
Jean-Emmanuel Ducoin bat en brèche les images préconçues sur Saint-Denis. D’abord parce que ses personnages, loin du communautarisme qu’on nous vend à longueur de JT, se mélangent, et interagissent sur leurs vies respectives. Ensuite, parce que le livre ne nie aucun des problèmes: ni la pauvreté, ni les marchands de sommeil, ni le racisme, ni la drogue, ni même l’existence d’islamistes radicaux. Mais il explique aussi et surtout ce qui unit les bonnes volontés dans cette ville; la solidarité, l’entraide, le partage, l’envie de construire un monde meilleur. Chacun des personnages a une réflexion sur ce monde qui l’entoure, sur ces quartiers relégués par la République. La réflexion est parfois douce-amère, parfois désespérée. Ali, un des personnages, lance ainsi, à propos des choix politiques sur nos banlieues: «Ils ne parviennent pas à comprendre que si la République ne passe pas à Saint-Denis, elle ne passera plus nulle part.» On ne saurait mieux dire. Caroline Constant