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Erratum : la victoire du Khan contre Marcel Moineau “légèrement” remise en cause.

Publié le 24 juin 2008 par Herbertlegrandkhan

Emportée dans son élan, la rédaction a peut-être été un peu vite en besogne en publiant le récit édifiant de la victoire du Khan contre Marcel Moineau. Après enquête et arbitrage vidéo, il se pourrait que nous ayons “légèrement exagéré” la victoire du grand Khan. Il se pourrait même, à la rigueur, que l’on puisse considérer ce match comme une demi-défaite… Bon d’accord, n’y allons pas par quatre chemins : le Khan s’est fait écraser comme une jouvencelle dans un combat de sumos !

Dans le métier, on appelle ça une “elkabbacherie” ou une “pujadaserie”. Voyons donc le récit impartial et objectif des événements :

Il était 16h15 quand le Khan entra dans le gymnase du collège. Il régnait une chaleur étouffante, lourde, saturée en humidité. Malgré son apparente assurance, le doute avait envahi chaque recoin de son esprit. Que représente l’enthousiasme face à l’expérience et la méchanceté ? Le Khan est tendre et innocent comme l’aiglon qui contemple la terre depuis ses falaises. Marcel est un sportif surentraîné qui joue au badminton depuis huit ans. En 2006, il a même atteint les quart-de-final aux départementaux du Cher, excusez du peu… Jusqu’à présent, le plus grand exploit d’Herbert était d’avoir vaincu Baptiste, un Breton débutant, dans un match de simple.

Le vent humide s’engouffra par la porte ; un frisson lui parcouru l’échine. “Tu trembles carcasse, mais tu tremblerais davantage si tu savais où je vais te mener.” Dehors, les arbres se balançaient mollement et les oiseaux sifflaient avec indifférence.

Plusieurs professeurs étaient venus assister au match, avides de sang, comme la foule agglutinée sur la place de Grève pendant la terreur. « Le Khan se voyait devant une foule exaspérée, en face du peloton d’exécution, pleurant du malheur qu’ils n’ai pu comprendre, et pardonnant ! - Comme Jeanne d’Arc ! - “Prêtres, professeurs, maîtres, vous vous trompez en me livrant à la justice. Je n’ai jamais été de ce peuple-ci ; je n’ai jamais été chrétien ; je suis de la race qui chantait dans le supplice ; je ne comprends pas les lois ; je n’ai pas le sens moral, je suis une brute : vous vous trompez… »

Le Khan perdit le tirage au sort pour décider l’engagement. Ce fut la première d’une longue série de défaites… Marcel fit un service court, travaillé au fil des années. Le Khan répondit d’un geste maladroit et propulsa le volant hors des limites latérales. 1-0. Le deuxième service obligea le noir seigneur à reculer de plusieurs mètres aux limites du terrain, puis il se contorsionna pour dégager le volant d’un geste mal assuré. Quand il eut analysé la trajectoire, le regard de Marcel brilla d’un éclat malsain. Il bondit en direction du filet et frappa le volant avec férocité. Le Khan assista à la scène avec impuissance. 2-0.

Au troisième engagement, le seigneur des steppes berrichonnes dégagea le volant d’un mouvement rapide et puissant. On sentit dans ce geste l’expression d’une force incommensurable. Le volant s’éleva dans les airs, loin, loin, et Marcel le regarda disparaître aux confins du gymnase. À cet instant, une aura semblait entourer le Khan : Arès, dieux de la guerre, de la folie et de la démesure se tenait à ses côtés… mais cela faisait quand même 3-0. Éris, Déimos et Phobos, la discorde, la terreur et la peur panique dansaient avec Herbert sur le terrain. Il se démenait comme un démon, mais plus de la moitié de ses coups finissait hors des limites du terrain. Les deux genoux à terre, il imaginait déjà son épitaphe : “Les terrains de badminton étaient trop petits pour un si grand homme.”

Comment peut-on expliquer de façon rationnelle cet enchaînement incroyable de fautes directes ? C’est très simple : dans cette rencontre, les deux compétiteurs utilisaient des volants en plume d’oie de 5 grammes, conformément aux règles de la fédération internationale de Badminton. Or, le khan s’entraîne habituellement avec des volailles vivantes, en l’occurrence des poulets de 1.5 kilo qu’il achète au marché. Pour dégager un poulet depuis le fond du terrain, il faut donner un coup de raquette formidable. Le même coup de raquette dans un volant de 5 grammes ne peut pas donner de bons résultats.

Vous me direz : “Le smash possède normalement une trajectoire rectiligne, cela ne devrait pas poser de problèmes.” Certes, à condition de viser le terrain… C’est là qu’intervient le deuxième problème du grand Khan : Il est habitué à viser son adversaire afin d’installer la terreur dans son esprit. Cette stratégie a porté ses fruits contre de multiples Bretons mais elle s’est révélée tout à fait inefficace contre un professeur d’EPS. En effet, Marcel Moineau enseigne régulièrement le lancer de javelot à ses élèves. Apprendre à éviter les projectiles est pour lui une question de survie. À chaque fois que le Khan visait les yeux, l’épaule, la rate ou l’oreille, il esquivait le volant dans un éclair.

Parfois, Marcel apercevait l’ombre des fils d’Arès et commettait une faute directe qui permettait au Khan de marquer quelques points. Hélas, Marcel Moineau dominait toujours les échanges. Le Khan ne voyait aucune sortie possible et perdait peu à peu sa lucidité. “Extase, cauchemar, sommeil dans un nid de flammes. Que de malice dans l’anéantissement de mes rêves”. La fin du premier fut un parfait désastre. Le Khan, brisé, vaincu, humilié commis successivement 8 fautes directes, qui permirent à Marcel de l’emporter 21 à 14.

Avant le deuxième set, il tenta de rassembler ses esprits et calmer les battements affolés de son cœur. À 13h00, il avait participé au match de foot profs-élèves dans le même chaudron. (Remporté 6 à 5 par les professeurs). Ses jambes et son bras étaient lourds ; son sang s’était figé comme la sève d’un arbre abattu. Pour ne rien arranger, le Khan était endolori de multiples courbatures accumulées pendant le week-end. Pour finir, la douleur s’était réveillée dans son bras droit, lointaines séquelles d’une déchirure musculaire.

Le deuxième set commença comme le premier. Marcel se battait comme un sauvage et profitait des élancements douloureux qui paralysaient son adversaire. Le Khan plongea dans une longue introspection. Il se remémorait les enseignements de la philosophie épicurienne : - Ne pas craindre les Dieux. - Ne pas craindre la mort. - Ne pas craindre la douleur et réaliser son bonheur. Mais comment restaurer l’équilibre de ses atomes et accepter la douleur sans tirer dans le filet ? Pendant qu’Herbert songeait à l’impact des préceptes épicuriens sur le badminton, son adversaire en profitait pour aligner les points. 14-8, 18-12… Le match approchait lentement de son issue. Marcel menait 20 à 14. Il décida de jouer un moment avec le Khan comme un chat cruel s’amuse avec une souris. Il remporta finalement le set 21 à 18. Le Khan alla déposer sa raquette aux pieds de Marcel qui gonflait la poitrine avec la fierté de Marius. (Le héros de Pagnol, pas le général romain. ;-))

Pour information, une revanche a eu lieu après ce premier match. Le Khan a perdu le premier set 16-21 avant de remporter les deux suivants : 21-10 et 21-8. Afin, de ne pas nuire au prestige de Marcel, cette information ne connaîtra pas davantage de publicité.
;-)

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