J’ai un peu délaissé ces derniers mois, je l’avoue, la rédaction de nouveaux articles pour mon blog « Petites et Grandes Histoires de Voyance et de Médiumnité ». Peut-être parce que j’avais le sentiment d’avoir parlé de beaucoup de choses au sujet de mon métier de voyante dans les pages de mon livre « Journal d’une Voyante », et que j’ai eu besoin d’une période de décompression et de silence, afin de me recadrer, et de retrouver l’envie et le besoin d’écrire.La libération hier de Jacqueline Sauvage et sa sortie de prison, le fait que cette femme puisse enfin retrouver ses filles, ses petits enfants, le sentiment que finalement une forme de justice (sans le grand J des Tribunaux, mais avec le petit j de la justice humaniste, de ce qui est juste) était enfin passée, m’a rappelée toutes ces femmes battues, violentées qui un jour m’avaient consultée.J’ai moi-même subi la violence d’un homme, un homme avec lequel j’ai vécu, j’ai connu les non-dits, la honte, et les journées cachée derrière de grandes lunettes de soleil pour cacher les bleus de ses coups. Je n’ai pas porté plainte, je me suis tue, mais cette expérience personnelle m’a apportée une tolérance (et une compréhension) vis-à-vis des femmes battues que je n’avais certainement pas avant d’avoir croisé les poings de ce bourreau.Que recherche une femme battue lorsqu’elle consulte une voyante ?
La violence conjugale - Vais-je enfin être libérée de cet homme ?Le bourreau est le mari, le compagnon. Elles vivent encore sous le même toit que lui, ou l’ont quitté, et n’ont qu’un espoir : pouvoir enfin se débarrasser définitivement de cet homme qui les bat, les humilie, les rudoie.Il m’est même arrivée de sourire quand une de ses femmes me supplie : « Dites moi qu’il va mourir ? Attraper une maladie incurable ? Est-ce qu’une autre femme va le récupérer ? Vous ne le voyez pas avoir un accident de voiture ? ».Oui beaucoup de ses femmes m’ont consultée, parfois en tentant de dissimuler ce qu’elles vivaient dans leur foyer, mais la violence conjugale est quelque chose qu’on capte très bien en voyance.Certaines de mes consultantes ont choisi de partir vivre très loin de leur bourreau, d’autres ont espéré que des mesures restrictives allaient enfin les tenir hors de cette violence.Certaines de mes consultantes ont repris la vie commune avec leur mari violent, et une de mes consultantes a préféré se suicider plutôt que d’en supporter plus. C’est d’elle dont j’ai envie de vous parler.Elle est souvent venue me voir, toujours au sujet de son mari, pervers narcissique. Quand elle a rencontré cet homme et qu’elle m’a montré sa photo la première fois, j’ai vu comme un grand voile noir sur le visage de celui-ci et j’ai senti des douleurs insupportables au niveau de mes côtes. J’ai jeté la photo par terre et lui ai fermement dit « Surtout ne l’épousez pas ! ».Elle l’a bien entendu épousé, elle en était très amoureuse, et je ne l’ai pas revue pendant plusieurs années.La violence familiale - Va-t-il payer pour ce qu’il m’a fait ?On revient à la question de la Justice, celle des Tribunaux, celle des services de Police.Une fois la femme hors d’atteinte, ou en rupture avec son bourreau, ce dernier va-t-il être condamné pour ce qu’il a fait ? Va-t-on estimer, quantifier sa faute ?La société va-t-elle acter de ce que cette femme battue a enduré ?Beaucoup de femmes m’ont interrogée à ce sujet : « Le voyez vous faire de la prison, être condamné à des dommages et intérêts ? Est-ce que cela figurera à son casier judiciaire ? »Il y a bien sûr aussi un souci de vengeance, de rendre les coups d’une autre manière.
Un jour, elle reprend rendez-vous avec moi, je suis frappée par sa maigreur, par ses gestes saccadés, par son regard qui ne soutient plus le mien. Et la consultation de voyance n’a plus rien d’affective. Elle se met à pleurer dans mes bras, soulève son tee-shirt et je découvre ainsi les bleus sur son torse. Elle a porté plainte, elle est partie, il l’a convaincue de revenir, plus personne de son entourage ne la soutient ne soulignant que sa faiblesse et son manque de caractère. Je vais ainsi suivre son parcours d’épouse battue durant de longues années et je sais qu’un jour la mort lui semblera la seule libération possible. Un jour elle m’avait dit : « Seul un océan immense pourra absorber toutes ces larmes, tout ce sang ». C’est ce qu’elle a fait, elle s’est volontairement noyée.
Mais la Justice ne passe pas toujours. La consultation m’ayant le plus marquée en ce sens est celle d’une mère avec ses enfants tous cinquantenaires. Après des années de silence et de cohabitation avec leur bourreau (il battait la mère et avait violé chaque enfant, dont le fils), la famille avait saisi ensemble la Justice, avait enfin été à la Gendarmerie porter plainte.Aujourd’hui je pense à toutes ses femmes, je pense à celle qui a fui en Bretagne et qui y vit anonymement, je pense à celle qui a du quitter son commerce dans le Sud de la France et repartir de zéro, je pense à celle à qui le mari interdisait de défaire les cartons de déménagement sous peine de coups, je pense à celle dont le mari avait payé un tueur à gages pour éliminer l’épouse qui l’avait quitté, je pense à toutes ces femmes dont j’ai partagé le secret.Et j’envoie une douce pensée à Jacqueline Sauvage.
Je me souviens de leurs visages quand tous assis face à moi je dus leur affirmer que cet homme ne ferait jamais de prison, et qu’il resterait libre, en toute impunité. Effectivement, les délais de prescription et l’absence de plaintes antérieures ont abouti au classement de l’affaire sans suite. Et l’homme est mort depuis, mais de vieillesse.