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Les fleurs du bien, de Yano Las

Publié le 01 janvier 2017 par Francisrichard @francisrichard
Les fleurs du bien, de Yano Las

Pour une fois, il me faut me livrer à une sainte-beuverie, et ne pas être trop prousto-rigide...

La poésie de Yano Las est tellement liée à sa propre vie qu'il est difficile de l'ignorer si l'on veut la comprendre. Ce n'est pas que sa poésie soit inaccessible, au contraire, elle s'énonce clairement et, pour poétiser, les mots lui viennent aisément. Mais elle prend une plus grande résonance quand on en a connaissance, celle-ci expliquant celle-là.

Par loyauté envers sa mère, morte alors qu'elle était adolescente, Yano Las, autant fascinée par les mathématiques et les lettres, les langues, qu'intéressée par le cosmos, l'espace, est devenue ingénieur, a fait une thèse de doctorat en physique, a été brièvement ingénieur de production, puis s'est définitivement consacrée à l'éducation de ses enfants.

Yano Las ne cache donc pas ce que fut sa vie avant d'être poétesse, une fois ses enfants élevés. Au tout début du recueil, Les fleurs du bien, elle livre quelques mots-clés: une vie, un rêve, un destin, une philosophie, qu'elle met en poésie comme d'autres les mettraient en musique. Ces correspondances baudelairiennes ne le sont pas seulement par le titre...

Une vie?

Au sein de chaque science

Soupire une poésie

Un rêve?

Femme d'engagement, d'idées, j'ai fait le rêve éveillé, candide et puéril, d'oeuvrer pour un monde meilleur, civilisé et sécuritaire, dont la vertu est l'essence, un monde mauve, couleur fauve.

Un destin?

En Islam, seule la souffrance est féconde.

Une philosophie?

Vivre est un acte d'amour, s'il ne l'est pas il n'est qu'existence.

Après avoir parlé de sa vie, Yano Las parle de sa poésie et de sa science, et des rapports que l'une et l'autre entretiennent entre elles, sans trancher pour savoir si c'est l'une qui engendre l'autre ou l'inverse, un peu comme la question insoluble de la poule et de l'oeuf. Quoi qu'il en soit, sa seule bulle de liberté possible est leur alliance féconde.

Cette grille de lecture une fois dressée facilite l'accès à la poésie de Yano Las. Le lecteur n'a plus aucune excuse pour ne pas en apprécier la musique et la profondeur. Il ne lui reste plus qu'à se laisser bercer par les mots qui coulent en profusion et en fusion sous la plume de la poétesse et à laisser pénétrer son âme par les sens qu'elle leur donne.

Comment rendre compte du bonheur que procurent de tels poèmes qui, lus en tout début d'année, sont comme les signes que celle-ci ne peut être que prometteuse? Eh bien, en en citant, même sortis de leur contexte, quelques extraits qui en illustrent les mots-clés, lesquels sont autant de sésames pour en faire jouer les serrures et en ouvrir les portes.

Une vie

Il est des jours où je m'aime

Ou simplement voudrait qu'on m'aime

La mort se languit de la vie

Et la vie est un poème

Un rêve

Ne pas rêver sa vie mais plutôt vivre ses rêves

Voilà ce qui est permis quand on survit humilié

Penser à chaque conflit à préserver une trêve

Il vaut mieux vivre digne que mourir oublié

Un destin

Car la foi est une larme

Dont le silence est une arme

L'esprit s'émeut, s'exclame

Quand le coeur pleure, s'alarme.

Une philosophie

Je me suis réveillée un matin

En vrai flacon d'amour brisé

J'aimais l'humanité sans fin

Jamais je ne l'aurais cru, osé 

Francis Richard

Les fleurs du bien, Yano Las, 150 pages Éditions Aile de May


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