En 1927, Louis Durieux publiait aux Oeuvres libres (Recueil littéraire mensuel n°75, publié par Fayard)*, un récit consacré au Roi Louis II intitulé Le Roi vierge.* Le 10 octobre de la même année, le journal hebdomadaire parisien indépendant L'Attaque, organe socialiste révolutionnaire de la jeunesse, publiait un compte-rendu du texte de Louis Durieux, que j'ai retranscrit à l'attention de mes aimables lectrices et lecteurs. Le voici:
PETITES COUPURES
Louis Durieux, Le Roi vierge, aux Oeuvres Libres:
C'est un récit bien curieux des dernières années de Louis Il de Bavière que publie le dernier numéro des Œuvres Libres ; et ce qui fait le plus grand intérêt de ce récit, c'est un journal inédit du Roi vierge, dont il nous est donné de très importants fragments : pages souvent troublantes et dont il n'est pas très difficile de pénétrer la mystérieuse et voluptueuse signification, pages aussi politiques et dont la portée reste grande pour ceux qui les lisent, écrites au lendemain de 1870, au lendemain de 1918.
Une anecdote piquante, — et qui peut être lue par tous :
Le mystère qui entourait l'existence de Louis Il passionna plus d'une femme. Plus d'une essaya d'approcher de lui. Mais le beau solitaire se dérobait. On raconte l'histoire de Mlle Schefsky qui, après avoir surmonté bien des obstacles, eut la fortune d'être admise un soir devant le roi. Dans la grotte d'azur de Linderhof, elle chanta pour lui ; puis, peut-être, sous l'effet d'une émotion trop forte et à laquelle des vins capiteux n'étaient sans doute pas étrangers, mais plus encore, sûrement, par calcul, elle se laissa choir dans un bassin peu profond, en s'écriant.
— Sauvez-moi. mon bien-aimé !
Mais le roi ne fit pas un geste ; d'une voix très douce, Il dit à ses valets : — Sortez cette dame de l'eau et faites-la sécher, s'il vous plaît.
L'aventure de la diva ne découragea pas d'autres aventurières.
Deuxième anecdote, — politique celle-là : Ce soir de juillet 1872, le roi misanthrope devait recevoir le fils de son seigneur, Guillaume 1er, empereur d'Allemagne et roi de Prusse : Frédéric-Guillaume. Chamarré de croix, grand et droit dans son uniforme de la Garde, le kronprinz entra et alla vers le roi. Sans qu'un muscle de son visage eût tressailli, celui-ci descendit les neuf marches du trône. Une accolade officielle lia un instant le prince prussien et le roi bavarois.
— Je salue en vous, mon cousin, fit Louis II à voix presque basse, le héros des journées de guerre.
— Et moi, rétorqua Frédéric avec un sourire ambigu, je salue en vous le plus beau des souverains que porta jamais la terre allemande !
Cette expression « terre allemande » ne parut pas satisfaire beaucoup le roi : — Il y a plusieurs terres allemandes, fit-Il, rêveur.
Pour aller plus loin: voir mon article consacré à Joséphine Schefsky
*Les Oeuvres libres. Recueil littéraire mensuel. N° 75. août 1927, 384 pp. (Henri Duvernois. Le Journal d'un pauvre homme. Grande nouvelle inédite. Nahid bey. Zeineb la Courtisane. Nouvelle turque inédite. Romain Coolus. Les Vacances de Pâques. Comédie inédite. Louis Durieux. Le Roi vierge. Pages inédites. Adolphe Falgairolle. La Dame de brocart. Nouvelle inédite. Auguste Bailly. Estelle, jeune fille d'autrefois. Roman inédit et complet.)
Le CCFr, le Catalogue collectif de France, n'en mentionne qu'un seul exemplaire disponible à la Médiathèque André Malraux de Strasbourg. Sinon, cela se trouve aisément sur les sites de revente en ligne. En Italie, il est signalé dans une bibliothèque de Frosinone.