Sarah Hutzler et Joseph Kainz
Née en 1873 à St Louis, Missouri, d'un père négociant allemand, l'écrivaine Sarah Hutzler épousa en 1886 en troisièmes noces l'acteur Joseph Kainz, qui jouait alors au Deutsches Theater de Berlin. Elle publia les lettres que reçut l'acteur du Roi Louis II de Bavière en 1881 dans le numéro 27 du Gartenlaube paru la première semaine de juillet 1886, soit peu de peu de temps après la mort du Roi. Ainsi le grand public fut-il dès la mort du Roi informé de cet épisode aujourd'hui fameux de la brève relation qu'entretint le Roi Louis II avec celui qui allait devenir un des plus grands acteurs de son temps. Voici la première partie de notre traduction de l'article de Sarah Hutzler dans le Gartenlaube.
Début de l'article de Sarah Hutzler dans le Gartenlaube
"Le Roi Louis II à Joseph Kainz
Les lettres qui vont suivre ont été écrites par le Roi Louis. Elles m'ont été confiées pour un motif particulier par le destinataire il y a environ un an et ont éveillé mon plus grand intérêt; d'abord parce qu'elles ont été écrites de la propre main du roi, et également parce que les grands traits fermes qui caractérisent la signature du roi, couplés avec l'obliquité quasi désemparée des lignes montantes sont en claire contradiction avec la simplicité et la clarté du style royal. Les lettres sont longtemps restées intactes dans mon bureau. La triste nouvelle de la mort subite du monarque attira à nouveau mon attention vers elles. Alors que je lisais les différentes parties de ces lettres empreintes des sentiments les plus chaleureux et d'un enthousiasme pour l'Art des plus sincère, j'eus le sentiment que je n'avais pas le droit de les soustraire à l'attention de ceux qui pourraient partager mon intérêt un intérêt pour les paroles venues du coeur qui sont reproduites dans les écrits qui vont suivre. J'en retranscris le contenu aussi littéralement que possible, après avoir demandé pour ce faire l'autorisation du jeune artiste à qui elles sont adressées, et lui ayant promis de couper les passages qui concernaient sa personne de manière trop personnelle. Si malgré cela il est resté beaucoup de qui concernait la louange personnelle de l'artiste, j'en demande ici pardon au destinataire! Les lettres sont dans l'orthographe du roi avec la reproduction fidèle de toutes ses particularités. Une partie du contenu de la première, la deuxième et la troisième lettre, parle pour elles-même. D'autres nécessitaient des explications que le destinataire m'a fournies très précisément et qui ont été ajoutées aux endroits appropriés.
Josef Kainz (photo hors article;
source: UB-FRankfurt)
Cher monsieur Kainz,
Encore sous l'impression de votre jeu et de votre lettre qui m'a causé un plaisir profond, j'ai vraiment à cœur de vous dire que c'est moi qui vous dois des remerciements.
Vous m'avez exprimé les vôtres avec une si pénétrante émotion, que je ne puis faire autrement que vous faire connaître personnellement ma joie par ces lignes, que j'écris en y mettant toute mon âme. Les soirées du 30 avril, du 4 et du 10 mai restent gravées en lettres d'or dans ma mémoire. Que les magnifiques succès qui ont couronné vos débuts vous accompagnent dans votre carrière si dure, mais si belle, si glorieuse! Croyez bien que je forme des vœux sincères pour votre prospérité. Je vous envoie, cher monsieur Kainz, mes meilleures salutations et l'assurance de mes sentiments amicaux.
LOUIS. Berg, le 11 mai (12 au matin) 1881.
Dans sa simplicité, la première lettre du Roi parle d'elle-même. Une adorable gentillesse émane de la simplicité du ton cordial du Roi, elle continua par la suite de se manifester dans ses rapports avec le jeune artiste."
( A suivre)