Lettre ouverte à François Fillon
Monsieur le candidat de la droite et du centre,
Lors de la primaire de la droite et du centre je me suis permis de m'inscrire et de voter pour vous aux deux tours.
Si j'ai voté à cette primaire de la droite et du centre, je dois vous l'avouer, ce n'est pas parce que je sais être de droite ou du centre, mais parce que je sais qu'au moins je ne suis pas de gauche, ce dont je me félicite quand je vois comment elle se comporte avec vous.
Depuis que je vote en France, je n'ai jamais voté pour un homme mais pour des idées, pour les idées les moins éloignées possible des miennes. Je n'ai donc pas voté pour vous en tant que personne, aux deux tours de cette primaire, mais pour des points essentiels du projet que vous défendez.
Ce projet pour la France ne me satisfait certes pas complètement, non pas parce que, contrairement à ceux qui le caricaturent, il serait radical, mais parce qu'il n'est qu'un tout premier pas vers une société vraiment libre que j'appelle de mes voeux.
Cependant il faut bien commencer par un bout et ne pas remettre toujours à demain de mettre l'ouvrage sur le métier sous prétexte qu'il ne comble pas tous ses voeux. Votre projet de redressement du pays, de rupture avec le désordre établi, comme vous dites, est en tout cas de bon augure si vous le menez à bien.
Vous vous êtes donné trois priorités:
- la libération de l'économie
- la restauration de l'autorité de l'État pour protéger les Français
- l'affirmation de ce que vous appelez nos valeurs.
Une société libre passe effectivement par une libération de l'économie et près de la moitié des quinze mesures phares que vous préconisez sont consacrées à cette libération indispensable au redressement du pays.
Par restauration de l'autorité de l'État, vous entendez notamment celle de ses fonctions régaliennes. Je ne peux que regretter que l'État tel que vous le concevez ne se limite malheureusement pas aux dites fonctions.
Mais, comme dit plus haut, je ne veux pas bouder mon plaisir: votre projet est un bon préalable et je serais déjà bien heureux, si État il doit y avoir, que ces fonctions soient au moins assumées par lui, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Du fait que vous êtes pour certaines interventions de l'État que je réprouve, nous n'avons pas tout à fait les mêmes valeurs, mais nous en avons suffisamment en commun, et c'est ce que je veux retenir dans l'immédiat.
Les miennes, principales, toutes liées entre elles, sont en effet:
- le respect des droits de propriété au sens large
- la liberté,
- la responsabilité,
- la sécurité des biens et des personnes.
Après avoir été déstabilisé par les attaques dont vous avez été l'objet ces derniers jours, vous vous êtes ressaisi et vous avez compris qu'au-delà de votre personne c'était bien ce projet de rupture qui vous les valait et qu'il dérangeait déjà trop.
Et, maintenant, après vous avoir entendu, ce n'est plus seulement votre projet que je soutiens, mais votre personne.
Votre projet bouscule les gens du système, remet en cause leurs sinécures et leurs prébendes: c'est pourquoi ils veulent avoir votre peau.
Vous avez montré ce soir, face à ces chiens qui aimeraient tant que vous renonciez, une résilience qui force mon admiration. Et rien ne peut justifier à mes yeux que votre honneur et celui de votre femme Pénélope aient pu leur être livrés.
Alors, je vous souhaite bon courage, Monsieur Fillon. Car soyez sûr que ces chiens ne vous lâcheront plus maintenant qu'ils ont trouvé vos os à ronger.
Ce soir, en tout cas, pour ma part, vous n'êtes plus simplement le candidat de la droite et du centre, mais celui de la France.
Je vous présente tous mes respects, Monsieur, et j'espère que, comme on dit, un François chassera l'autre, et ses héritiers...
Francis Richard