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INCONTINENCE URINAIRE et démences – Fiche technique

Publié le 01 février 2017 par Santelog @santelog

L'incontinence urinaire, problème majeur de santé publique, concerne entre 3 et 5 millions de personnes en France. Avec l'âge, la prévalence de l'incontinence urinaire augmente 25% après 85 ans et 80 à 90 % en institution. Mais ce taux grimpe avec les démences, jusqu'à 90% chez les patients ayant une pathologie de type Alzheimer ou démence vasculaire.

INCONTINENCE URINAIRE et démences – Fiche technique
Physiopathologie du vieillissement vésico-sphinctérien

Incontinence et démences, une association forte : l'incontinence urinaire est la comorbidité la plus souvent associée à la pathologie démentielle et significativement plus fréquente par rapport à la population générale (Stessens J, Liège 1997). Ainsi, la sévérité de l'incontinence est corrélée au degré d'atrophie et d'hypoperfusion cérébrale et l'urgence mictionnelle particulièrement à l'hypoperfusion des aires frontales (Blok and Al, Brain 1997) .

L'instabilité vésicale avec urgence mictionnelle est le mécanisme le plus fréquemment retrouvé à la cystomanométrie, corrélée au degré d'atrophie cérébrale, dans l'Alzheimer. La maladie d'Alzheimer et les maladies apparentées affectent tous les aspects de la vie quotidienne et peuvent également entraîner une perte de contrôle de la vessie et des intestins : des épisodes d'incontinence fécale comme urinaire peuvent survenir. Quand notre vessie ou nos intestins doivent être vidés, notre cerveau nous envoie des messages, mais ces messages ne sont pas toujours reçus, et nous perdons la capacité de reconnaître les sensations.

L'incontinence, un marqueur de dépendance et de fragilité psychologique comme physique : l'incontinence est vécue comme une humiliation. Perdre la maîtrise de cette fonction corporelle, apprise à un très jeune âge, peut blesser profondément l'amour-propre. Il est donc difficile d'accepter de l'aide dans un domaine si intime de la vie, particulièrement de la part d'un être cher (aidant naturel). L'incontinence urinaire chez le sujet âgé est un marqueur de dépendance et de fragilité. D'ailleurs son incidence augmente de façon exponentielle avec le nombre de pathologies :

  • 1 pathologie : incidence de 42% d'incontinence urinaire
  • 2 pathologies : incidence de 60% d'incontinence urinaire
  • 3 pathologies : incidence de 85% d'incontinence urinaire

Un point important à noter est le retentissement des troubles urinaires sur la qualité de vie du patient, une indifférence aux symptômes étant de très mauvais pronostic (questionnaires à remplir par le patient ou l'entourage). Il est important d'obtenir dans la mesure du possible un calendrier mictionnel sur 24h minimum, au besoin en le faisant remplir par l'entourage (famille ou personnel soignant). L'examen clinique sera complété au minimum par une recherche d'un résidu post-mictionnel en échographie. L'intérêt du bilan urodynamique est souvent limité lorsque le patient n'est pas coopérant. Il peut cependant être parfois intéressant de rechercher l'existence d'une hyperactivité détrusorienne si un traitement médical est envisagé.

L'utilisation de traitements médicamenteux doit être prudente chez ces patients présentant un syndrome d'urgenturie-pollakiurie. Les anticholinergiques ont tous un risque d'aggraver les troubles cognitifs même si les nouveaux sont moins délétères pour la mémoire.

Les patients déments peuvent bénéficier d'une chirurgie lors de pathologies obstructives des voies urinaires, même si les résultats fonctionnels des interventions semblent moins bons que dans la population générale selon certains auteurs (peu d'études chez le sujet âgé dément). En pratique, cela améliore nettement la qualité de vie des patients âgés déments porteurs de sonde urinaire à demeure, lorsqu'on arrive à trouver un urologue et son équipe de soignants à la prise en charge de tels patients.

L'incontinence urinaire peut occasionner des irritations de la peau et être très désagréable.

Si la personne se mouille ou se souille, il faut l'aider à se débarrasser des vêtements immédiatement.

Laver le corps avec un savon doux et de l'eau chaude, apaiser avec une lotion hydratante (ex : TENA Skin Lotion) et donner des vêtements propres.

En cas d'accident, il est important de ne pas se fâcher ou de dramatiser un épisode de fuite. Cela ne ferait que gêner ou bouleverser davantage la personne. S'il n'est pas agréable de nettoyer les dégâts de l'incontinence d'un parent ou d'un conjoint, il faut se rappeler que la maladie est la cause de ces accidents et non celle du malade.

Sauver sa dignité avec des paroles d'encouragement en restant calme, et faites de votre mieux.

Dr Lamia Fourni Consultation d'urodynamique Unité de Gériatrie Aiguë Hôpital Antoine-Béclère, Clamart (AP-HP)

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