I'm back from Mars ? Do you know Marseille ?
C'est un peu comme vivre sur une autre planète... Les aiguilles des horloges ne comptent plus ! Juste respecter les cycles. 8h, 12h, 17h, 21h, peu importe ! Quelque soit l'heure, c'est l'heure du Pastis! Le pastis 51. Un seul chiffre importe à Marseille, le 51! Tu ne te mets pas sur ton 31. En revanche, tu t'en mets une au 51, toujours !
Un mariage pendant une journée et demi puis le stage de décompression, le dimanche soir, sur la terrasse de mon oncle ! Mon oncle ? C'est une belle et vilaine histoire en même temps... Vous voulez que je vous la raconte ?
Mon oncle ? Le frère jumeau de ma mère, c'est un fêtard parmi les fêtards. Un vrai parmi les vrais. Il est breton comme ma mère puisqu'ils sont jumeaux... Il a rencontré sa femme et ils ont décidé de partir à la conquête de Marseille et de son soleil. Il est très vite devenu le Marseillais, le vrai, celui que tout le monde reconnaît quand il s'avance dans la rue. Celui qui en fait trop mais qui peut se le permettre. Mon oncle, à Marseille ? On le respecte. Mon oncle, à lui seul ? C'est tout une histoire, un phénomène qui traverse les modes. Mon oncle aime Johnny Hallyday, Elvis Presley, roule en Harley Davidson dans les rues de Marseille, avec un bandana et des têtes de mort sur la gueule. Du grand n'importe quoi parmi le n'importe quoi. Mais à Marseille ? Cela passe. Et puis il s'en fout. Mon oncle, c'est un infarctus du myocarde pour avoir trop aimé l'alcool et le Pastis 51 à Marseille. Mon oncle, c'est un tour du monde en bateau quand, à l'époque, il était à l'armée. Mon oncle a donc l'âge de ma mère, 58 printemps. Mon oncle n'a rien trouvé de mieux que de ramener un singe de Tahïti, chez ses parents, après son tour du monde...
Mon oncle, c'est un divorce juste après son infarctus quand il s'est aperçu que la vie était trop courte. Mon oncle s'en met encore plus dans la gueule après qu'avant son infarctus. Pourquoi ? Parce que la vie est toujours trop courte. Mon oncle, cette année, a 58 ans, attend une greffe du coeur mais peu importe, c'est un Marseillais avant tout. Il aime vivre, il aime les bonnes choses de la vie. Non, pardon, il adore les bonnes choses de la vie et sait que le temps lui demandera des comptes. Il le sait mais il a fait son choix. Il préfère payer l'addition en fin de repas. Mon oncle, il te parle d'une greffe du coeur comme s'il allait chez le dentiste se faire enlever une carie. "Et puis sinon, je ressortirais les pieds devant". Alors oui, ça ne plait pas forcément à tous ces gens qui veulent contrôler leur vie voire celle des autres, mais il est comme ça. Un détachement total, un recul que je ne maîtrise pas encore tout-à-fait. Il aime la vie et il en mourra, sûrement. En attendant, il profite...
Mon oncle, c'est celui qui invite les gens à dîner le soir sur sa terrasse pour balancer des blagues, refaire le monde et se marrer avec ses potes (toutes ces soirées que je ne comprenais pas quand j'étais gamin). Mon oncle à 59 ans ? Il peut encore montrer son cul en pleine soirée, juste pour déconner totalement. Mon oncle c'est un chambreur de nature parce qu'il est maintenant plus marseillais que breton. Quoique...
Mon oncle, c'est le genre de gars à balancer sur le ton de l'humour pendant le mariage de sa fille après que le DJ eut donné la parole à son ex-femme et donc à la mère de sa fille. "Vous ne la connaissez pas vous! Reprenez-lui le micro sinon elle ne va plus le lâcher..." ou "A 00h, j'arrête de boire, plus une goutte d'alcool, je suis comme cendrillon sinon, mes santiags vont se transformer en souliers de verre. Ouais, VERRE, V-E-R-R-E...". Mon oncle, c'est une voix rauque, c'est un rocher qui ne bouge jamais. C'est un corps de pierre et un coeur en or avec toujours une vanne sur le bout de la langue. Ah ça, ils ne font pas les malins les gens qui le croisent la première fois dans la rue... Et pourtant, pour ceux qui savent...
Mon oncle, c'est un phénomène de mode. Non, pardon ! Mon oncle, c'est un phénomène qui les traverse, les modes!&