Les scientifiques du Scripps (Floride) font ici une découverte qui pourrait permettre de vaincre la résistance au traitement de la plupart des cancers agressifs de la prostate : il s’agit de cibler de nouveaux composants du circuit de signalisation cellulaire qui stimule cette résistance thérapeutique dans le cancer de la prostate. Leurs travaux publiés dans la revue Molecular Cell confirment que cibler certaines composantes de ce circuit stoppe bien le développement avancé du cancer de la prostate.
Le cancer de la prostate affecte un homme sur 6 au cours de la vie et est la deuxième cause de décès après le cancer du poumon chez les hommes. Son traitement, de première intention, est de priver le cancer de sa source d’énergie, les hormones androgènes comme la testostérone. Malheureusement, presque tous les patients finissent par développer une résistance à cette thérapie.
L’équipe identifie un circuit de signalisation capable de déclencher la croissance des cellules tumorales et d’entraîner et expliquer cette résistance thérapeutique dans le cancer de la prostate avancé. Cette voie de signalisation est décrite comme » à activité constitutive « , c’est-à-dire qu’elle n’exige aucun agent de liaison (ou ligand) pour s’activer ; en bref ce circuit de signalisation s’active continuellement. Composé d’un complexe protéique IκBα / NF-κB (p65) et de plusieurs autres molécules, ce circuit en contrôlant l’expression des facteurs de transcription des cellules souches va également favoriser la croissance de ces cellules cancéreuses résistantes.
Cibler d’autres composantes de la voie de signalisation :la protéine NF-kB est déjà bien connue pour son rôle important dans le développement du cancer et est déjà considérée comme l’une des cibles les plus importantes, cependant, l’utilisation d’inhibiteurs de NF-kB est compliquée par des effets secondaires sévères liés à une immunosuppression provoquée par une inhibition indiscriminée de NF-kB dans des cellules immunitaires normales. Il s’agirait donc de cibler plutôt les autres composants non-IκBα / NF-κB dans ce circuit de signalisation afin d’éviter la suppression de NF-κB dans les cellules immunitaires normales.
3 nouvelles cibles prometteuses : En plus de IκBα / NF-κB, le circuit de signalisation comprend les microARN miR-196b-3p, Meis2 et PPP3CC :
- miR-196b-3p favorise le développement de la tumeur,
- Meis2, un gène de développement essentiel peut perturber le circuit lorsqu’il est surexprimé.
- Enfin, la protéine PPP3CC peut inhiber l’activité de NF-kB dans les cellules de cancer de la prostate.
Cibler l’un de ces agents pourrait donc permettre de bloquer la voie de signalisation responsable de la résistance au traitement. Un très grand espoir, donc, pour vaincre cette résistance si fréquente du cancer de la prostate avancé.
Source: Molecular Cell 29 December 2016 DOI: 10.1016/j.molcel.2016.11.034 A Constitutive Intrinsic Inflammatory Signaling Circuit Composed of miR-196b, Meis2, PPP3CC, and P65, Drives Prostate Cancer Castration Resistance
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