Le mois de janvier est à moitié engagé, et, avec lui, les primaires de la Belle Gauche Populiste qui ont largement mobilisé la presse qui… Ah, tiens, non, finalement, tout le monde s’en fiche.
Il faut dire qu’il y a un peu de quoi.
Soyons lucides : il est assez difficile de s’enthousiasmer pour la brochette de perdants qu’on nous propose. Je dis « perdants », parce que tous portent la déroute sur eux : quand il y a bien une idée, leurs discours empestent la naphtaline, et pour le reste, c’est l’odeur d’ozone qui surnage nettement, caractéristique des photocopieurs qui tournent à plein régime.
Tout le monde, à commencer par les journalistes, s’est profondément ennuyé à regarder un premier « débat » qui ressemblait plus à une collection triste de monologues entre vieilles dames, dans un salon de thé à Dunkerque, un jour de semaine pluvieux. Le débat suivant, à peine plus animé, n’a pas semblé relever le niveau. Si le troisième est de la même trempe, le seul bruit qui pourrait le troubler sera, au mieux, celui de l’horloge comtoise qui égrainera les secondes ou, au pire, celui de la détonation du Colt 1911 que l’un ou l’autre socialiste se sera fourré dans la gorge pour en finir une fois pour toutes avant l’oubli définitif.
Et toujours à propos de suicide, la pudeur imposera d’oublier celui des chaînes qui doivent retransmettre cette purge intellectuelle où les âneries des uns et des autres ne sont même pas suffisamment drôles pour constituer une raison de regarder : à moins d’une téléréalitésation de ces débats où (exemple au hasard) Hamon tenterait une drague finaude sur Pinel pendant que Valls se battrait avec Peillon à main nue dans la boue, on peut raisonnablement douter que les chiffres d’audience décollent.
Pendant ce temps, le seul grumeau qui semble se détacher de ce potage fade reste Macron dont les médias sont toujours aussi amourachés. Le petit gars, qui a d’autant plus la niaque que ses vagues concurrents socialistes semblent en état de mort cérébrale, continue un parcours volontairement affiché comme tonitruant.
À tel point que, dans certains journaux, on en arrive à se demander si, quelque part, entre deux repas plantureux et l’une ou l’autre manigance politique dont il a le secret (après tout, Hollande planterait bien Valls avec délectation), celui qui est encore Chef de l’État ne se déciderait pas à annoncer … son soutien à Macron. Ce n’est pas complètement surprenant puisque, finalement, plus le temps passe, plus Macron fait du Hollande dans le texte : absence de programme, pénurie d’idées claires, enfilade de petites phrases, succès presqu’entièrement médiatique et dont l’aspect artificiel n’échappe finalement qu’aux intoxiqués des meetings qu’il organise à grands frais.
L’alternative à peine plus solide consisterait se présenter tout de même, malgré tout, en dépit du reste et pour le Lulz. Mais franchement, personne n’oserait y croire. Ou presque.
En pratique, Macron est plutôt un candidat de centre-gauche, place qu’avait finalement prise Hollande en 2012 après son positionnement socialiste plus marqué en début de campagne. Et tout comme un Bayrou qui a toujours vendu de la tisane tiède (sans sucre, sans conservateur, sans édulcorant, sans vitamine, sans espoir), Macron, pour ratisser aussi large que possible, ne dit finalement rien qui puisse offrir un angle d’attaque.
À tel point que sur son site, on peine sincèrement à trouver une trace de propositions concrètes et chiffrées. On trouve, certes, une demi-douzaine de questions qui turlupinent le Juppé de Gauche, et cette affirmation, faussement rassurante :
« À toutes ces questions, nous devons apporter des réponses neuves. »
Des réponses neuves, ou pas, ce serait chouette, en effet. Mais pas sur le site En Marche (ou alors bien planquées hors de portée de l’internaute lambda). En fait, ces « réponses » sont plus ou moins trouvables dans les entretiens journalistiques, réunions politiques, grands barouds médiatiques et autres résumés synthétiques qu’on trouve un peu partout sur le Web. Pratique : personne n’a alors à tenir de liste de ces propositions claires. Pratique : personne ne pourra tenter de voir s’il y a variation d’un jour à l’autre. Pratique : personne ne saura s’il s’était vraiment engagé sur ceci ou son contraire, ou s’il s’agissait seulement d’une proposition éphémère. En terme de solide, concret, bien délimité, il n’y a rien, absolument rien.
En revanche, à l’instar du site, des grandes et belles phrases d’énarque, creuses et toute pleine d’un souffle qu’on devine exclusivement composé d’air chaud, ça, on en trouve des brouettées bien remplies. Même le programme, les promesses, engagements et propositions de Hollande étaient au moins plus concrètes quand, en 2012, le rescapé des primaires socialistes de l’époque se lançait à l’assaut de l’Élysée.
Néanmoins, la proximité idéologique de Macron avec Hollande ne doit plus faire de doute. On comprend pourquoi le second a suffisamment apprécié le premier pour lui mettre le pied à l’étrier et ô combien sa démission et sa candidature ont dû l’irriter. À présent, si ce soutien de Hollande à Macron n’apparaît pas illogique, il comporte un très gros risque, autant pour Macron que pour tous les petits grouillots socialistes qui tentent actuellement de se faire une place sous les spots médiatiques. En effet, dès que ce soutient devient clair, affiché et actif, ce petit monde est instantanément plongé dans une mouise épaisse et gluante puisqu’il aurait à la fois le pouvoir magique de détourner le peu d’attention médiatique des candidats officiels actuels et de signer l’arrêt de mort de Macron, devenant le digne successeur d’un président parfaitement détesté. Vengeance calculée de Hollande ?
Pendant ce temps et de l’autre côté, à droite, Fillon a décidé de saboter sa campagne en revenant petit à petit sur tout ce qui aurait pu constituer une vraie nouveauté ou une démonstration de courage : ayant utilisé la primaire de droite comme un premier tour, il tente à présent de recentrer son discours pour tenter de gagner de nouveaux partisans. Ce faisant, il dilue passablement une soupe déjà peu épaisse, et risque fort de ne rien gagner dans l’opération.
Autrement dit, pendant que la gauche s’éparpille avec un nombre de candidats ingérables au parfum de losers absolument inamovible, la droite s’enfonce dans le consensus le plus mou dont on fait les défaites les plus amères.
En définitive, on a d’un côté des candidats sans programmes et de l’autre, un candidat qui a passé le sien, déjà pas bien gros, au broyeur de la bien-pensance. Ne reste que les chapelets de saucisses collectivistes de Vladimir Ilitch Mélenchon ou de Marxine Le Pen, dont on sait déjà qu’appliqués, ils propulseraient le pays sur les routes rebondissantes déjà empruntées par le Venezuela, le Zimbabwe, Cuba ou d’autres paradis sociaux-nationalistes rigolos.
On ne peut qu’être empli de désarroi devant un tel vide d’idées, ou, pire encore, le recyclage tambour battant de toutes les vieilles lunes collectivistes, sociales-démocrates ou carrément fascistes qui ont, toutes, largement prouvé leur nocivité. C’est consternant.
En mai 2017, les électeurs vont avoir bien du mal à choisir devant une telle catastrophe politique prévisible puisqu’à ce moment, la France s’apprêtera donc à choisir le successeur du plus mauvais président de toute son histoire. Aussi incroyable que cela puisse paraître, on peut raisonnablement penser, devant le constat effrayant du vide intellectuel qui règne maintenant sur tout l’échiquier politique, que celui qui sera désigné sera peut-être pire que celui qui s’en va.
Ce pays est foutu.
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