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CANNABIS : Un état de la preuve scientifique sur ses risques comme sur ses bénéfices – The National Academies of Sciences, Engineering and Medicine

Publié le 14 janvier 2017 par Santelog @santelog


CANNABIS : Un état de la preuve scientifique sur ses risques comme sur ses bénéfices – The National Academies of Sciences, Engineering and MedicineC’est un nouveau rapport des Académies américaines des sciences, de l’ingénierie et de la médecine qui nous apporte un examen rigoureux et actualisé des données scientifiques publiées depuis 1999 sur les effets du cannabis, ses produits dérivés et ses composés chimiques actifs (cannabinoïdes). D’effets thérapeutiques aux risques de cancers, de troubles de la santé mentale et de blessures, cette analyse de plus de 10.000 résumés scientifiques et aux plus de 100 conclusions majeures, a le grand intérêt de non seulement de préciser les preuves disponibles mais d’appeler à de nouvelles recherches, alors que les contextes de consommation, récréatif et thérapeutique évoluent rapidement.

La légalisation est en marche, de plus en plus d’États ou pays légalisent le cannabis pour le traitement de plus en plus nombreuses affections médicales et l’usage récréatif se développe aussi. Marie McCormick, présidente du comité d’experts de la Harvard T.H. Chan School of Public Health resitue ainsi le contexte de cette méta-revue de la littérature, l’importance d’actualiser les connaissances sur le sujet mais aussi de poursuivre les recherches : car, si l’usage médical du cannabis est devenu une réalité pour les patients comme pour les médecins et professionnels de santé, en particulier américains, cette réalité devance aujourd’hui de loin et pour différentes raisons, la recherche scientifique et médicale. Ensuite, si l’utilisation du cannabis et de ses dérivés ont ouvert un certain nombre de promesses thérapeutiques, la prévalence croissante de cet usage soulève tout de même quelques problèmes de santé publique. L’objectif du groupe d’experts étaient donc d’établir fermement l’état de la science et de mettre en évidence les domaines qui nécessitent encore un examen plus approfondi.

Le contexte de l’étude, américaine, est évidemment propice et stimulant : plus de 20 millions d’Américains âgés de 12 ans et plus ont consommé du cannabis au cours des 30 derniers jours, 90% de ces utilisateurs déclarent un usage principal récréatif, 10% seulement exclusivement thérapeutique. Aux Etats-Unis, toujours, le taux d’utilisation du cannabis est passé, de 2002 à 2015 de 6,2% à 8,3%. Enfin, cet usage américain de plus en plus généralisé constitue pour les pays aux usages moins avancés, une source précieuse d’enseignements.

Un point sur les principaux effets thérapeutiques :

  • La douleur : une des indications majeures du cannabis et des cannabinoïdes est la prise en charge de la douleur chronique chez l’adulte. Le comité confirme l’existence de preuves d’efficacité du cannabis ou des cannabinoïdes à permettre une réduction significative des symptômes de douleur.
  • La SEP : chez les adultes atteints de spasmes musculaires liés à la sclérose en plaques, les preuves d’efficacité de l’utilisation à court terme de certains  » cannabinoïdes oraux  » sont également considérées comme substantielles. Ces médicaments oraux (Sativex®) permettent bien de réduire les symptômes signalés.
  • Nausées et vomissements : chez les adultes souffrant de nausées et de vomissements induits par la chimiothérapie, il existe des preuves également  » concluantes  » de l’efficacité de certains cannabinoïdes dans la prévention et le traitement de ces effets.

Un risque non négligeable de blessures et de décès : l’utilisation du cannabis avant la conduite augmente le risque d’accident de la route. Les données sont là et dans les États américains qui ont légalisé l’usage récréatif, l’incidence des accidents, comme celle des overdoses de cannabis par ingestion accidentelle- chez les enfants est confirmée. L’ingestion est en effet la voie la plus fréquente d’exposition pédiatrique.

Et de cancer : Si les experts signalent des preuves scientifiques qui suggèrent que fumer du cannabis n’augmente pas le risque de cancers souvent associés au tabagisme, tels que les cancers du poumon et de la tête et du cou, il existe néanmoins des preuves, certes limitées, du lien entre l’utilisation du cannabis et un sous-type de cancer du testicule. En revanche la preuve est insuffisante pour suggérer que l’utilisation du cannabis par une mère ou un père pendant la grossesse conduit à un risque accru de cancers chez l’enfant.

Crise cardiaque, AVC et diabète ? D’autres recherches seront nécessaires pour préciser et confirmer ces risques, même si quelques éléments suggèrent que fumer du cannabis peut déclencher, dans de rares cas, une crise cardiaque.

Problèmes respiratoires ? Fumer régulièrement du cannabis est bien associé à des épisodes plus fréquents de bronchite chronique et à des symptômes respiratoires accrus, dont la toux chronique et la production de flegme. Mais ces effets semblent réversibles et disparaissent généralement en cas d’arrêt d’utilisation. Le lien est donc jugé peu clair, en l’état par les experts, y compris avec la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), l’asthme ou, tout simplement une mauvaise fonction pulmonaire.

Immunité : il n’existe pas de données sur les effets du cannabis ou des produits thérapeutiques à base de cannabinoïdes sur la réponse ou le système immunitaire. Aucune preuve non plus sur une association entre l’usage de cannabis ou de cannabinoïdes et des effets indésirables sur l’état immunitaire des personnes séropositives. Seules des preuves limitées suggèrent qu’une exposition régulière à la fumée du cannabis peut avoir une activité anti-inflammatoire !

Santé mentale : oui, l’usage du cannabis risque d’accroître le risque de développer la schizophrénie, d’autres psychoses et certains troubles d’anxiété sociale, et dans une moindre mesure la dépression. Cependant, chez les personnes atteintes de schizophrénie et d’autres psychoses, les antécédents de consommation de cannabis apparaissent liés à une meilleure performance dans les tâches d’apprentissage et de mémoire. Enfin, les usagés intenses de cannabis sont plus susceptibles de signaler des pensées de suicide que les non-utilisateurs, et chez les personnes atteintes de trouble bipolaire, les usagers réguliers peuvent présenter des symptômes accrus vs non-usagers.

Problème de consommation et  » dépendance  » :La preuve suggère en effet qu’une fréquence accrue de consommation est liée à un risque accru de développer un problème de consommation de cannabis. Expérimenter le cannabis à un âge plus jeune augmente également la probabilité de développer c problème de consommation.

Cannabis et abus d’autres substances : si les preuves sont limitées sur l’influence de l’utilisation du cannabis sur l’expérimentation d’autres substances, dont le tabac, il existe des preuves modérées pour suggérer qu’il existe un lien entre l’usage du cannabis et le développement d’une dépendance aux substances comme l’alcool, le tabac ou d’autres drogues illicites. (Rappelons seulement cette étude qui envisage son usage pour lutter contre la toxicomanie…)

Bien-être psychosocial : l’apprentissage, la mémoire et l’attention peuvent être altérés immédiatement après l’usage du cannabis : les experts citent des preuves limitées de déficiences cognitives dans ces domaines chez les personnes qui ont arrêté de fumer du cannabis. Cependant, la preuve manque sur un effet néfaste possible sur les résultats scolaires et des études, ainsi que sur les relations et positions sociales. Mais les chercheurs rappellent qu’au cours de l’adolescence période de développement du cerveau et de la cognition, l’expérimentation du cannabis et sa consommation peuvent freiner ce développement cognitif. Le comité a également trouvé des preuves limitées d’une association entre l’utilisation du cannabis et l’augmentation des taux de chômage et de faible revenu.

Exposition prénatale, périnatale et néonatale : cette exposition du fœtus et du bébé n’est pas dénuée de dangers pour sa santé : fumer du cannabis pendant la grossesse est lié à la baisse du poids de naissance, mais, concernant d’autres résultats évoqués, sur l’exposition in utero et durant l’enfance, les données de la littérature ne sont pas claires.

Enfin, les chercheurs rappellent les obstacles à la conduite de recherches plus amples sur le cannabis et les cannabinoïdes, sur leurs effets nocifs autant que bénéfiques, dont les limitations réglementaires dont fait partie la classification du cannabis en tant que  » substance « . Les chercheurs rencontrent de grandes difficultés à accéder à la quantité, à la qualité et au type de cannabis nécessaires pour répondre à des objectifs de recherche spécifiques…

Source: The National Academies of Sciences, Engineering and Medicine January 12, 2017 The Health Effects of Cannabis and Cannabinoids: The Current State of Evidence and Recommendations for Research

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