France Culture interviewait des explorateurs qui se sont aventurés dans les communes du FN. Cela m'a fait penser à un film de Rohmer. Arielle Dombasle est une Parisienne qui découvre la campagne et s'extasie "oh, une vache...". Là, c'était plutôt "oh un Français".
Qu'est-ce qui fait la séduction d'un maire FN ? Curieusement, ce sont des attentions infimes. Ses électeurs se sentent considérés ? C'est aussi quelqu'un qui est présent, que l'on voit (le maire ordinaire vivrait-il dans une tour d'ivoire ?). Le nouvel électeur FN n'a pas d'opinion politique très ferme, semble-t-il. Il illustre peut-être bien ce que dit mon cours sur la communication : votre communication est efficace, si elle donne de vous une image d'honnêteté. Il semble, effectivement, que ces nouveaux électeurs pensent que Marine et Marion "y croient". Elles ont une fraîcheur bienvenue. Rien à voir avec le politicien frelaté. Et, peut-être, pour cela, ils leur pardonnent quelques errements ?
Le plus surprenant, pour les participants de l'émission, était qu'une jeune homosexuelle puisse voter FN. Explication : quand elle cherche du travail, on lui préfère des Roumains. Ce qu'exprimait aussi l'interview était à quel point les journalistes de France Culture, eux, sont attachés aux idées. Rassurez-nous, Marine Le Pen n'a renoncé qu'en apparence aux thèses de son père, disaient-ils. Elle valse bien avec des Nazis, à Vienne. C'est bien le Diable, cette femme ! Mais est-ce important pour celui qui est en difficulté ? Et s'il préférait un Satan qui a de l'empathie, à une machine intellectuelle qui le méprise ?