Le football... On ne peut vraiment pas dire que je sois fan de ce sport joué par des manchots pré-pubères dont les agissements les rapprochent plus de la comedia dell'arte que de ce que j'appelle du sport. Et je ne parle bien entendu pas des hordes écumantes (Desproges quand tu nous tiens...) qui s'en donnent à cœur joie dans les travées des stades pour hurler leur haine de l'autre parce qu'il porte un maillot d'une couleur différente mais qui le dimanche vont voter pour faire leur devoir républicain et faire barrage aux racistes du FN. Ah ah ah cherchez l'erreur. Bon ceci étant dit, je ne suis pas sectaire non plus et il peut m'arriver de lire un bouquin dont le thème principal est... le football !
John King est né en 1960 à Slough, grande ville située à 34 km au sud de Londres. En 1998 il écrit son premier roman, "Football factory" où il parle des sujets qui le passionnent : le football, la violence, le punk rock ; trois thèmes qui deviennent de la TNT lorsqu'ils sont associés. Ce bouquin donc, est celui qui fait connaitre son auteur et qui lui a permis de lancer une carrière de romancier qui compte à ce jour six bouquins supplémentaires. King a exploité un filon qu'il maîtrise et dont les seuls titres de ses romans donnent un aperçu : "Skinheads", "White Trash", "Human Punk" ou encore "La meute". Amateurs de poésies sucrées passez votre chemin, avec John King, on boit de la bière frelatée, on se chauffe entre mecs et on se met des grandes tartes dans la gueule si on dit du mal du club de Chelsea. Et... c'est à peu près tout. Alors oui c'est efficace, on sent le goût du sang des bastons entre supporters, on a même le goût de la bière brune du pub le soir, et on ressent la peur lorsqu'on tombe dans un guet-apens tendu par les hordes d'en face. On a même l'impression d'être assis avec le narrateur sur une de ces banquettes en skaï d'un pub crado de seconde zone après quelques bières, quand la vision se trouble et qu'il faut parler à la nana libidineuse maquillée comme une voiture volée à qui il fait du gringue depuis une heure en espérant ne pas rentrer seul. Alors oui c'est du brutal et ça sonne juste. Mais après plusieurs chapitres, l'effet nouveauté passée, le bouquin a tendance à se répéter. Faut dire que hurler sa haine de l'autre en célébrant Chelsea et en insultant les flics, on en a vite fait le tour. Les successions de bastons ont tendance à étaler un peu trop la sauce. Il est un peu dommage que l'auteur ne prenne pas un peu ses distances avec le récit brut et ne se sorte pas un peu plus du premier niveau de lecture. Mais pris pour ce qu'il est, ce bouquin est d'une efficacité brute et totale. Comme son propos.
Extraits : "Dérouiller un mec à mort, c’est le plaisir pur. Les oreilles qui bourdonnent. On peut bien déguiser la violence comme on veut, mais c’est toujours la violence. Pourquoi faire semblant, pourquoi justifier ses actes ? Toutes ces têtes de nœud, avec leurs histoires de politique et d’atteinte à la morale, se fourrent le doigt dans le cul. Des mecs de Cardiff que l’on course dans Fulham Road, et à qui Chelsea colle une branlée, c’est ça la vie."
"- Je suis marié, mon pote. Et une fois que tu as passé la bague au doigt d’une bonne femme, on n’a plus rien à te demander. Quand tu te maries, peu importe ce que tu peux bien faire de ton corps. C’est pour mon esprit que Mandy m’aime.
- Quel esprit ? Le peu d’esprit que tu as, il est coincé entre tes jambes.
- Et celui-là, je l’entretiens. Quinze fois par nuit, réglé comme une horloge. Je suis une machine à baiser. Même bourré de bière, je la baise dur comme un bâton. Quinze fois par nuit, chaque nuit, sans exception.
- Disons plutôt une fois par mois. Enfin, une fois par mois avec Mandy. Parce qu’en douce, tu es un fils de pute."
John King - Football Factory, Editions de l'Olivier . 368 pages, 20 €.