Z : The Beginning of Everything est une nouvelle série de dix épisodes qui a été mise dans son entièreté en ligne sur Amazon le 27 janvier. Cette dernière lettre de l’alphabet fait référence à Zelda Sayre (Christina Ricci), celle qui un jour épousera le célèbre écrivain Scott F. Fitzgerald (David Hoflin). L’action se situe dans les années 10 alors qu’elle approche de l’âge adulte et s’apprête à rencontrer l’homme de sa vie, pour le meilleur et pour le pire. De son côté, Santa Clarita Diet est une nouveauté d’autant d’épisodes qui a été dévoilée sur Netflix le 3 février. Elle met en scène Joel (Timothy Olyphant) et Sheila (Drew Barrymore), deux agents d’immeubles qui forment un couple et qui verront leur existence chamboulée après que cette dernière développe un appétit pour la chair humaine. Ces séries aux thèmes disparates souffrent toutes les deux d’un ton mal défini. Dans la première, on tombe par moments dans la caricature alors que dans la seconde, on se demande toujours après trois épisodes où l’on veut nous amener.
Z : The Begining of Everything : des excès banalisés
Zelda qui est issue d’une famille aisée de Montgomery en Alabama fait constamment tourner les têtes du sexe opposé. Seulement, la jeune femme considère que les hommes qui la courtisent manquent de colonne vertébrale et qui plus est, ils sont tous à la veille de partir en Europe pour prendre part à la Première Guerre mondiale. C’est lors d’un bal de charité qu’elle rencontre Scott, un auteur sans le sou qu’elle prend plaisir à repousser, bien qu’elle soit réellement tombée sous son charme. Au grand déplaisir de son père Anthony (David Strathairn), un juge puritain, elle n’en fait qu’à sa tête et accepte de se laisser courtiser. À la fin du troisième épisode, ils sont finalement prêts à convoler en justes noces, se fichant éperdument du qu’en-dira-t-on.
Il faut donner crédit à Azamon pour nous arriver avec une série où l’on a mis d’impressionnants moyens, faisant de Z une fresque historique à grand déploiement. La reconstitution d’époque, les bals et la quiétude de Montgomery ont définitivement de quoi nous charmer. C’est par contre à se demander si c’est pour économiser sur cette mise en scène extravagante que l’on a limité chacun des épisodes à une durée de 30 minutes seulement. En effet, rien dans le scénario ne justifie un tel format et en les assemblant tous deux par deux, on n’y aurait vu que du feu. Z est donc dans les faits une série de cinq opus, ce qui est définitivement trop court lorsque l’on connaît la vie mouvementée de ce couple terrible.
Au niveau du casting, il faut donner crédit à l’actrice principale, Christina Ricci qui malgré ses 36 ans nous convainc à fond dans son rôle de fille de bourgeois rebelle. Pourtant, on peine à exploiter sa forte personnalité. C’est qu’en ce début de siècle, la gent féminine ne pouvait aspirer à grand-chose, sinon que d’être définie par son statut marital. Zelda n’est pas comme les autres, mais entre nous dépeindre une femme indépendante et spirituelle (ses écrits éclipsés par ceux de son mari le confirment) ou quelqu’un de carrément déluré, on a malheureusement privilégié la seconde option. Pour preuve, cet échange entre elle et Scott la première fois qu’ils se rencontrent : (S) « I’m Scott Fitzgerald, may I? » (Z) « Well, that depends» (S) « Of what ?» « On what you’ve got in that flask of yours. » Justement, sa dépendance à l’alcool est banalisée au point où c’en est ridicule. Lorsqu’elle ne passe pas ses nuits à boire du whisky avec ses prétendants, on la voit un soir avec l’un d’entre eux s’amuser à ouvrir toute une caisse de champagne rien que dans le but que les bouchons sautent et n’atteignent la fenêtre d’un particulier. Sinon, même durant ses premières promenades en amoureux avec Scott, elle boit de l’alcool fort en plein jour dans un parc. Le hic est que la série n’essaie pas de nous dépeindre la lente descente aux enfers d’une jeune femme qui noie sa mélancolie dans l’alcool, mais plutôt de nous raconter les débuts d’une histoire d’amour…
Santa Clarita Diet : boulimie à temps partiel
Tout commence un beau matin ensoleillé alors que Sheila est prise de crampes à l’estomac. Plus tard dans la journée lorsqu’en compagnie de Joel elle effectue la visite d’une maison à vendre pour des clients, elle est aux prises à d’interminables nausées jusqu’à ce qu’elle éjecte un mystérieux organe. Dès lors, elle n’a d’appétit que pour de la viande crue, mais une fois qu’elle goûte aux membres de son collègue (Nathan Fillion), seule la chair humaine parvient à apaiser sa faim. Heureusement qu’elle peut compter sur une famille compréhensive; sa fille Abby (Liv Hewson) l’amène chez son voisin et ami Eric (Skyler Gisondo) dont le diagnostic est sans appel : elle est devenue un zombie. Quant à Joel, il fait tout ce qu’il peut pour que son épouse ne meure pas de faim, mais dénicher l’humain parfait et sans attaches (pour qu’il ne manque à personne) est plus ardu qu’il ne l’imaginait. C’est encore plus difficile considérant que leur voisin Dan (Ricardo Chavira), le shérif local les a constamment à l’œil.
C’est la prémisse même qui pose problème lorsqu’on entame Santa Clarita Diet. C’est qu’on opte tout simplement pour le raccourci scénaristique en ne tentant pas d’expliquer les causes de la transformation de Sheila. Le diagnostic d’Eric, un adolescent renfermé leur suffit et la peur que ce zombie ne devienne l’attention des médecins est l’excuse idéale pour que toute la famille continue malgré tout son petit bout de chemin. En conséquence, la ligne directrice est floue et nous dissuade d’enchaîner toute la série, bien que l’entièreté des épisodes soient à notre disposition.
C’est surtout ce mélange d’absurde et de réalisme qui vient bousiller la fiction au grand complet. En effet, d’une part nous avons Sheila transformée qui se régale de boyaux d’estomac et de chair avec Joel et Abby qui à peine choqués, acceptent son nouvel état. D’autre part, on les voit plus terre à terre à continuer de vendre des maisons à leurs clients et s’inquiéter du fait qu’ils pourraient être accusés de meurtre. Pour que ce soit plus cohérent, il aurait fallu que le mari et la fille soient eux aussi « infectés ». Prenons en exemple la célèbre famille Adams. Ses membres vivent dans une ambiance gothique et c’est son contact avec les gens normaux qui crée un contexte ludique. Avec Santa Clarita Diet, on ne se laisse tout simplement pas prendre au jeu quand on les voit parler le plus calmement du monde à propos du prochain « repas » de Sheila. En conséquence, le jeu de Drew Barrymore et de Timothy Olyphant sonne on ne peut plus faux, tels des acteurs de seconde zone.
Étant donné que ces deux-là sont aussi producteurs exécutifs de la série et que celle-ci se termine sur un énorme cliffhanger (à en croire d’autres critiques qui ont eu la patience de se rendre jusqu’à la fin), nul doute qu’il y aura une seconde saison. C’est de toute façon une habitude lassante du côté de Netflix. Quant à Z : The Beginning of Everything, les mécontents pourront toujours attendre d’autres portraits de cette femme sulfureuse. En effet, deux films sur la vie de Zelda vont voir le jour prochainement : The Beautiful and the Damned mettant en vedette Scarlett Johanson et Zelda avec Jennifer Lawrence.