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Je vois des formes qui n'existent plus, suivi de, Moonlight S., de Rodolphe Petit et Élise Gagnebin-de Bons

Publié le 08 janvier 2017 par Francisrichard @francisrichard
Je vois des formes qui n'existent plus, suivi de, Moonlight S., de Rodolphe Petit et Élise Gagnebin-de Bons

Art ou fiction? Les deux. Comme le nom de la maison qui édite cet ouvrage en deux volumes, l'un, littéraire, étant le contrepoint de l'autre, artistique.

Je vois des formes qui n'existent plus est le texte, écrit noir sur blanc, avec une composition visuelle des phrases, poétique au fond, sans pagination, et une couverture blanche; Moonlight S. est la fresque, en noir et blanc, pliée pour faire un livre, avec une couverture noire.

Le texte est dû à la plume de Rodolphe Petit, la fresque au pinceau d'Élise Gagnebin-de Bons. Le premier comme la seconde sont inclassables et défient la raison pure. Alors il faut se contenter de la raison pratique et tenter de les prendre l'un après l'autre, tout en sachant que leur sort est lié, sinon relié, puisqu'ils ont leur autonomie...

Le narrateur de Je vois des formes qui n'existent plus se souvient. D'abord de la salle de bains de son enfance. Vingt ans après. Puis de la maison où se trouvait cette salle de bains. Enfin de la forêt de résineux et des deux montagnes en surplomb, qu'il observait de la fenêtre... Et de formes qui n'existent plus...

Il se met à marcher sans savoir où. Se souvenant, chemin faisant, des rêves freudiens qui le tourmentent. Il va ainsi de la gare au village, distant de 2 km, en faisant des détours, par une friche où se trouve un hangar déserté, par une prairie, par une colline, par un verger, par une ferme, par une châtaigneraie qui lui rappelle son père...

Au bout d'une heure, il parvient à

un cylindre

de pierre foncé

C'est une tour. Et, comme la porte n'est pas verrouillée, il entre, par désoeuvrement. Il monte dans les étages de cette tour, qui n'est pas inhabitée comme il le croyait. La promenade du rêveur solitaire subit une inflexion:

Je bute soudain contre quelque chose de mou

et bascule en avant

puis cogne violemment le sol

avec la tête je crois

et puis

plus rien,

enfin je crois

Quand il reprend conscience et quand il découvre sur quoi il a buté, le récit vire au thriller:  il est entraîné dans de curieux méandres, où jouent un rôle un fille au ruban, qu'il a croisée plus tôt alors qu'elle montait un cheval, et un homme à l'énorme veine vermiculaire. Il va dès lors de surprise en surprise et le dénouement est le clou de l'histoire...

Moonlight S. est une fresque qui se présente comme un dépliant. Il faut tourner les pages pour la dérouler. Les dessins de deux chiens, siamois semble-t-il, peu à peu, se colorent de noir jusqu'à disparaître complètement. Puis du blanc réapparaît peu à peu. Il y a une tentative d'inversion, fugitive. Mais le noir reprend le dessus...

Une nouvelle tentative du blanc se traduit par un nouvel échec. Le noir semble vainqueur. Puis le blanc réapparaît par touches successives. Il faut attendre la fin du volume pour savoir s'il va finalement l'emporter.

La fresque est bien le contrepoint du texte qui va de rebondissement en rebondissement, après que le narrateur a buté sur quelque chose de mou. Sera-t-elle finalement tout blanc ou tout noir? ou un peu des deux?

Francis Richard

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