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J’ai vécu 17 ans avec un TOC ( Trouble Obsessionnel Compulsif )

Publié le 16 janvier 2017 par Lalutotale @lalutotale
J’ai vécu 17 ans avec un TOC ( Trouble Obsessionnel Compulsif )

J'ai décidé de vous parler d' une chose sur moi que vous ne soupçonnez probablement pas. D'ailleurs il est possible que vous ayez une personne dans votre entourage qui soit atteinte d'un tel trouble sans que vous en ayez connaissance. Avez-vous déjà entendu parler des " TOC "? Savez-vous vraiment de quoi il s'agit? Comment vivre avec une personne " toquée " ( comme le Chapelier ) ? Se débarrasse-t-on facilement d'un TOC ? Si oui, comment ?

Je n'ai pas la prétention de vous fournir toutes les réponses grâce à mon expérience. J'ai juste envie de partager cela avec vous aujourd'hui. Mais aussi de donner un peu d'espoir aux toqués, car oui je me suis débarrassée de mon TOC ( dont j'avais affreusement honte ) mais peut-être l'ai-je remplacé par un autre ? C'est ce que vous allez lire dans les lignes suivantes.... #TeasingDeDingue.

TOC est l'abréviation de :

Avouez que son ptit nom TOC est plus mignon, nan ? 😉 Pour vous éclairer en quelques phrases sur ce qu'est la bestiole, voici la définition de mon ami Wiki :

Le trouble obsessionnel compulsif (abrégé TOC) est un trouble mental caractérisé par l'apparition répétée de pensées intrusives ( les obsessions ) produisant de l'inconfort, de l'inquiétude, de l'appréhension et/ou de la peur ; et/ou de comportements répétés et ritualisés ( les compulsions ) pouvant avoir l'effet de diminuer l'anxiété ou de soulager une tension. Les obsessions et les compulsions sont souvent associées (mais pas toujours) et sont généralement reconnues comme irrationnelles par les personnes sujettes au TOC mais sont néanmoins irrépressibles et envahissantes, diminuant le temps disponible pour d'autres activités et menant parfois jusqu'à la mise en danger. Elles ne se fondent généralement pas sur des interprétations délirantes.Les symptômes peuvent s'exprimer de façon très variable d'un patient à l'autre (incluant phobie de la saleté, lavage des mains, vérifications répétées, obsessions sexuelles).Approximativement, entre un tiers et la moitié des adultes présentant un TOC rapportent que les premiers symptômes sont apparus dans l'enfance.Malgré ces comportements irrationnels, le TOC est parfois associé à une intelligence supérieure à la moyenne.

Ca vous parle certainement plus en lisant ceci non ? Ca ne vous rappellerait pas un certain personnage dans la série ( qui fait toc toc toc justement ) ? Et avez-vous déjà remarqué que Rafaël Nadal se retire la culotte de la raie avant chaque service sur un court ( je sais même pas pourquoi je pose la question) ?

Cependant le TOC que vous connaissez certainement le plus est le lavage des mains. On ne parle pas ici du lavage de mimines systématique quand on sort des wécés ( n'est-ce PAS ?) ou quand on change la couche du gnôme. On cause ici d'une véritable obsession et/ou compulsion qui consiste à se laver les paluches à chaque fois qu'on touche quelque chose que l'on craint contaminé ou sale. Ca peut aller de la simple pièce de monnaie à une poignée de porte ( et pas forcément celle des chiottes )( cqfd ).

Ce n'est pas de ce TOC dont j'ai souffert pendant 17 ans. Mon TOC était beaucoup moins visible que celui-ci, mais également très pernicieux...

Par contre la définition de Wikipédia est très juste dans le sens où il s'agit d'une obsession et/ou d'une compulsion. Dans mon cas, j'estime que c'était à 90% du temps compulsif et le reste était associé à l'obsession. Et effectivement mon TOC est apparu lorsque j'avais 13 ans. Et bien sûr oui : j'ai une intelligence supérieure à la moyenne 😆

J’ai vécu 17 ans avec un TOC ( Trouble Obsessionnel Compulsif )

( on dirait un vieux pote quand j'en parle comme ça...mais oui en fait, c'en était bien un, quand on considère les longues années qu'on a vécues ensemble...)

Mon trouble est apparu lorsque j'avais 13 ans. Peu de temps avant, mes parents m'apprenaient que ma mère souffrait d'un cancer de stade avancé. Il m'a fallu des années avant de me rendre compte que le timing collait parfaitement avec cet évènement majeur dans ma vie.

Soudainement, sans aucun préambule, je me suis mise à arracher des morceaux de peau sous mes talons. Ou plutôt une espèce de début de " corne "...Pas la corne de gazelle hein, vous savez une sorte de peau un peu plus dure que les autres sur le corps.

Au début, j'enlevais ces peaux mortes à l'aide de mes ongles. Et puis rapidement, la compulsion est apparue : je devais la retirer tous les jours, puisque le renouvellement cellulaire faisait quotidiennement son boulot.

Rapidement, quand mes griffes n'ont plus suffi pour attraper les petits bouts de peau, je me suis équipée d'un coupe-ongle. Grâce à lui, je pouvais créer des sillons, des " encoches " pour retirer mes bouts de peau.

Si vous vous posez la question, je ne mangeais pas ces morceaux de peau. Yeurk, c'est déjà bien assez dégueulasse comme ça.

Au bout de quelques semaines, je ne retirais la peau qu'à l'aide de ce coupe-ongles. Mes talons n'avaient plus de peau, et je commençais à m'attaquer au gros orteils et à la plante du pied ( au niveau de la naissance des orteils ).

Je n'en parlais pas. Seuls mes parents s'étaient aperçus de quelque chose puisque discrètement je faisais un petit tas de peaux mortes quotidien, sur la moquette de ma chambre, et que parfois j'oubliais de l'aspirer.

Mes parents ont réellement commencé à se faire du mouron lorsque j'ai commencé à boiter parfois : mes talons étaient tellement à vif que le simple fait de marcher provoquait une douleur vive. Comme si on m'enfonçais des dizaines de petites aiguilles dans les talons à chaque pas. Parfois mes talons saignaient, car j'avais commencé à attaquer les chairs avec mon coupe-ongles.

Ma mère a pris rendez-vous avec un médecin généraliste qui pratiquait juste à côté de chez nous. Je m'en rappellerais toute ma vie : il avait le même nom qu'un célèbre acteur français beau comme un dieu, décédé récemment. Un brun aux yeux bleus. Mais la ressemblance s'arrêtait là...

Ce docteur au comportement très bizarre ( je n'aurais pas été étonnée d'apprendre qu'il avait de grandes affinités avec les enfants mineurs, en gros ) , après avoir examiné mes talons et voûtes plantaires ( et avoir tenté de me mettre à oualpé pour m'ausculter les pieds, autant dire que ma mère et moi l'avons rembarré vite fait ), a regardé ma mère droit dans les yeux et lui a dit qu'il fallait me mettre vitevite sous anti-dépresseurs. J'avais un Trouble Obsessionnel Compulsif qu'il fallait soigner très rapidement.

J'avais 14 ans.

Selon lui, le fait de s'auto-mutiler avec un instrument ( coupant ou non ) était symptômatique d'une grande détresse.

Grande détresse je sais pas, toujours est-il que ma mère et moi l'avons presque traité de fou en sortant du cabinet. Et qu'on n'a jamais remis les pieds chez ce docteur Maboul.

C'était plus fort que moi : tous les soirs ou presque, je me retirer la peau sous les pieds. C'était un besoin impérieux, une nécessite absolue.

J'ai réussi à casser quelques coupe-ongles à cause de ce TOC.

Quand je partais en vacances, je pouvais oublier d'emmener ma brosse à dents, mais jamais ô grand jamais je ne devais oublier ce satané ( et chéri ) coupe-ongles.

Si je partais en weekend et l'oubliais, j'étais capable de retourner la salle de bains de mon hôte pour en trouver un.

Si je ne trouvais de coupe-ongles nulle part, je partais à la recherche d'une pharmacie ou d'une grande surface pour en acheter un d'urgence. Je risquais la crise de panique.

Tous les soirs, je m'installais devant la télé. Ou je bouquinais dans mon lit. Et j'adoptais des postures bizarres pour pouvoir atteindre mes talons. Parfois j'en avais mal au dos et au bassin. Mais il fallait absolument que je puisse retirer ces satanées peaux. Que je sois dans mon propre lit ou invitée chez quelqu'un...

Comme je retirais la totalité de mon épiderme, le derme n'était plus protégé. Naturellement avec la transpiration dans les chaussures, une odeur pestilentielle naissait. Même avec des semelles. Même si les chaussures étaient neuves. Et même si je changeais de paire de pompes tous les jours.

Mes amis, ma famille, mes proches avaient tous connaissance de ce TOC. Ils en étaient tous désolés ( voire écoeurés ) mais assistaient, impuissants, à cette pulsion, cette obsession puissante.

Il y a bien eu quelques périodes d'accalmie mais elles n'ont jamais excédé deux semaines. En général, j'étais capable de ne pas toucher mes talons lorsque j'étais en vacances, notamment en bord de mer. Pourquoi ? Car le sable chaud me faisait énormément souffrir....et que je savais qu'avec 15 jours de sable, j'allais pouvoir profiter à mon retour d'une grosse couche de peau à enlever. Et invariablement, dès que les vacances étaient finies, je m'attaquais férocement à cette couche basale qui m'obsédait.

Lorsque j'ai rencontré Musclor, j'avais toujours mon TOC. J'en avais honte mais il était toujours là, latent, dormant. Lorsque je découchais, je laissais mes talons tranquilles. Dès que je rentrais à la maison le lendemain soir, je me précipitais sur mon coupe-ongles pour tout arracher.

Evidemment au bout de quelques mois, nous avons décidé d'habiter sous le même toit.

Mon trouble obsessionnel compulsif n'a pas cessé lorsque ma mère est décédée. Il n'a pas non plus disparu lors de mon emménagement avec Musclor dans notre propre appartement. J'avais toujours espéré qu'il disparaîtrait lors d'un choc émotionnel ou d'un changement de mode de vie radical.

Il n'en fut rien. Et je voyais défiler les années sans me défaire de ce TOC handicapant.

Même en ayant souffert de multiples mycoses plantaires localisées au niveau des talons. Même en ayant parfois les pieds en sang. J'étais absolument incapable de m'arrêter.

Et soudain, un changement anodin s'est produit et mon TOC a disparu. Ce changement quand j'y repense, est ridicule : Musclor et moi avons acheté un nouveau canapé. Voilà, c'est tout.

Vous vous direz : mais c'est tout ? Ca a suffi ?

Manifestement oui. Après 17 années d'automutilation, mon TOC a disparu du jour au lendemain. Par peur d'abîmer ce canapé tout neuf avec mon coupe-ongles ? Non, car je n'en avais jamais abîmé avant. Il n'y a donc aucune logique, il n'y a eu aucun signe avant-coureur de la disparition de mon TOC.

Mon TOC a disparu le 7 décembre 2014. Le jour où on a ramené ce canapé en sky blanc chez nous. Le jour où nous sommes allés voir Insterstellar au cinoche et avons conçu LaLutine sur le-dit canapé en rentrant. Les hasards sont parfois troublants.

J’ai vécu 17 ans avec un TOC ( Trouble Obsessionnel Compulsif )

Si j'ai décidé d'en rédiger un article aujourd'hui, ce n'est pas pour me vanter de m'en être débarrassée. Pour être honnête, il m'est arrivé 2 soirs en deux ans de me rattaquer à mes talons avec mon coupe-ongles. Le lendemain, je n'y pensais plus, signe que l'obsession et la compulsion avaient disparu. Et puis ce serait curieux quelqu'un qui se targue d'avoir cessé de se massacrer les voûtes plantaires, nan ? 😂

En revanche, j'enlève toujours mes peaux mortes autour des ongles. La moindre callosité me révulse et je dois l'ôter au plus vite. Mais je suis contente d'avoir dit adieu ( et j'espère à jamais ) à la mutilation de mes pieds.

Si j'écris ce billet, c'est avant tout pour donner de l'espoir à travers mon expérience à tous ceux et qui souffrent de TOC : vous avez subi de grands traumatismes mais ce(s) TOC sont toujours là et omniprésents ? Vous ne savez pas comment vous en débarrasser ? Soyez patients, n'acceptez pas tous les traitements puisqu'à ma connaissance, aucune étude médicale sérieuse n'est formelle à ce sujet. Soyez indulgent avec vous-même. Acceptez cet état comme transitoire et comme manifestation inconsciente de stress/d'angoisse/de nervosité.

Un beau jour, votre trouble obsessionnel compulsif s'envolera aussi vite qu'il est apparu. C'est en tout cas le meilleur que je vous souhaite. Je suis la preuve vivante, comme beaucoup d'autres, qu'un TOC peut disparaître après des années ou décennies d'esclavagisme ( à un certain degré, on a la sensation de devenir esclave de son TOC ) sans raison particulière. Alors on ne désespère pas, on vit avec en attendant, et vous verrez tout le temps que vous récupererez après vous en être débarrassé 😉 Car mon TOC n'était pas seulement podophage, il était également chronophage, comme beaucoup d'autres.

Et vous, souffrez-vous ( ou avez-vous ) subi un TOC ? Connaissez-vous une personne " toquée " dans votre entourage ?

*Naturellement je n'ai pas eu l'idée saugrenue à l'époque de photographier mes pieds. Je pense que vos estomacs m'en remercieront.

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