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Le fils rompu, de Caroline Petitat Robet

Publié le 07 février 2017 par Francisrichard @francisrichard
Le fils rompu, de Caroline Petitat Robet

C'est toi qui ne croyais plus en Dieu qui m'a entraînée. Me défaire d'un héritage religieux austère, de peurs accumulées, pour comprendre ce qu'est la vraie foi. Une espérance sans voix. Une adhésion simple et libre. Vivre l'instant présent. Rendre grâce au fil des jours.

Caroline Petitat Robet a écrit le récit d'une mère, Le fils rompu. Ce fils, c'est Jean, qui ne croyait plus, mais qui l'a entraînée. Et pourtant cet entraînement ne s'est pas fait sans souffrance. Une amie, porteuse d'une maladie incurable, lui a dit un jour:

L'important ce n'est pas la souffrance. La souffrance ne sert à rien. C'est ce qu'on vit dans la souffrance. Ça ouvre les écoutilles.

Le 29 novembre 2012, la nouvelle éclate comme une bombe, tombe comme un couperet: Jean est atteint d'un cancer. Il va s'écouler quinze mois avant l'échéance fatale, à 29 ans. Pendant ce temps-là, elle va découvrir son fils sous un autre jour.

Le récit qu'elle fait de ces quinze mois n'est pas rectiligne. Il emprunte des allers et des retours dans le temps. Il fait des incursions dans les années précédentes. Et, peu à peu, le lecteur voit se dessiner le portrait de ce fils qui la transforme.

Le récit n'est pas non plus écrit tout du long à la première personne. Il est des moments où par inadvertance une voix narratrice s'introduit: Le "je" devient "elle". Le "tu" se transforme en "il". Ce sont des moments de mises à distance nécessaires.

Jean a vingt ans quand il part pour la Finlande. Il y travaille dans le commerce international. Tout lui sourit là-bas, à l'exception peut-être de la fin d'une relation amoureuse, à mi-parcours. En fin de parcours, ce sont douleurs au ventre, découverte de polypes lors d'une coloscopie...

En fait, les analyses révèlent non seulement un cancer mais une maladie génétique, la polypose adénomateuse familiale, rare à son âge. Six mois plus tard, en mai 2013, Jean subit une opération du colon, insuffisante. La chimio, alors? Peut-être...

Quelques mois plus tard, à la fin de l'automne, il quitte définitivement la Finlande, pour se rendre chez ses parents, qui se trouvent alors en France, à Rennes, et y mourir, début 2014. Jusqu'au bout Jean témoigne d'une grande lucidité et maîtrise de lui-même.

Caroline Petitat Robet a besoin de parler de ses relations de mère à fils pendant ces mois. Ils se sont soutenus l'un l'autre, sans se confier leurs moments de faiblesses. Et finalement ils sont tous deux sortis grandis de cette épreuve avant séparation définitive.

Les amis de Jean ont fait la promesse de bâtir son dernier projet, une caravane sauna. Leur spiritualité en action sauve aujourd'hui Caroline de la désespérance. Certes ils ne fréquentent pas comme elle les églises, mais leur sincérité [la] pointe vers l'Évangile:

Ils guettent l'essentiel à ne pas lâcher: l'humain de l'homme.

Francis Richard

Le fils rompu, Caroline Petitat Robet, 160 pages, Salvator

Caroline Petitat Robet, originaire de Bretagne, vit actuellement en Suisse. Elle est engagée dans le mouvement ATD Quart-Monde depuis 1975.


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