoire se déroule durant l’hiver canadien, dans une ville paumée de l’Ontario.
Derek, qui a gâché son avenir prometteur de hockeyeur professionnel, passe ses journées entre le restaurant où il est cuisinier, et le bar où il se soigne aux filles, au whisky et aux bagarres.
Le temps est gris comme son humeur, aucune raison que cela ne change … jusqu’à l’arrivée de sa sœur, qui fuit un mari violent. Une interruption qui va tout changer. Saura-t-il saisir cette seconde chance ?
Mon avis :
Dans le thème du mois « Neige », « Winter Road » (route hivernale en français) nous transporte d’emblée sur ces routes qui restent enneigées et gelées pendant les longs mois typiques de l’hiver canadien.
La BD est d’abord servie par de très beaux dessins au crayon et aquarelle. Jeff Lemire arrive à apprivoiser tous les tons de gris pour nous emmener dans ce pays où le soleil ne se lève jamais vraiment pendant plusieurs mois, avec des paysages blancs infinis et un ciel monochrome mais loin
d’être uniforme. Et cela met d’autant plus en valeur les quelques couleurs présentes au long de ce one shot, le rouge du sang et les flashbacks.
Coté histoire, elle est aussi sombre que les décors sont blancs. L'auteur nous fait vivre pleinement la vie dissolue du héros puis sa quête de rachat. Le scénario fonctionne parfaitement et tient en haleine jusqu’au dénouement final.
La couverture, première impression :
Livre volumineux, épais et lourd. Le papier des pages est épais, agréable à manipuler.
La couverture cartonnée, montre un homme amoché dans une forêt de bouleaux façon barreaux de prison.
Le thème s’annonce sombre et glacial, et correspond bien au contenu.
Le dessin, le style, les mise en scène et les effets :
Les décors de ce territoire perpétuellement enneigé, gris et froid sont parfaitement réalisés, on s’y croit vraiment. La monochromie immerge également le lecteur dans la vision de Derek, lui-même dans un espèce de brouillard mêlé de vapeurs d’alcool et de manque de sommeil. La seule couleur est celle du sang qui gicle des visages et qui macule ses poings. Le résultat est prenant et oppressant.
Aussi l’apparition de quelques notes de couleurs lors des flashbacks est d'autant plus frappante et bienvenue pour le lecteur.
Les pages varient adroitement actions, dialogues, paysages. Les planches se passent souvent de mot, la structuration des cases suffit à la compréhension.
J'ai beaucoup aimé les la manière dont les impressions de mouvement, de vitesses sont retransmises.
J'ai particulièrement apprécié la sensation d’immensité des paysages de plaines et de forêt, le silence que seul le bruit caractéristique des pas dans la neige vient rompre.
Le scénario, le découpage :
Le scénario bien construit nous emporte jusqu'à la dernière page d'une traite.
Le découpage en parties successives permet de découvrir progressivement chaque personnage et de bien approfondir leur histoire.
Les 172 pages sont denses et bien exploitées, elles tiennent en haleine le lecteur jusqu’à la dernière page, dont le dénouement reste blanc et noir comme le reste.
Le mot de la fin :
Voici un récit sombre qui nous plonge dans l'univers enneigé, glacial et morne de l'hiver canadien.
Roman graphique noir, il tient le rythme, et le soulagement n'intervient qu'une fois le livre refermé.
Un ouvrage à découvrir de toute urgence.
Bonne lecture.
Martin
Inscrivez vous à notre newsletter :