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Ecotaxe, le retour !

Publié le 12 février 2017 par Delanopolis
Christiane Chavane ne veut plus payer ! Ecotaxe, le retour ! La Cour des Comptes ne déroge pas à ses habitudes d’épingler les mauvaises affaires de la république, mais on sent quand même que le fait qu’elle soit dirigée par un socialiste modifie un peu la donne.

S’il est d’usage de sa part de pointer des gabegies inutiles, il est moins courant de s’immiscer dans le débat politique en préconisant un impôt. Maintenant, c’est fait. Pourquoi sortir ça maintenant ? Un signe pour dire aux futurs candidats que ce serait bien qu’ils remettent ça ? L’Eco-taxe fut un échec, que Ségolène Royal a arrêté non par civisme afin d’éviter une nouvelle taxe inutile, mais par crainte des bonnets rouges. Il en coûte environ 1 milliard d’euros afin d’indemniser Ecomouv, la société mise en place pour racketter les camionneurs, et parce qu’un certain nombre de superbes portiques blancs truffés de caméras comme des points noirs sur un ado acnéique enjambent désormais nos routes.

Selon la Cour, le manque à gagner serait de 10 milliards (précision qu’elle n’a pas donnée : sur 13 ans, mais c’est comme avec Pénélope, quand on donne le chiffre global ça fait plus gros).

Critiquée, Ségolène se défend en disant que c’est Fillon qui a signé le décret d’application de cette stupidité avant de quitter Matignon. C’est évidemment un mensonge complet. Ségolène n’est pas entièrement coupable, on lui a refilé le bébé lorsqu’elle est arrivée au gouvernement et elle a dû reculer devant les bonnets rouges Elle a bien essayé (mollement) de trouver une porte de sortie, mais quel que soit le choix qu’elle aurait pu faire, indemniser Ecomouv était incontournable tant le contrat était mal ficelé. Mais Fillon n’y est strictement pour rien. Du reste notre ex premier ministre n’avait guère le choix puisque Sarkozy, comme d’ailleurs la plupart des autres candidats à la présidence de 2007, y compris Ségolène, était allé lécher les babouches de Nicolas Hulot qui leur avait dicté ses desiderata, et tous avaient eu la bêtise d’y souscrire (ce qui me fait dire qu’aucun ne méritait d’être élu).

Revenons à nos moutons et à la réalité : le contrat entre Ecomouv et le gouvernement a été signé par un haut fonctionnaire de l’Equipement après accord écrit des protagonistes de l’affaire, à savoir NKM, Valérie Pécresse et François Baroin. Comme par hasard 3 Sarkozystes. Puis le gouvernement Fillon s’est occupé de gérer les affaires courantes jusqu’aux élections. C’est seulement le gouvernement suivant, en l’occurrence celui de Jean Marc Ayrault, qui a bien signé le décret d’application et a lancé le programme et non pas Fillon. Imagine- t-on cinq secondes qu’un gouvernement socialiste puisse se priver d’un impôt inventé par ses prédécesseurs ? Même pas en rêve. L’appât du pillage est bien trop tentant.

Or l’Eco-taxe est bel et bien une folie délirée par NKM dans le cadre du Grenelle de l’environnement, avec le prétexte d’harmoniser les règles européennes. Elle qui aurait augmenté de 3 à 10 % le coût du transport selon les régions et donc renchérit de facto le prix des matières transportées pour le consommateur.

C’est une escroquerie d’abord par la méthode : Ecomouv est un partenariat public-privé dont les actionnaires sont Autostrada Per l’Italia (groupe Benetton) pour 70 %, SNCF, Thales, SFR et Steria.

Curieusement la société de conseil qui a travaillé sur le dossier pour le gouvernement (Rapp Trans) est une filiale de Autostrada. Or Autostrada a évidemment gagné l’appel d’offre contre un concurrent. Il y a eu plainte, le plaignant a été débouté. Tout va bien.

Mais plus curieusement encore, alors qu’il est habituel de reverser 2-3% au partenaire public privé dans ce genre de business, Ecomouv se serait goinfré 20% des recettes. De plus, si une clause précise qu’en cas d’abandon par le gouvernement, Ecomouv doit être indemnisée, il n’y a rien dans l’autre sens, si les prestations ne sont pas à la hauteur.

Mais à l’escroquerie sur la forme s’ajoute l’escroquerie sur le fonds. De quoi parle-t-on ? De faire payer les poids lourds de transit qui traversent la France, mais aussi les poids lourds français, à qui l’on ne supprime pas pour autant la taxe à l’essieu (972 euros par an et par camion en 2011) qu’ils sont évidemment seuls à payer. Pour faire comme en Allemagne, Autriche, République Tchèque entre autres. Sauf qu’on oublie un petit détail : l’Allemagne, l’Autriche et la République Tchèque ont un réseau autoroutier GRATUIT.

Or c’est bien pour entretenir ce réseau qu’ils ont mis en place un système de péage poids lourds, et non pour les routes secondaires. Et encore si l’Allemagne et l’Autriche ont adopté une usine à gaz comme l’Eco-taxe, la Tchéquie a choisi le principe bien plus simple d’une vignette que l’on peut acheter à l’année, au mois, à la semaine. Les pays comme l’Italie et l’Espagne dont les autoroutes sont payantes se sont bien gardés de pourrir la vie de leurs routiers en leur faisant payer le reste du réseau. Or les poids lourds de transit passent essentiellement sur le réseau autoroutier ; ce sont donc bien les dessertes locales qui se seraient vu le plus pénalisées par cette nouvelle forfaiture. Et comme toujours, nos routiers à nous !

Le seul endroit où il fallait faire quelque chose est la portion d’autoroute gratuite entre Strasbourg et Mulhouse, puisque les routiers de transit refusant de payer côté Allemand s’étaient mis à traverser le Rhin. Qu’à cela ne tienne, installer un péage poids lourd sur le chemin aurait coûté moins cher que saupoudrer la France de portiques.

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