" Alors le petit deuxième, c'est pour quand ? "
Ah ne l'ai-je pas entendu cette question ?
Et n'ai-je pas eu tout autant de difficultés à y répondre.
Voyez-vous, aussi improbable que cela puisse paraître pour beaucoup (apparemment) et bien je ne sais pas. Je ne sais mais alors vraiment pas.
Et bien que la décision d'avoir un enfant se prenne à deux, permettez-moi ici de parler à la première personne. Parce que oui, il n'y a bien que moi qui sois si indécise.
Je ne sais vraiment pas. Je ne réponds pas aux questions de façon si évasive parce que je n'ai pas envie de vous répondre. Je ne cherche pas non plus à rester mystérieuse.
Non ce n'est pas une façon de vous rappeler que cela ne vous regarde pas.
Je ne sais vraiment pas.
" Mais Archie ne va pas rester fils unique tout de même ! "
Ouch... Le commentaire qui frappe en plein coeur. Celui-ci me laisse toujours K.O.
Dis comme ça forcément que j'ai envie de vous répondre " non bien sûr, je ne vais pas faire ce choix si égoïste et cruel que de ne pas donner à mon fils une fratrie, une identité, l'appartenance à une " vraie " famille...
Mais ce n'est pas aussi simple que ça.
" Mais tu as envie n'est-ce pas ? "
Je crois oui... Je n'ai pas l'impression que la boucle est bouclée.
" Alors tu attends quoi ? "
Et bien je ne sais pas. Je me répète n'est-ce pas ? C'est agaçant vous trouvez ? Imaginez un instant alors être à ma place. La place de la personne qui d'habitude est si certaine de ses choix, qui quand elle veut quelque chose, elle y dédie toute son énergie. Et imaginez ne pas savoir.
C'était pourtant si facile la première fois. De prendre la décision je veux dire. Nous voulions avoir un enfant. JE voulais tellement cet enfant. Et il est merveilleux.
Mais voyez-vous, cette fois, je ne sais pas. Je ne ressens pas cette urgence. Que des décisions raisonnées, des craintes, des élans aussi soudains que changeants.
Alors quand je réponds à toutes ces questions, j'essaie toujours de me justifier. Comme s'il était indispensable pour moi d'expliquer mes pensées les plus intimes. D'expliquer pourquoi notre famille ne correspond pas au schéma classique de la famille modèle et de ses deux enfants et leur 2 ans d'écart.
J'explique alors à demi-mots les difficultés de la première grossesse qui n'a pas été facile à vivre. Des séquelles d'un accouchement qui m'a endommagé la colonne.
Parfois je me donne comme excuse le travail. J'aime bien mon travail tel qu'il est maintenant.
D'autre fois, certains pensent que c'est parce que j'ai peur de me perdre de nouveau dans un corps qui ne m'appartient plus.
Et puis nous on se dit, parfois, qu'on est bien là, comme ça à trois. Sûrement qu'on serait mieux à quatre. Qui sait ?...
Alors non, je ne sais pas quand viendra le petit deuxième. Nous ne savons pas. Et c'est ainsi que nous répondrons à cette question, avec cette gêne dans le regard et ce sourire timide.
Mais nous savons que quand il sera là, nous serons tous les trois fiers, peu importe quand ce sera.
A bientôt ❤