A quel moment as-tu vu tes premiers tags et tes premiers graffs ?
Au début lorsque je peignais : dès que je sortais peindre dans ma ville d’Amiens et aux alentours. Le lendemain, je repassais devant le spot que j’avais tapé avec mes potes et sinon ces dernières années quand je vois la photo de mon mur publié par une personne tels que des photographes, des magazines ou autres, ça me fait vraiment plaisir merci à vous… J’ai commencé fin 1997, j’avais 15 ans je crois : je peignais sur tout ce qui me plaisait (rires)…
Où as-tu peint la première fois ?
La première fois, c’était dans ma ville où je suis né à Amiens : on sortait d’un gros apéro avec mes potes puis je suis parti peindre dans un square comme un furieux. Mon premier tag, je l’ai posé en plein centre ville bien arrosé avec les potes.
Est-ce ton pseudo depuis le début ?
Cela a commencé avec Fresh : les lettres me plaisaient bien, ça m’est venu comme ça en discutant avec les potes lors d’une soirée et, quelques temps plus tard, j’ai trouvé le blaze trop long donc j’ai enlevé le F pour faire Resh. Les lettres sont très cool à travailler.
J’ai commencé à peindre avec mes potes surtout un d’Amiens qui peignait avant nous (son pseudo ? Il en a eu tellement que je m’en rappelle plus exactement mais à l’époque c’était Fisk, big up à toi poto) et qui est arrivé avec des sprays. Il nous a dit de venir avec lui pour graffer : je lui ai demandé ce qu’il allait faire de ses bombes et il m’a répondu des lettres. Je me suis dis trop bien, il faut que j’essaye direct ; c’est là que j’ai commencé à toucher une spray fin 1997… C’était fini, je me suis dis ça c’est fait pour moi ! Donc avec les potes, on partait le soir peindre sur l’autoroute, la voie ferré ou dans des lieux abandonnés et dans tous les endroits que l’on avait repéré. On a commencé à peindre partout dans notre ville d’Amiens située en Picardie.
Qui as-tu croisé à tes débuts ?
J’ai rencontré beaucoup de personnes de ma ville qui comme moi commençaient tout juste le graffiti donc on est resté en petit comité. Pour ma part, le temps de maitriser un peu plus la spray et les lettres, les rencontres se sont faites un peu plus tard…
As-tu peint des métros ou des trains en France ?
Oui, j’ai peins quelques trains dans ma ville et un peu ailleurs mais très peu .
Quels étaient les endroits où tu as peint ?
J’ai peint dans les terrains abandonnés dans notre secteur : c’était l’apprentissage.
Peux-tu nous parler de ton premier crew et de son histoire ?
Mon premier crew, c’est une bande de potes qui connaissait d’autres personnes avec qui on a sympathisé. On s’est surtout très bien entendu, c’est ce qui faisait la force de cette équipe : le NSK Crew. Donc, au départ, il était composé de Seed, Fisk, Ades et après je suis arrivé avec les autres potes : Toner, Ozak, Lerko, Poulet… On était tout jeune, on pensait juste à éclater un maximum de spots dans la street, l’autoroute, le centre ville, la voie ferrée : on s’éclatait comme des dingues. C’était une très bonne époque pour commencer le graffiti fin 1997.
Ce crew existe toujours, il reste très peu de personnes dedans : il y a toujours mon pote Ades qui est dans le son depuis le début (big up à toi poto) et comme il y a eu des histoires de merde qui ont fait que l’on s’est divisé et que l’on a créé un autre crew avec d’autres personnes, le THC puis le DTS. On s’est bien éclaté, on maîtrisait la spray et on faisait des terrains, du vandale en petit comité et beaucoup des nouvelles rencontres où j’ai pas mal bougé dans toute la France et en Belgique, etc…
Vis-tu du graffiti ?
Oui et non ! Depuis plusieurs années, je me suis mis en auto-entrepreneur : effectivement, j’ai fait pas mal de projets et vendu beaucoup de toiles, ce qui me fait vraiment plaisir car je me suis toujours dit que je ne lâcherais jamais la peinture. Cela fait partie de ma vie et cela fait bientôt 20 ans que je peins alors je me dis que ça fait vraiment plaisir qu’il y ait beaucoup de personnes qui me suivent et qui me demandent des projets ou autres… Quand je pense aux premières années où j’ai commencé à peindre, il y a eu beaucoup d’années d’écoulées où j’ai rencontré pas mal de personnes dans toute la France qui m’ont énormément apporté sur la technique et bien d’autres… Je vais en citer quelques uns comme Nuans, Cevis, Merlin, Amin, Spazm, Keyler, Spot, Xkuz, Red1, Téfu, Spire, Mel1, Seth2, Wuna, Apash, Xerou, Swéo, Nikita, Dens, Sock, Jeaze, Pito, Caos, Okus, etc… Big up à toutes les personnes avec qui j’ai fait des murs : on a toujours passé de très bons moments et chaque nouvelle rencontre et nouvelle peinture reste une très belle expérience..
Peux-tu nous donner quelques anecdotes ?
Cela remonte au début, on est sorti avec l’équipe pour taper une voie ferrée. On était bourrés comme d’hab’ et ce jour là, on n’a pas eu de chance : les keufs sont arrivés et on venait juste de commencer. Au début, ils nous prenaient pour des pécheurs, on entendait le gars de la bac dire : « Ce sont des pécheurs ! »… Quand la torche a mis en lumière le mur que l’on peignait avec les sprays et les pots de peinture au sol, ils se sont dit que nous étions des tagueurs ; on était caché dans des buissons jusqu’à que le keuf pointe sa torche sur nous. On entendait ses collègues dire : « Looping descend ! Looping descend ! »Là on s’est mis à courir sur les voies comme des dingues avec le gars de la bac derrière : on était tout jeune, l’adrénaline était présente. On kiffait ça ! On s’est tous dispersés, il y avait des flics à chaque coin de rue et à trois on a réussi à esquiver et rentrer chez nous. C’est le lendemain que l’on a su que notre 4e pote était resté en planque dans les buissons avec les keufs autour et, au final, il a réussi à rentrer mais cette soirée restera marquée.
Photographies : Resh one + Léopold Startape