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Guyane (Saison 1, 8 épisodes) : l’or de la jungle

Publié le 25 janvier 2017 par Delromainzika @cabreakingnews


Les deux premiers épisodes de Guyane n’étaient pas forcément les meilleurs de tous. Disons que c’est sur la longueur que Guyane sait se faire apprécier car la série sait aussi se faire attendre. Au travers de huit épisodes, Fabien Nury et Kim Chapiron ont donné une direction à la série qui prend son temps. En jouant avec le rythme et les horreurs de la jungle, Guyane parvient à fonctionner intelligemment. Vincent, notre héros, est celui en qui tout le monde peut se retrouver, celui qui nous permet de passer un agréable moment tout en apportant une sorte de réflexion sur le milieu qui nous est dépeint. Le rythme de Guyane est donc assez nouveau, sans pour autant que cela ne soit exceptionnel non plus. La façon dont la série se construit est intéressante car elle tente d’apporter des réponses tout en posant de nouvelles questions. L’une des choses les plus étranges c’est la capacité que Guyane a de fasciner. La série sait comment nous happer dans son univers particulier sans jamais tomber dans les clichés du genre. Car si le rythme peut parfois être la faiblesse de la série, cette dernière n’en reste pas moins passionnante grâce à son réalisme étonnant. Le manque de cliffanghers donne l’impression de se retrouver dans un long film de huit épisodes où il n’y a pas vraiment de temps pour se poser des questions.

Alors qu’une saison 2 est déjà en préparation (et devrait arriver en 2018 sur Canal +), Guyane casse les codes de certaines séries afin de raconter son histoire différemment. Si Vincent est notre clé dans tout cela, c’est la mafia locale qui fait la réussite de Guyane. La série propose alors aux téléspectateurs de vivre les choses autrement, notamment avec l’épisode 1.05 qui propose un véritable virage narratif dans la violence. Ce que vit Vincent dans cet épisode 1.05 devient rapidement le moteur de la seconde partie de la saison se déroulant sans vrais temps morts. Mais alors que sur le papier Guyane avait tout pour nous faire rêver, et qu’elle abordait enfin un sujet inédit sur le traitement de l’exploitation d’une mine aurifère, Guyane ne fait pas toujours rêver non plus. La première partie de la saison est parfois un peu laborieuse et a du mal à attacher le téléspectateur aux personnages et à l’histoire. Si Vincent reste quelqu’un de très attachant assez rapidement, je dois avouer que ce qui vaut surtout le détour au début ce sont les décors. La France n’a pas pour habitude de nous faire voyager dans l’un de ses territoires exotiques (sauf peut-être Meurtres au Paradis, coproduction entre France Télévisions et la BBC, qui entre en saison 6 et qui se déroule en Guadeloupe).

La Guyane est alors un personnage à part entière dans Guyane. Je dirais même que cette jungle dont il semble difficile de sortir, moite et sauvage, est le héros de la série. Il n’y a pas un moment où cette jungle ne fait pas partie du récit. La réalisation, nerveuse à souhait, donne un vrai coup de fouet au récit. Alors que les deux premiers épisodes ne permettaient pas toujours de juger le casting, la série a bien fait de faire confiance au jeune Mathieu Spinosi. Ce dernier est parfait dans le rôle de Vincent, l’innocent et naïf de service. Il fallait bien un personnage de ce genre là pour que Guyane fonctionne suffisamment. S’il y a quelques clichés ici et là, je ne connais pas suffisamment la Guyane pour savoir si c’est réellement de cette façon que cela se déroule ou bien si Guyane appuie trop sur certains traits mais malgré quelques personnages un brin faciles (Serra, une sorte de parrain de l’or par exemple), d’autres parviennent à rendre le tout beaucoup plus logique et sympathique. Comme Laetitia, la fille de Serra, qui a un caractère différent et parvient à nous offrir un spectacle légèrement différent. On se retrouve bien entendu avec les sempiternelles histoires de romance, l’action simpliste, mais Guyane n’a pas toujours l’occasion de briller non plus. Guyane vient en tout cas prendre des risques dans le monde des séries françaises, ce qui est assez rare mais qui est une très bonne nouvelle.

Si je ne suis pas toujours pour les séries qui font des démonstrations de violence afin de montrer la dureté d’un univers, Guyane l’utilise avec parcimonie afin de montrer l’état dans lequel se trouve actuellement le pays et surtout cette jungle indomptable où rode tous les genres de mammifères, sauf que souvent les plus féroces ne sont pas ceux que l’on croit. En proposant une histoire différente des autres, Guyane parvient à apporter un vrai truc dans le paysage des séries du monde et surtout en France. Canal + n’a pas perdu la main quant aux séries ambitieuses qu’elle peut découdre. Si Jour Polaire reposait énormément sur son casting et sur son décor plus que son scénario très classique (reprenant tous les trucs des séries scandinaves), Guyane repose sur quelque chose de beaucoup plus séduisant et original. Le casting local est lui aussi sympathique, permettant d’apporter un peu plus de réalisme à l’ensemble.

Note : 6.5/10. En bref, grâce à un décor original et un scénario exotique et sombre, Guyane sait plutôt bien s’y prendre même si cela aurait clairement pu être mieux.


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