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509ème semaine politique: Fillon, Hamon, Macron, avec eux, tout est malheureusement possible

Publié le 04 février 2017 par Juan

Où il est question de l'improbable et de l'impossible, d'une élection qui pourrait être différente; d'un Fillon qui sombre sous le coup des révélations attendues sur sa légèreté avec l'argent public; d'un Hamon qui promet déjà tout et son contraire en matière d'alliances de gouvernement. Et d'un Macron qui surfe sur la vague et un positionnement de lessive libérale adoucie.

Pénélope Fillon reste au centre de la tourmente. Les défenses télévisées de son mari sur TF1 oui France 2 ne changent rien, biennal contraire. Les 500 000 euros de salaires d'emploi supposé fictif d'assistante parlementaire pour son mari grimpent à 830 000 euros d'après le Canard Enchaîné, auxquels s'ajoutent encore 100 000 euros de rémunération en tant que collaboratrice littéraire pour une revue détenue par un proche de Fillon et un emploi dont le directeur de la publication ignorait tout. Et qua,d Fillon confesse qu'il a embauché ses enfants (pour déminer à l'avance une prochaine révélation), l'affaire s'envenime - 84 000 euros ont été servis à ses deux enfants encore étudiants, toujours sur fonds publics.

Fillon père-la-rigueur pris les doigts dans le pot de confiture des subventions parlementaires, l'affaire fait tâche, tâche et salit.

Jeudi, des journalistes de France 2 expurgent du passé un entretien de la dite épouse du favori de la Vroite où elle déclare "Je n'ai jamais été l'assistante de mon mari". Fillon reste dans le déni, "inébranlable", cette affaire est pourtant "" à souhaits pour lui. Ses collaborateurs et proches enchaînent les convocations à l'Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales. Des bureaux au Sénat sont perquisitionnés.

L'hypothèse du renoncement forcé de Fillon se précise. Après Laurent Wauquiez, Alain Juppé, voici François Baroin qui s'y prépare. Son adresse "Baroin2017" a été déposée dans la semaine.

Fillon conserve la hargne du futur président à qui on vient de voler son destin: " Je ne suis pas dupe: ce n'est pas la justice que l'on cherche, mais à me casser. Et, au-delà de ma seule personne, à casser la droite, à lui voler son vote."
Mais Fillon, vainqueur-surprise et largement de cette primaire de la droite, s'effondre dans les sondages. Moins de 20% des intentions des sondés, derrière Macron.

Vendredi soir, l'homme, abattu et les larmes aux yeux, se défend encore dans une courte video, froide comme sa colère, publiée sur Facebook (515 000 vues dans les premières 15 heures). Fillon ne répond jamais sur le fond: "c'est notre victoire qu'on veut nous voler !". Il s'égosille presque. Pas un mot sur les 900 000 euros d'argent public qu'il a utiliser pour salarier sa famille pour des missions que l'on soupçonne fictives. Il dénonce "un système qui cherche à (le) casser". Fillon, élu depuis 35 ans, ex-ministre et premier ministre, un "anti-système" ? Loin de démontrer la froideur de sa colère, Fillon expose sa panique naissante.

Hamon, sans programme ?
Benoit Hamon, récemment qualifié par le PS, entame sa campagne présidentielle. Il bondit dans les premiers sondages avant d'avoir énoncé une quelconque proposition sur son programme de rassemblement. Comme Fillon, il assure qu'il ne changera rien à ses propositions qui l'ont fait gagner. Comment est-ce tenable ?

Déjà, des ministres et députés socialistes s'opposent rapidement. L'intérimaire Cazeneuve, à Matignon, lui fait la leçon dès le lendemain de sa victoire. Hamon " doit assumer le bilan du quinquennat". La messe est dite. Mardi, la ministre des hôpitaux en manque de lits Marisol Touraine et son homologue de la rigueur Michel Sapin enchaînent: " S'il ne change pas de ligne, il ne rassemblera pas" explique Touraine. " Benoît Hamon ne peut rassembler s'il est sur la critique de ce qui a été fait pendant 5 ans" rajoute Sapin.

A l'inverse, l'ex-frondeur a aussi beaucoup de soutiens. Y compris celui improbable de François Hollande. L'actuel président, pour encore quelque semaines, le reçoit officiellement à l'Elysée. La démarche est étrange, cynique, et sans saveur. Hamon s'oppose à toutes les orientations de Hollande depuis bientôt 3 ans et pourtant il vient s'agenouiller à l'Elysée.

"J'ai été ministre dans son gouvernement [...] J'appartiens à la même famille politique que lui, je le connais." Benoît Hamon à propos de Hollande.

En fait, Hamon s'apprête à endosser le fardeau du candidat qu'il a défait à la primaire socialiste: un bilan, des candidats députés comme Valls, El Khomri, Cazeneuve, ou Le Roux, et tout le reste.

Hamon appelle pourtant à l'union de la gauche, mais réclame d'abord la soumission: " J'ai proposé un cap, ce cap je le maintiens, je l'enrichirai évidemment de toutes les contributions de ceux qui s'impliquent aujourd'hui derrière moi, et je n'ai jamais été fermé à ces discussions mais le cap, il a été donné."

Bref, on retient de cette semaine combien Hamon est simplement écartelé, et donc sans programme, sommé de choisir entre la fronde et la soumission.


Macron, cynique
Emmanuel Macron"donne un coup de barre à droite". Il veut " plus de flexibilité sur le droit du travail", " redonner des marges" aux entreprises, prolonger les défiscalisations des entreprises, et fustige Hamon le candidat de la " gauche plurielle" ("Moi, je pense que ça ne permet plus aujourd'hui de répondre aux défis du pays").

Cinglante est la réponse de Christiane Taubira, qui s'apprête à rejoindre Hamon: " la droite et la gauche, c'est différent. Les femmes et hommes de gauche qui racontent l'inverse sont juste en train de trahir." Trahison, le mot est une nouvelle lâché un peu vite. Marron incarne l'autre facette du quinquennat qui s'achève, celle d'un Hollandisme social-libéral qui s'assume enfin.

Le constat interroge... à peine. Des ministres, les moins courageux d'abord, n'hésitent plus à afficher leur soutien. Comme Jean-Marie Le Guen, ce futur ex-ministre en charge des relations avec le Parlement qui aimait tant les voyages présidentiels à l'étranger: on peut être socialiste et appeler à voter Macron".

Macron s'affiche désormais " et de droite et de gauche". Jusqu'à quand cette pantalonnade politique va-t-elle durer ?

Macron n'a pas l'intention de dévoiler son programme avant la fin du mois d'avril... c'est-à-dire après le premier tour de la présidentielle. Macron prend l'électeur pour un con. Tout ne serait qu'affaire de " positionnement". Macron est un produit bien placé sur le marché politique, avec grand renfort de publicité, d'agence de communication et autres substances artificielles. Ne soyons pas écoeuré, nous méritons les politiques que nous avons.

Emmanuel Macron prend encore une fois l'électrice et l'électeur pour des cons quand il est sur TF1 pour brailler: "je n'ai jamais eu de collaborateur en charge de ma circonscription." Macron n'a jamais eu de circonscription. Macron n'a jamais été élu. En revanche, Macron a consommé "a utilisé à lui seul 80 % de l'enveloppe annuelle des frais de représentation accordée à son ministère par le Budget, en seulement huit mois, jusqu'à sa démission en août". L'argent public est toujours agréable à consommer pour les tenants de la rigueur pour les autres. Quand il se défend sur TF1, l'ex-banquier ment.

Les temps sont durs...


Les sondages donnent un aperçu de ces bouleversements. Le Pen est stable et en tête (25%); Macron (22%) devance Fillon (20%), puis suivent Hamon (16%) et Mélenchon (11%). Ces " polaroïds" imparfaits de l'état de l'opinion révèlent surtout que l'opinion est volatile.

Ensemble, ou divisés, tout est possible.


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