La semaine dernière j’ai vu un échange entre une dame participant à la campagne électorale de M. Fillon et un passant. Celui-ci s’était montré sévère à l’égard du candidat. La dame lui opposa alors cet argument définitif : « Il n’est pas le seul ! ». Admirable réponse qui montre la morale de certains partisans de ce candidat. Il n’est pas le seul. Peut-être, et alors, qu’est-ce que cela change ?
Ceci me conduit à la remarque suivante. Toute société humaine se dote de lois. Pour que les lois soient respectées, on définit des sanctions pour ceux qui ne les respectent pas. L’expérience prouve que l’on ne parvient pas à mettre la main sur tous ceux qui ont enfreint la loi. Faudrait-il alors, dans on ne sait quel souci d’équité, ne pas poursuivre les infortunés qui se sont fait prendre ? Par infortunés, je songe à ceux qui n’ont pas eu de chance, pas à ceux dépourvus de fortune. Si on adoptait cette attitude, on se trouverait conduit à ne condamner personne. En conséquence, en l’absence de toute sanction, le plus simple serait de supprimer des lois qu’on est incapable d’appliquer. Avancer ainsi « Il n’est pas les seul », c’est réduire à néant les fondements de toute société civilisée. Bravo !
Je fais aussi une deuxième remarque. Si, il est le seul ! Avec les autres candidats à l’élection présidentielle, M. Fillon est l’un des quelques hommes politiques qui briguent la magistrature suprême. Cela les distingue des autres citoyens : lui, il aspire à représenter et diriger la France. On attend donc de sa part un comportement irréprochable. Peu importe que d’autres, avec moins de responsabilités, enfreignent la loi. Voici un très beau texte, prononcé à Tours, le 10 avril 2007, par un de nos anciens Présidents, en campagne.
« Il ne faut pas être candidat à la présidence de la République si l’on n’est pas prêt à s’imposer davantage de devoirs que les autres. Parce qu’un président de la République, c’est quelqu’un qui n’a pas plus de droits, plus de privilèges et moins de devoirs, mais quelqu’un qui au contraire a moins de droits, moins de privilèges que quiconque et plus de devoirs. Il ne faut pas être candidat à la présidence de la République si l’on ne se sent pas capable de donner l’exemple et de s’imposer à soi-même les sacrifices que l’on demande aux autres. »
Tant d’abnégation me sidère, l’émotion me submerge. Et si vous m’opposez que M. Fillon n’est en rien tenu par les promesses de M. Sarkozy, je vous invite à vous reporter au discours que M. Fillon a prononcé le 18 novembre 2016 à Paris, au Palais des sports, avant le premier tour de la primaire.
« Au sommet de l’Etat, l’intégrité du Président et de ses ministres doit être irréprochable car il n’y a pas d’autorité sans exemplarité. Les élus sont des personnes à qui le peuple souverain confie provisoirement une part du pouvoir que lui seul détient. Cette confiance, nous devons l’honorer. L’Etat et son chef ne peuvent pas demander aux Français de se dépasser, ils ne peuvent exiger des citoyens qu’ils respectent les lois, si le soupçon est au cœur de l’Etat. Voilà ce que je crois, et il fallait bien quelqu’un qui se lève pour le dire. »
Tout aussi émouvant que celui de son prédécesseur. Non, vraiment, il est le seul.