Jeudi 26 janvier, visite et découverte du couvent de la rue Levat à la Belle de mai à Marseille
Prologue…
Les soeurs ont quitté ce lieu à la fin de l'été, un couvent qui était la maison de la fondatrice de cet ordre unique, Julie Adèle de Gérin-Ricard, (décédée en 1865), devenue Mère Marie Victime de Jésus ...
Elles ont décidé de vendre ce couvent et son jardin dans lesquels elles vivaient dans une autonomie presque totale pour échapper à "la poussière du monde", alors que la vie de la ville et du quartier était de moins en moins propice avec leur vœu de silence.
Les dix-huit sœurs Victimes du Cœur de Jésus sont alors parties en Vendée retrouver le calme loin de Marseille.
Et c'est la ville qui a racheté le lieu, 17 000 m2, dont 1 500 de bâti…
L'ouverture au public se fera progressivement et dans l'attente d'un projet concerté avec la ville et les habitants, (ce que j'espère) c'est l'association culturelle Juxtapoz qui a pris possession des lieux, avec comme mission de l'ouvrir au public, de le gardienner tout en développant ses projets de résidences d'artistes et d'ateliers…
***Suivez-moi pour une visite sensible et subjective de ce lieu encore secret entre images et haïkus…
Franchir une première porte, celle qui fait quitter le monde et la petite rue Levat pour entrer dans l'immense domaine du couvent…
Pousser la porte du jardin, y déceler un reste de bleu avant d'avoir l'oeil enverdi par le grand pré
Le bois a bien vieilli, le temps effiloche doucement la porte du jardin, mais le bleu du ciel y a laissé son empreinte.
Après la pluie, le banc moussu retient encore un peu les reflets du jardin Faire le tour de ce jardin immense,le mesurer du regard,jusqu'à la ligne du cielet retour Comme un air de printemps…Les jonquilles blanches fleurissent déjà,bravaches et bien droitesle long du chemin
Comme un air d'hiver… Les figuiers sont nus et griffent le cieljusqu'à déchirer les nuages
Comme un air d'automne…Un arbre fruitier ne veut pas se croire en hiver…Il s'accroche à ses feuillesou est-ce l'inverse ?
Le poisson rouge, immobile, hésite encore un peu à plonger dans le ciel ou à rentrer à la maison…
Au fond du jardin, derrière un petit cabanon, la caisse aux fleurs en plastique abandonnée
Dans ce jardin merveilleux poussent aussi des fleurs de tissus et de plastique…
Cagettes et briques,papier journal et feuilles mortes,petites choses oubliées le long du mur
Dans l'économat déserté, des carreaux de cuisine, la belle table verte et les immenses placards désormais vides.
Devant la fenêtre, laisser quand même s'échapper les pensées à travers les barreauxVivre là, laisser la vaisselle sécher et plier les torchonsdevant la fenêtre fermée
Plier les draps, les boutis, les couvertures, les abandonner derrière soi comme si quelqu'un allait revenir un jour dormir entre les grands murs vides et les cellules désertées.Les vieux boutis provençaux,souvenirs d'un autre siècle
"Détruire" disent-elles
L'autel de la chapelle a été détruit, gravats et poussière… Désacralisation à la masse et au burin, une vraiment étrange conception du départ…