Magazine Politique

Pesticides. l'enfermement français.

Publié le 19 février 2017 par Blanchemanche
#pesticides #FranckDubourdieu

Franck Dubourdieu

PESTICIDES. L'ENFERMEMENT FRANÇAIS.

Mise à jour le 6 02 2017

RÉSUMÉ
Depuis 20 ans on accumule dans le monde de nombreuses études qui établissent un lien entre l'usage des pesticides et de nombreuses maladies graves. En 2013, L ' I N S E R M publie un recueil alarmant de 2000 pages sur l’épidémiologie internationale. L'Etat français et les institutions en charge de la santé des travailleurs agricoles ont mis en place un système totalement insuffisant concernant l'homologation des substances, les règles d'utilisation et le suivi des intoxications. Les travaux de trois sociologues confirment que ce bouclier réglementaire entretient la sous-évaluation des risques et la méconnaissance des pathologies à long terme. De plus, la responsabilité de la survenue des  intoxications ou des maladies graves, est renvoyée vers l'utilisateur, susceptible de recevoir un blâme de la M S A pour les manquements concernant sa protection ! Trois causes majeures participent à l'enfermement : les aides de la P A C, les actions de la puissante industrie des pesticides et la lutte organisée contre les Bio, surtout à Bordeaux. La pression des consommateurs, des médias, des nombreuses associations anti-pesticides...forcera-t-elle l'Etat à programmer l’interdiction des pesticides pour toute l'agriculture comme il l'a fait pour les espaces publics et les jardins domestiques ? Dans cette perspective du « verdissement » de notre agriculture, se décidera-t-on aussi à aider ceux qui ne salissent pas nos campagnes - les agriculteurs Bio (2) - au lieu de leur faire la guerre ? Le mouvement revigorant des néo-paysans suffira-t-il à réformer une agriculture globalement moribonde, polluée et polluante ?
PLAN DE L'ARTICLE
INTRODUCTION
LA LOURDE EPIDEMIOLOGIE DE PLUS EN PLUS AVEREE
EVALUATION, PROTECTION, SUIVI DE TOXICO-VIGILANCE
- L’homologation de la matière active par la commission européenne
- Les règles d’utilisation pour un usage contrôlé
- Le suivi de toxico-vigilance. Distribution de blâmes !
SOUS-EVALUATION DES RISQUES ET MECONNAISSANCE DES PATHOLOGIES
- Les études de toxicité à la discrétion des fabricants.
- Des experts à la solde de l’industrie.
- Défauts de protection et pollution du voisinage.
- L'effet cocktail des petites doses.
- Aucune étude de toxicité à long terme
- Le coût environnemental des pesticides.
CAUSES DE L’ENFERMEMENT
- Les aides de la P A C.
- Les actions de la puissante industrie chimique.
   1 Les coopératives alliées de la chimie
   2 Le subterfuge de la lutte raisonnée
   3 Le scandale des Préparations Naturelles Peu Préoccupantes, P N P P.
- La lutte contre les viticulteurs Bio.
   1 La critique du sulfate de Cu.
   2 L’affaire des intoxiqués de Villeneuve de Blaye en Gironde
   3 Le Comité Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, C I V B, en guerre contre les Bio.
- Les risques économiques de l'agriculture Bio
- Les facteurs psychologiques de l’enfermement.
PRESSION DU CONSOMMATEUR ET DES MEDIAS
COMMENT SORTIR DES PESTICIDES
- Des aides pour le Bio.
- Une sortie autoritaire des pesticides.
- L’espoir des néo-paysans.
N B Les phrases entre guillemets dans le texte sont des citations d’auteurs diver
s.

INTRODUCTION
La science triomphante d’après-guerre a promu l’eldorado productiviste agricole, répondant à une demande accrue des masses urbanisées. Le paysan devient un exploitant qui doit impérativement s’agrandir, emprunter, se mécaniser et avoir recours à la chimie pour augmenter les rendements avec les engrais, les hybrides…, la croissance des animaux avec les hormones et les antibiotiques…et protéger les récoltes avec les pesticides. Promu dans les années 1960 par Edgar Pisani avec la loi de modernisation agricole, ce système intensif (1) toujours enseigné dans les écoles d’agriculture, est ancré dans les esprits. Esclave d’un syndicalisme puissant : la Fédération Nationale des Syndicats des Exploitants Agricoles (F N S E A), des coopératives, des grands groupes agro-alimentaires, de la grande distribution et maintenant du marché mondial à travers l'Organisation Mondiale du Commerce (O M C), l’agriculture industrielle, aujourd’hui dans le mur, est incapable de se réformer de l’intérieur. Si l’on enlève les engrais et les pesticides, ce château de cartes, en partie tributaire des cours mondiaux, s’effondre.
Le plan de réduction des pesticides, Ecophyto, lancé en 2008, à la suite du Grenelle de l’Environnement, n’a pas empêché la France de rester le leader européen incontesté de la « spécialité » avec, en 2010, 50000 tonnes et 66000 en 2015, soit herbicides 27 M, fongicides 21 M, hormones 2 M, nématicides 2 M, insecticides 1 M, biocides de désinfection et de protection des grains...
Parmi les 500 molécules de matières actives homologuées par l'Agence européenne, Europeen Food Safety Authority (Efsa) et les milliers de spécialités commerciales correspondantes mises sur le marché français par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail (A N S E S), ce sont les herbicides (40%) et les fongicides (31%) qui dominent largement le marché. Le corolaire de ce recours massif aux pesticides est la faible surface certifiée en Bio (2) en France, soit en 2015, 4,85 % de la Surface Agricole Utile (S A U), qui renvoie le pays à la queue du peloton européen du Bio. Malgré les discours et les incitations du Ministère de l’Agriculture à changer les pratiques, l’arrêt des pesticides tant attendu par les travailleurs agricoles, les riverains et les consommateurs, ne semble pas pour demain. Le pouvoir des dirigeants professionnels, magnats de l’agriculture industrielle, associé à celui de l’industrie chimique, trouve les moyens les plus pernicieux, sinon les plus ignominieux, pour s’opposer à la transition écologique.
L'épidémiologie des maladies chroniques graves liées aux pesticides, longtemps ignorée ou cachée, aidera-t-elle, sous la pression citoyenne et des médias, à une prise de conscience politique pour une sortie autoritaire des pesticides ?
LA LOURDE EPIDEMIOLOGIE DE PLUS EN PLUS AVEREE
Au contact direct des pesticides, peuvent apparaître des affections aiguës, cutanées, respiratoires ou digestives. De par le monde, des paysans ruinés se suicident par absorption volontaire de pesticides, c’est dire leur nocivité !
Plus d'un million de français, exploitants agricoles et salariés, employés de l'industrie chimique, jardiniers, riverains, particuliers, sont exposés aux pesticides. Sans oublier tous ceux qui l'ont été, tout ou partie de leur carrière professionnelle comme les retraités du régime agricole et, évidemment nous tous recevant de petites doses contenues dans les aliments, l’air et l’eau.
François Veillerette et Fabrice Nicolino (3) ont épluché des centaines d'études qui confirment un lien formel entre l’exposition aux pesticides et l'apparition de pathologies chroniques lourdes.
D'autres études plus récentes confirment leurs effets délétères, à moyen terme et long terme.
Nous citerons en particulier celles publiées par les organismes suivants :
G R E C A N Groupe Régional d'Etudes sur le Cancer à Caen
C R I I G E N Comité de Recherche d'Information Indépendant sur le Génie Génétique du Pr Gilles Séralini
I N C Institut National du Cancer
O M S Organisation Mondiale de la Santé
P A N Europe, Pesticides Action Network
E P A Environmental Protection Agency...
C I R C Le Centre International de Recherche sur le Cancer a classé les molécules les plus utilisées en « cancérogène certain, probable ou possible ». Il bénéficie du plus haut niveau de connaissances scientifiques sur le sujet et, de ce fait, est souvent attaqué par les industriels. En 2015, il a classé le glyphosate (Roundup) comme « cancérogène probable » alors que la commission européenne (Efsa) affirme le contraire !
I S P E D L’Institut de Santé Publique d'Epidémiologie et de Développement, à Bordeaux, a confirmé en 2000 une augmentation significative de la fréquence des maladies dégénératives, (Parkinson, Alzheimer) et des cancers du cerveau dont le gliome, chez les viticulteurs.
I N S E R M L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale a publié en 2013 une expertise collective à partir de l'analyse critique et de la synthèse de la littérature scientifique internationale. Un travail volumineux de 2000 pages, qui garantit l'exhaustivité des sources, la transparence et la qualification du travail scientifique. Elle énumère les substances homologuées qui ont une présomption de lien « forte, moyenne,  faible », avec les maladies les plus fréquemment rencontrées chez les agriculteurs :
Maladies neurologiques : Parkinson, reconnu comme maladie professionnelle en 2012, Alzheimer.
Maladies hématologiques et du système immunitaire : leucémies, lymphome non hogkinien reconnu comme maladie professionnelle en 2015, myélomes.
Cancers de la prostate, des testicules, du sein, des ovaires et cancers en général à cause des propriétés repro-toxiques et mutagènes de certaines molécules.
Troubles de la reproduction et du développement de l'enfant : nombre de molécules de synthèse sont des perturbateurs endocriniens qui miment, même à très faibles doses, l'activité des hormones naturelles et perturbent les fonctions naturelles. Ils provoquent une diminution de la fertilité (mâle et femelle),  et des malformations au cours du développement embryonnaire (cerveau). Leur participation à des troubles du métabolisme (diabète, obésité...) ou du comportement (autisme...), est aussi avérée.
Tous ces centres de recherche ou laboratoires fournissent des études épidémiologiques concordantes, confortées par les théories mécanistes de la toxicité biologique des molécules. Leur vocation de tuer la flore et la faune les rendent très dangereuses pour l’homme chez qui elles engendrent des dérèglements du fonctionnement cellulaire et en particulier de l’ A D N.
EVALUATION, PROTECTION, SUIVI DE TOXICO-VIGILANCE
Trois études de sociologie, toutes accessibles sur Internet, donnent un éclairage précis sur l’enfermement français vis-à-vis des pesticides :
« Pesticides et santé des travailleurs agricoles en France » Jas Nathalie, Courrier de l’environnement de l’ I N R A, N° 59, 2010.
« Rendre visible et laisser dans l’ombre. Savoir et ignorance dans les politiques de santé au travail » Jouzel Jean-Noël et Dedieu François, Revue française de sciences politiques, 2013.
« Comment ignorer ce que l’on sait » Dedieu François et Jouzel Jean-Noël, Revue française de sociologie N° 128, 2015.
La confirmation de plus en plus évidente du danger des pesticides s'oppose à la pensée du pouvoir agricole dominant qui a de bonnes raisons économiques et culturelles de l'ignorer. Comme trop longtemps pour l’amiante, le tabac..., l’arsénite de soude et les insecticides organochlorés en viticulture, l'omerta sur le danger des pesticides est la règle. L’Etat, les institutions agricoles (Ministère, M S A, F N S E A, I N R A…) et les agriculteurs eux-mêmes prisonniers des pesticides, avec l’aide appuyée de l’industrie chimique, ont construit une sous-évaluation de la toxicité des substances et une occultation des « savoirs inconfortables » sur l’épidémiologie.
Dans l’agriculture industrielle, le recours aux pesticides est conçu comme une nécessité. Si l’on reconnaît une certaine dangerosité des produits, on considère que les risques sont gérables. L’Etat a mis en place un encadrement réglementaire d'homologation, de protection des utilisateurs et de suivi de toxico-vigilance qui l’exonère de toute responsabilité et ne remet pas en cause le modèle de l'agriculture conventionnelle.
La gouvernance des risques repose sur trois piliers :
L’homologation de la matière active et l’autorisation de mise en marché.
C’est la commission européenne spécifique (E f s a) qui autorise l’utilisation de la matière active puis chaque pays membre accorde l’autorisation de la mise en marché (A M M) des préparations commerciales (la matière active plus les adjuvants de pénétration) délivrée en France par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l'Environnement et du Travail (A N S E S). Ces commissions travaillent sur la foi des études fournies par les firmes chimiques concernant les effets toxiques de la matière active, sans les adjuvants, sur quelques générations de souris. A partir d’une extrapolation à l’homme, sont définies la dose journalière acceptable (D J A) pour les utilisateurs et la limite maximale de résidus contenus dans les aliments (L M R), calculée en fonction d’une consommation moyenne. L’industrie doit démontrer que, dans les conditions normales d’utilisation et de protection d’une part, de consommation journalière des aliments d’autre part, on ne dépasse pas la D J A et la L M R et que, de ce fait, les risques sont  "acceptables ".
Les règles d’utilisation pour un usage contrôlé.
C’est-à-dire pour ne pas dépasser la D J A. Historiquement les firmes n’invitent pas l’utilisateur à se protéger et n’apposent pas la tête de mort, obligatoire aujourd’hui, sur les contenants. Il a fallu du temps pour qu’elles indiquent sur les notices toutes les mesures à prendre (gants, masque, combinaison, cabine étanche...) pour préparer et appliquer les substances puis nettoyer le matériel. Implicitement, elles ne voulaient pas reconnaître la dangerosité de leurs produits. On a admis aussi très tardivement que le personnel agricole doit respecter un délai dit de « réentrée » pour travailler sur la parcelle traitée et que les riverains présentent un risque fort d’exposition.
Le suivi de toxico-vigilanceDistribution de blâmes !
Il a été mis en place sur tout le territoire par la Mutualité Sociale Agricole (M S A). C’est le troisième pilier de l’encadrement, qui reçoit les « retours de terrain » et peut distribuer des blâmes aux mauvais élèves. Pour bien comprendre, rappelons que la M S A, une émanation de la Sécurité Sociale depuis 1952, est un organisme gouverné par trois collèges représentatifs des exploitants agricoles, des employeurs agricoles et, tardivement des salariés agricoles en minorité. 350 médecins, 100 infirmiers du travail et 250 conseillers en prévention sur le terrain, assurent la surveillance des travailleurs, le dépistage des maladies professionnelles et, le cas échéant, la demande en reconnaissance comme maladie professionnelle. Jusqu’en 1990 aucune maladie professionnelle liée aux pesticides n’est reconnue.
A partir de 1997, la M S A met en place un réseau de toxico-vigilance qui répertorie les intoxications aiguës. Une faible proportion des personnes intoxiquées déclare leurs troubles à la MSA alors qu’on les y convie. Cette réticence, outre le fait que les pesticides sont considérés comme un mal nécessaire, tient aussi au fait que l’intoxication est imputée à l’utilisateur qui n’a pas suivi les consignes de protection. La responsabilité est déplacée vers l’agriculteur avec à la clé la distribution d’un blâme. Un comble ! La dangerosité du produit se retourne contre l’utilisateur. La M S A, dominée par les puissants de l’agriculture conventionnelle, souhaite minimiser les risques d’utilisation de ce qu’elle considère comme obligatoire pour produire. D’ailleurs, elle a longtemps caché la survenue des maladies liées à l’exposition aux pesticides. Sur l’ensemble des maladies fortement suspectées, énumérées en début d’article, peu ont été reconnues comme maladie professionnelle et seulement après des années de combat juridique. La MSA fonctionne comme un assureur aidant ses clients à respecter les consignes de sécurité, donc en reconnaissant les dangers. Mais elle est peu disposée à prononcer une réparation.
Protégés par le bouclier réglementaire de l’emploi des pesticides, les responsables agricoles ne se posent pas de question. Le système nourrit un compromis social pour ne pas remettre en cause le modèle agricole dominant et « ignorer ce que l’on sait ». Il commence à se savoir néanmoins, que de nombreuses substances sont classées cancérogènes, mutagènes et repro-toxiques (C M R) et l’on entend dire dans la profession « si elles sont si dangereuses pourquoi ne sont-elles pas interdites ? »
SOUS-EVALUATION DES RISQUES ET MECONNAISSANCE DES PATHOLOGIES
Ce bouclier mis en place par l’Etat présente de nombreuses failles quant à l’évaluation de la dangerosité effective des molécules comme pour le suivi de la prévention des risques. Les effets à long terme, l’accumulation de petites doses et l’effet cocktail ne sont pas pris en compte. Des maladies graves apparaissent souvent après un temps long, parfois lorsque l’agriculteur a pris sa retraite. Tout est mis en place pour cacher ou ignorer le lourd tribut que payent les personnes exposées y compris les riverains des parcelles et les consommateurs d’aliments pollués. Sans parler du coût environnemental des pesticides.
Les études de toxicité à la discrétion des fabricants.
Elles ne concernent que les effets à court terme de la matière active sur quelques générations de souris. L’accroissement de la toxicité par les adjuvants de pénétration ajoutés dans les préparations commerciales, n’est pas pris en compte. Un scandale dénoncé de longue date, mais qui ne remet pas en cause les modes d'évaluation.  Le Pr Gilles-Eric Séralini, du Centre de Recherche et d'Information Indépendante sur le Génie Génétique (C R I I G E N) a montré que dans neuf herbicides de type Roundup, ce n’est pas la matière active, le glyphosate, la plus toxique. Et pourtant, elle seule est évaluée. C’est l’association de la matière active avec les adjuvants secrets, classés « inertes ! », qui font entrer les produits dans les cellules vivantes, végétales ou animales qui de fait décuple leur toxicité. Le Pr. Séralini considère que la dangerosité des pesticides est bien supérieure à ce qui est annoncé par les fabricants.
On ne prend pas en compte non plus la toxicité de plusieurs pesticides en mélange. En viticulture, le mildiou en perpétuelle mutation, nécessite d’associer entre deux et huit fongicides différents pour augmenter l’efficacité sans dépasser la L M R. On ajoute même à ce cocktail, en cachette, du sulfate de cuivre.
Des experts à la solde de l’industrie.
Les commissions d’homologation et de mise en marché sont truffés d’experts à double casquette. Ils ont pour mission de protéger les énormes intérêts des fabricants et non l’usager ou le consommateur. Les scandales de la ré-homologation du glyphosate (Roundup) et des néonitinoïdes tueurs d’abeilles en sont de cuisants témoignages.
Défauts de protection et pollution du voisinage.
Ceux qui manipulent, préparent, pulvérisent et nettoient les matériels sont évidemment les plus soumis aux conséquences graves des pesticides. Les habits de protection ne sont pas obligatoires et certains conducteurs de tracteurs n'en mettent toujours pas. Selon les types de matériels et de produits, 25 à 75% des pesticides partent dans l'atmosphère ou dans le sol.
L'Agence Française de Sécurité Sanitaire et du Travail (A F S S E T) a révélé que la protection n'est pas généralisée et que les tests de « perméation » - la pénétration moléculaire - mettent en évidence un manque d'étanchéité des gants, des masques, des combinaisons comme des cabines de tracteurs. Les industriels sont obligés aujourd'hui de mentionner sur les emballages que les pesticides ne sont pas des substances « anodines » et qu'il faut se protéger.
La grande dissémination des molécules dans le proche environnement pose des problèmes pour les employés viticoles, qui doivent normalement respecter un temps de latence pour entrer dans les vignes, après les épandages. Des communes viticoles ont obtenu de la part des exploitants à proximité des habitations et des écoles, de respecter des horaires d'épandage et de tenir compte de la vitesse du vent. Des études récentes montrent que la rémanence de certaines substances dans les vignes et les alentours (jusqu’à 1000 m), est telle que l'exposition au dixième jour serait aussi forte qu'au premier jour du traitement !
L'effet cocktail des petites doses.
L’effet cocktail est un phénomène difficile à démontrer. Le danger pour le consommateur d’aliments issus de l’agriculture conventionnelle provient de l'accumulation de petites doses de pesticides surtout s’il s’agit de Polluants Organiques Persistants (P O P) très difficiles à éliminer. Peu ou pas biodégradables, ils continuent leurs effets délétères sur l'homme et l'environnement. C'est le cas d'une dizaine d'insecticides organochlorés comme le D D T, interdit en 1972, ou le lindane, interdit en 1998,  d'herbicides comme l'atrazine, interdit en 2002 ou le 2 4 D, Lasso ou agent Orange interdit en 2007. L'Institut de Veille Sanitaire affirme que 100% des Français portent des traces de pesticides dans les graisses et les fluides biologiques. Elles s'ajoutent aux autres polluants contenus dans l'atmosphère, les lieux de vie professionnels ou domestiques et l’eau. Le commissariat général du développement durable affirme en 2013 que 93% des eaux sont polluées par un ou plusieurs pesticides.
Le cocktail de diverses grosses molécules de synthèse aurait des effets synergiques mal connus dont le tout serait bien supérieur à la somme des parties. Le monde médical a longtemps réfuté que les micro-doses de polluants, aussi invisibles qu'omniprésents au long cours, représentaient un danger sanitaire. Avec la flambée des maladies dites de civilisation, (cancers, affections neuro-dégénératives...), il est pertinent de remettre en question cette posture. L'exposition aux pesticides est particulièrement inquiétante pour les personnes vulnérables comme les femmes enceintes, les nourrissons et les enfants, quand elles demeurent au milieu ou à proximité des parcelles traitées. Les enfants arrivent au monde « pré-pollués ». A noter le constat récent d'un nombre anormal de cancers pédiatriques chez les enfants dans la commune viticole de Preignac, région de l'A O C Sauternes en Gironde. Ajoutons que parmi la grande panoplie des pesticides, certains sont classés cancérogènes, mutagènes et repro-toxiques (C M R), et d'autres classés comme possibles perturbateurs endocriniens en interférant, même à doses très faibles, avec le système hormonal. Ainsi expliquerait-on la croissance des troubles de la fertilité - 15% des couples français sont touchés avec une chute de près d'un tiers du nombre de spermatozoïdes - mais aussi un certain nombre de maladies hormono-dépendantes comme le diabète, l'obésité et certains cancers - sein, prostate, thyroïde. On commence juste à lever le voile sur cette pollution insidieuse. Comme a déclaré un homme politique : « la question des pesticides est une bombe à retardement »
Aucune étude de toxicité à long terme. 
Après la mise en marché d'un nouveau pesticide, les médecins et agents de la M S A sont habilités à recueillir les déclarations de toxicité aigüe. Aucune étude de toxicité à long terme n'est envisagée par les firmes ni par la M S A. Seule l'épidémiologie révèle l’augmentation de la fréquence de certaines maladies chez les agriculteurs exposés longtemps aux pesticides. Ce modèle de surveillance des risques contribue à une sous-connaissance des effets à long terme et à « organiser l’ignorance ». Il a fallu le courage et la ténacité de quelques agriculteurs français, souvent vignerons, pour que des maladies soient reconnues comme maladies professionnelles liées aux pesticides : cancer du poumon/arsénite de soude - Parkinson et Alzeihmer/insecticides organochlorés - lymphome non hogkinien…et que les plaignants soient indemnisés après d’interminables procès contre les firmes.
Quand l'épidémiologie apporte des éléments de cause à effet sur l'apparition d'une maladie, l'industrie nie sa responsabilité et monte des actions de lobbying pour réfuter les études, invoquer la possibilité d’autres causes (hérédité, autres polluants…) et pour semer le doute. Elle joue sur du velours car il s'agit de maladies chroniques, à retardement, dont il est difficile pénalement de prouver les liens. Tout au plus avoue-t-elle « Possible mais pas sûr ! »  
Le coût environnemental des pesticides
Lors des études d'évaluation toxicologique, ne sont pas prises en compte les atteintes graves des pesticides sur la fragile biodiversité des écosystèmes, particulièrement la microflore et la microfaune du sol ( levures, bactéries, champignons, mycorhizes...) et les insectes pollinisateurs dont on constate mondialement une réduction drastique de la population. L'escalade chimique provoque la désertification biologique des sols qui entraîne une grande vulnérabilité des plantes qui y sont cultivées. D'où un recours à toujours plus de pesticides.
Les pesticides sont par ailleurs responsables de gaz à effet de serre pour leur fabrication à partir du pétrole. D'après le Commissariat du Développement Durable, le coût environnemental des pesticides et des engrais minéraux - interdits en Bio - s'élèverait à plusieurs milliards par an ! Sans compter les dépenses de santé publique afférentes aux nombreuses maladies.
A la sous-évaluation des risques s’adjoint une méconnaissance par le système de surveillance et de prévention de la M S A, des effets à long terme des pesticides sur la santé. Il renvoie la responsabilité de toute pathologie aux manquements des agriculteurs. Cette construction sociale du pouvoir paysan vis-à-vis des pesticides aboutit à nier, même à cacher la vérité et « à organiser l’ignorance de ce que l’on sait ».
CAUSES DE L’ENFERMEMENT
Soyons clairs, « sortir des pesticides » c’est arrêter d’utiliser les substances dont la dangerosité est confirmée par toutes les études épidémiologiques dont celle de l’ I N S E R M, particulièrement les C M R, pour se convertir à une agriculture propre : la Bio et la Biodynamie. Avec à la clé une certification officielle A B qui authentifie le non recours aux pesticides. Trop de producteurs revendiquent le Bio mais refusent la certification pour pouvoir intervenir avec des pesticides si c’est nécessaire.
Les obstacles majeurs de la révolution agricole sont d’abord imputables aux aides européennes de la Politique Agricole Commune (P A C), qui maintiennent l’agriculture industrielle en survie. Conjointement, la puissante industrie chimique et, particulièrement en France l'Union des Industries de la Protection des Plantes (U I P P), s’emploie par tous les moyens à freiner la sortie des pesticides.
Les aides de la P A C.
La France est la première puissance agricole d’Europe et se maintient dans le peloton de tête mondial des exportateurs. Depuis sa création en 1962, la P A C a, initialement, une vocation de soutien financier pour assurer des rendements suffisants : achats de semences, de pesticides, d'engrais…et aujourd’hui, elle est la béquille qui maintient en survie la majorité des 500.000 agriculteurs. Calculées selon le nombre d’hectares ou de têtes de bétail, ces aides ont contribué au gigantisme des exploitations, à l’intensification des cultures et de l'élevage pour atteindre des niveaux de compétitivité que la mondialisation a mis à mal dans notre pays, notamment concernant le lait, le beurre, la viande…. De ce champ de ruines que sont nos campagnes, de grandes unités perfusées par l’Europe sont maintenues en survie. La FNSEA et « ses filles », les Chambres d’Agriculture, verrouillent le système avec à leur tête les leaders de la production agricole. 20% des exploitations reçoivent 80% des aides. L’Organisation Mondiale du Commerce (O M C) dénonce depuis 2010 une concurrence déloyale vis-à-vis des agricultures non soutenues des pays en voie de développement. Elle appelle à une disparition des aides. L'Europe a trouvé la parade en créant, avec l’accord de l’ O M C, une classification des aides selon des « boîtes » de couleurs différentes. Les aides ne sont plus liées à la production mais au soutien d'une agriculture durable plus respectueuse de la nature, représentée par les « boîtes vertes ». L'Europe agricole compte ainsi renommer les aides, leur donner un caractère écologique - mais pas Bio - pour pérenniser le financement thérapeutique de notre agriculture. Ce « verdissement » des aides de la P A C apporte-t-il une solution au virage écologique et socio-économique que doit prendre l’agriculture ?
Les actions de la puissante industrie chimique.
Les fabricants de pesticides (Monsanto, Geigy, Syngenta, Bayer, Dow Chemical, BASF, Rhône-Poulenc…) représentés en France par l'UIPP, sont actifs sur tous les plans, de conserve, avec le pouvoir agricole dominant, pour maintenir l’agriculture conventionnelle.
   1 Les coopératives agricoles alliées de la chimie.
Les coopératives initialement au service des adhérents sont devenues des entreprises de droit commercial. Leur dynamique d’expansion et de concentration en ont mué certaines en multinationales agro-alimentaires avec leurs propres marques. Les leaders - In Vivo : 233 coopératives, 31 pays, 9000 collaborateurs et 6,9 milliards de CA,   Sodiaal : 5 milliards, Terrena, Terreos, Viviesca, Agrial -  sont des groupes complexes avec des partenariats industriels et financiers. La majorité du tonnage des pesticides, comme celui des semences et des engrais, passe par ce secteur, en lien étroit avec les fabricants. Sur le terrain, les délégués de l’industrie vulgarisent le savoir à travers les conseillers agricoles des coopératives. Leur meilleure arme commerciale : le message de la peur de ne pas obtenir les rendements attendus. Avec en permanence un arsenal de nouveaux produits toujours plus efficaces et plus toxiques pour une agriculture intensive...en progrès !
Par ailleurs, l’industrie chimique finance des centres de recherche privés ou publics comme l’Institut National de la Recherche Agronomique (I N R A). Certains scientifiques « achetés » sont des membres actifs du lobbying avec la mission d'influencer les décisions dans les commissions d’homologation et de mise en marché.
   2 Le subterfuge de la lutte raisonnée.
Face à la révolte des consommateurs contre les pesticides dans l'alimentation, l' U I P P invente en 1993 le Forum pour une Agriculture Raisonnée et Respectueuse de l'Environnement (F A R R E), pour ravaler, en France, la façade de nos campagnes ternie par la chimie.   Cet organisme, qui regroupe le principal syndicat agricole (F N S E A), les fabricants de pesticides, les coopératives agricoles et les institutions agricoles (Crédit Agricole, Protection des Végétaux, Chambres d'Agriculture...), va lancer une entreprise de mystification des consommateurs avec la formule miracle « l'agriculture raisonnée" laissant croire que le monde agricole prend un nouveau départ. L’amalgame entre le « raisonné » et le Bio est d’ailleurs bien présent dans l’esprit du public alors que ce sont des démarches diamétralement opposées.
Quand on parle de Bio à des vignerons en conventionnel, ils vous répondent doctement « nous, on fait du raisonné », « on met la bonne dose au bon moment » ou bien « on traite moins, on traite mieux ». Ce qui signifie en d'autres termes : on raisonne, on réfléchit, et le tour est joué !
Notons qu'il existe, depuis 2004, un label « agriculture ou viticulture raisonnée » donnant à la démarche, au-delà du discours, un caractère officiel et sérieux, une accréditation recommandée pour se préparer sans heurts à la conversion en Bio. Il s'agit d'un protocole labellisé pour réduire progressivement les pesticides de synthèse. Le gouvernement affichait à l'époque un objectif ambitieux de 30% des exploitations françaises qualifiées « agriculture ou viticulture raisonnée » pour 2008. Or, moins de 0,5% le sont en 2015 ! Vous avez bien lu ? Ce tour de passe-passe, a donné aux agriculteurs conventionnels, de faux arguments écologiques pour répondre de leurs pratiques et, en même temps, pour avoir la conscience tranquille de ne pas se convertir. Ce fut une grande réussite puisque la progression des conversions en Bio patine tandis que les tonnages de pesticides déversés ne cessent de progresser. Cette opération mains propres de l’industrie a fait un joli pied de nez aux écologistes et aux agriculteurs Bio. Des chercheurs de l’INRA non assujettis ont fait remarquer que "l’agriculture raisonnée” est une belle farce inventée par les marchands ».
Néanmoins, l'AB n'est pas seule à avoir une démarche agro-écologique. Certaines exploitations conventionnelles sont, sur certains secteurs, plus en avance que l'AB. L'absence d'utilisation de pesticides ne s'accompagne pas toujours d'investissement qui augmentent les externalités positives : développement de la biodiversité (espaces libres de culture, ruches, agroforesterie...), qualité de la nourriture animale, bien être animal... ou diminuent les externalités négatives : érosion de la biodiversité, Gaz à Effet de Serre (bilan carbone), consommation d'eau, d'électricité, de carburant.... De fait, si on fait le bilan comparé des externalités, les écarts entre les deux pratiques peuvent s'estomper ou même être en faveur de l'agriculture conventionnelle.
    3 Le scandale des Préparations Naturelles Peu Préoccupantes, P N P P.
Le lobbying de l’industrie est tellement efficace que des P N P P (macération, décoction, infusion à base d’ortie, prêle, consoude, camomille, saule, armoise, rhubarbe…) n’ont jamais pu être homologuées au niveau européen comme alternative à la chimie de synthèse. La raison : seule une molécule peut obtenir l’homologation alors qu’un mélange, la préparation naturelle, n’y a pas droit ! Quand on sait que la création d’une molécule nouvelle de pesticide de synthèse coûte plusieurs centaines de millions €, on comprend la concurrence que pourraient subir les firmes avec ces produits naturels au prix de revient dérisoire. Pour se les procurer, les Bio sont contraints de les cultiver ou bien de les acheter à des distributeurs comme F’ortie’ch dans le Périgord, jusqu’à ce jour dans l’illégalité ! (4). La dénonciation de ce scandale par les associations écologistes a abouti en 2016, en France, à une autorisation, par l’A N S E S, de la distribution d’une centaine de plantes jusque-là interdites. Petite nuance : elles sont autorisées au titre de bio-stimulant mais pas comme produit de substitution aux pesticides ! La prêle, la fougère, la consoude et tant d’autres, ne le sont toujours pas. Ceux qui y verraient le bras armé de la chimie ne sont pas loin de la vérité.
La lutte contre les viticulteurs Bio.
Un autre volet et non des moindres, de l’enfermement français vis-à-vis des pesticides réside dans la lutte organisée contre le modèle minoritaire d’une agriculture propre. Confidentiel au début, souvent qualifié d'utopique - les baba cool du Larzac - le Bio se développe un peu partout à partir de 1990 grâce à la reconnaissance par l'Etat de cette pratique douce et à l’instauration du label officiel AB. Des vents contraires violents discréditent la pratique puisqu’elle s’oppose, sur différents aspects, à l’agriculture conventionnelle. Parfois, à juste titre, la qualité et les pertes de récolte sont dénigrées. Les pionniers du Bio, esseulés, « en semi-clandestinité », s’aventurent sans expérience, sans conseils, seulement par conviction que les pesticides sont dangereux. Le monde agricole dominant reste sourd aux demandes des groupements Bio pour bénéficier d’aides financières – la taille faible de leurs fermes les désavantage par rapport au soutien de la P A C -  et d’accompagnement par des conseils qualifiés. En plus, les Bio doivent payer pour être certifiés et prouver qu’ils ne polluent pas ! Ils ne comprennent pas que les conventionnels ne soient pas taxés au titre de «  pollueur-payeur ». Que d’injustices ! La viticulture, le vignoble bordelais en particulier, témoigne, jusqu’à ce jour, de cette lutte acharnée contre les Bio.
   1 La critique du sulfate de Cu.
Le sulfate de cuivre est utilisé en viticulture Bio contre le champignon du mildiou. La viticulture qui utilise 20% du tonnage français de pesticides et ne représente que 5% de la surface agricole, est une cible privilégiée pour les marchands. Pour freiner la progression du Bio viticole, outre l’invention géniale de « la lutte raisonnée », ils ont lancé la parade du sulfate de cuivre pour que les vignerons conventionnels se défendent.
La bouillie bordelaise, où le sulfate de cuivre est associé à la chaux éteinte, utilisée depuis plus d’un siècle, constitue le principal reproche fait aux viticulteurs Bio. En effet, l'accumulation du cuivre est toxique pour la vie microbienne du sol. Ainsi a-t-on limité son utilisation à 6 kg/ha/an en moyenne sur 5 ans. Des analyses biologiques des sols en Bio depuis plusieurs années, et surtout sur des sols n'ayant jamais reçu d'herbicides, montrent une excellente vie microbienne. L'effet biocide du cuivre est très largement compensé par la non utilisation de fongicides de synthèse qui tuent, tout autant sinon plus, les bactéries, les levures et les si précieuses mycorhizes (5). De plus, certaines pratiques, beaucoup plus courantes en Bio qu'en conventionnel, sont à même de renforcer la vie biologique du sol : compost, tracteur léger pour ne pas tasser, (certains labourent au cheval), enherbement judicieux... Produit de contact, lavé par les pluies, le sulfate de cuivre ne se retrouve pas dans le raisin et donc pas dans le vin contrairement aux pesticides de synthèse. Le paradoxe est que nombre de vignerons conventionnels mélangent le sulfate de cuivre à des fongicides de synthèse  cumulant contre le champignon des principes d'action différents. Mais personne ne l'avoue, surtout quand il s'agit d'attaquer les viticulteurs Bio. Ceux-ci savent mieux que tous - surtout en Biodynamie - coupler le sulfate de cuivre avec des macérations ou des décoctions de plantes (prêle, ortie, consoude, saule, achillée…), pour en abaisser les doses. A la différence des pesticides de synthèse, le cuivre n'est absolument pas dangereux pour l'homme. Voici le point de vue des célèbres microbiologistes du sol, Claude et Lydia Bourguignon (6) « la critique sur l'emploi du cuivre par les Bio est nulle et non avenue. Le cuivre n'est pas un métal lourd car il est nécessaire à la vie. Beaucoup d'enzymes l'utilisent comme cofacteur. Sa carence est mortelle pour les plantes. Rappelons le cas célèbre de la carence en cuivre qui a bloqué longtemps la culture du maïs dans les Landes et qui a été découverte grâce au bon développement d'une parcelle de maïs à côté d'un vignoble traité à la bouillie bordelaise. Par ailleurs les pulvérisateurs actuels permettent de ne pas dépasser 5 kg/ha de cuivre, dose détoxiquée par un sol ayant une bonne activité biologique. Les firmes attaquent le cuivre car il n'est pas cher ».
   2 L’affaire des intoxiqués de Villeneuve de Blaye en Gironde.
Cette affaire caricature le combat incessant des institutions agricoles contre le développement du Bio. Rappel des faits : le 5 mai 2014, les élèves de l’école de Villeneuve de Blaye sont évacués pour intoxication. C'est la pleine époque des épandages et un viticulteur Bio dont une parcelle est proche est incriminé alors que toutes les autres parcelles qui entourent l’école sont en viticulture conventionnelle.
L’émission Cash Investigation Pesticides, d’Elise Lucet, diffusée le mardi 2 février 2016 sur France 2, ravive cette polémique. La Fédération Départementale des Exploitants Agricoles (F D S E A), représentée par J.L. Dubourg et Patrick Vasseur, fait un communiqué stupéfiant sur l’intoxication de Villeneuve de Blaye. Ils accusent un épandage de soufre à proximité de l’école, sur l’exploitation conduite en agriculture biologique et ajoutent pour conclure : « traiter en Bio à proximité des lieux sensibles est une fausse bonne idée » ! Ils expliquent clairement que ce sont les Bio qui polluent et pas les conventionnels. Cette accusation est ensuite relayée par Bernard Farges, Président du Comité Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (C I V B) et par la voix de son responsable de la communication, Christophe Château.
La Confédération Paysanne sous la plume de Dominique Techer, le 9 mars 2016, publie le rapport de l’Agence Régionale de Santé (A R S). Que dit ce rapport ?  Il ne s'agit pas de soufre mais de mancozèbe (C4H6N2S4Mn-Zn), mefenoxam (C15H21NO4) et spiroxamine (C18H35NO2), de vilaines molécules systémiques classées C M R, utilisées sur les exploitations alentours par les vignerons conventionnels. Elles sont identifiées par le centre antipoison et de toxico-vigilance du CHU de Bordeaux comme responsables des intoxications. Il est clairement démontré que ce sont les préparations commerciales de fongicides de synthèse contenant ces substances actives qui ont provoqué les malaises chez les enfants de l’école. La vérité a enfin été rétablie. La Confédération paysanne, les collectifs anti-pesticides, le syndicat des vignerons Bio…auraient pu attaquer en justice le C I V B et la F D S E A pour dénonciation calomnieuse.
   3 Le Comité Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, CIVB, en guerre contre les Bio.
Depuis l’avènement du Bio, le C I V B a toujours défendu l’utilisation des pesticides en critiquant le modèle d’une viticulture écologique.
Quelques arguments avancés : « Bordeaux est trop humide et trop chaud pour faire du Bio » ; « les vins Bio ne sont pas bons et pas viables économiquement » ; « les vins Bio n’ont pas trouvé leur marché » ; « les viticulteurs Bio utilisent du sulfate de cuivre ».
Après l’émission d’Elise Lucet, et les répercussions négatives concernant le vignoble bordelais dans la presse Française et internationale, Bernard Farges, le Président de C I V B, se croit obligé de faire une déclaration tonitruante le 26 mai 2016, à la une de Sud-Ouest : « Sortir des pesticides est notre objectif ! ». Déclaration d’intention ou simplement effet d’annonce pour calmer les esprits des consommateurs et de certains journalistes qui compromettent l’image du vin de Bordeaux (Bordeaux bashing) en évoquant des vins pollués et des vignerons empoisonnés ? D’aucuns pensent qu’il s’agit d’un stratagème pour surprendre l’ennemi et déclarer « solennellement ce qu’il n’a pas envie de mettre en œuvre ». Pressé de questions quelques jours plus tard sur cette « sortie des pesticides », Bernard Farges, avec un aplomb déconcertant, déclare : « le tout bio est une idée simpliste, aberrante et déconnectée des réalités ». Chantre de la viticulture productiviste – il est lui-même gros industriel du vin dans l’Entre-deux-Mers – il répète la litanie éculée de cette prétendue volonté de sortie des pesticides : « on étudie de meilleurs réglages pour les pulvérisateurs ; on travaille avec l’INRA pour créer des cépages résistants – une vieille utopie  ; on va éditer un guide des bonnes pratiques ; on encourage la recherche pour des produits de remplacement – on les a déjà – ;  on ne va plus construire à proximité des vignes ; on plante des haies partout pour protéger des pesticides les riverains et les écoles… » Une sortie des pesticides par la porte dérobée avec l’annonce de petits moyens répétés en boucle depuis des années pour rassurer le bon peuple.
Espérons que le nouveau Président du C I V B, Alan Sichel, réfléchit à une stratégie plus engagée et a d'autres ambitions que son prédécesseur pour sortir des pesticides.
Les risques économiques de l'agriculture Bio.
L’argument majeur opposé à l’A B est son coût pour la mise en place de ce nouveau modèle et, si on est mal préparé, les risques de pertes de récolte. Comment demander à des exploitations agricoles qui ne couvrent déjà pas leurs charges d'exploitation de prendre des risques économiques supplémentaires pour se réformer ? Le modèle économique est en cause. La question est différente pour des secteurs agricoles qui rapportent, parfois beaucoup, comme les crus classés en viticulture. Ceux-ci ont largement les moyens de financer la conversion, avec une mécanisation nouvelle, une adaptation du personnel à de nouvelles techniques, une main d’œuvre accrue pour l’observation permanente des parcelles, pour le nombre supplémentaire de traitements et, le cas échéant,  de supporter une éventuelle perte de récolte. Car une conversion réussie est une conversion bien anticipée, avec un consultant reconnu (7). Plusieurs années à l’avance, un bilan biologique du sol s'impose, surtout si ce dernier a reçu pendant des années désherbants et pesticides antifungiques. La revitalisation du sol relève de différentes procédures : compostage Bio, labours superficiels avec un tracteur léger pour faire pénétrer l'oxygène, enherbement si cela est possible par des graminées ou de légumineuses pour enrichir le sol en azote..., réensemencement éventuel avec des mycorhizes. Ces opérations de pré-conversion peuvent aussi être associées à une « accréditation lutte raisonnée ». Ainsi, le vigneron intelligemment converti ne connaîtra pas de perte de récolte.
Les facteurs psychologiques de l’enfermement.
Les agriculteurs, surtout les jeunes, sont conscients que les pesticides sont dangereux. Formés au productivisme dans les écoles d’agriculture ou dans l’exploitation familiale, ils ne se savent pas s’en passer. Les pesticides leur apparaissent comme une contrainte non négociable. La « chimisation » de l’agriculture est considérée comme la rançon du progrès et la profession considère que le bouclier réglementaire mis en place par l'Etat donne  (faussement) l’assurance que les pesticides ne pas sont si dangereux qu’on le dit. Avec souvent l’argument : « Mes parents les ont utilisés, ils n’ont pas été malades ». L’habitude de l’usage des pesticides depuis plusieurs générations est un facteur considérable d’enfermement.
PRESSION DU CONSOMMATEUR ET DES MEDIAS
Depuis quinze ans, des journalistes d’investigation dénoncent le scandale de santé publique que représente l’usage des pesticides. En 2002, l’ouvrage de François Veillerette « Pesticides : le piège se referme », éveille les consciences. Associé à Fabrice Nicolino, il récidive avec « Pesticides. Révélation d’un scandale français » (3). Les auteurs dévoilent l’omerta sur les graves conséquences de l’usage des pesticides et la puissance du lobbying de l’industrie chimique. Ces publications restent un peu dans l’ombre jusqu’aux années 1990. 

Des malades courageux et leur famille attaquent les firmes devant les tribunaux et dénoncent la dangerosité volontairement cachée des pesticides.  Après des luttes interminables dont la presse se fait de plus en plus l’écho, une cinquantaine d’agriculteurs obtiennent réparation et une dizaine de pathologies sont classées « maladie professionnelle liée à l’exposition aux pesticides ». La médiatisation de ces actions juridiques, comme de celles des associations anti-pesticides (8), met au grand jour la face volontairement cachée des pesticides. La société civile commence sérieusement à s’inquiéter devant les révélations soulevées par ces forces combattantes. On se souvient des milliers de signatures qui ont soutenu deux vignerons Bio (9) en Bourgogne attaqués en justice pour avoir refusé d’effectuer les traitements obligatoires, non autorisés en Bio, contre la flavescence dorée. Par ailleurs, la dénonciation récurrente par l’épidémiologie, des risques encourus par les travailleurs agricoles, renforce l’idée que les riverains des champs ou des vignes traités, ne sont pas épargnés. L’affaire des intoxiqués de Blaye (voir plus haut), a eu un retentissement national.  En Gironde, 132 écoles, classées sensibles, exercent, tout comme les riverains, une pression constante sur les viticulteurs conventionnels.
L’émission Cash Investigation sur les pesticides a levé une vague citoyenne et une déferlante d’articles sans précédent avec en ligne de mire le vignoble bordelais :
« Révélations de Cash Investigation sur l’agriculture qui tue » Le Monde 2 02 2016
« Pesticides, un laxisme français  » Libération 24 02 2016
« Des grands crus de Bordeaux encore timides sur le Bio » Les Echos 21 03 2016
« Pesticides : peur sur la toxicité, les vins de Bordeaux pointés du doigt » 20 Minutes.
« Le Bordelais va-t-il décrocher des pesticides ? »  Alternatives Économiques 09 2016
Un sondage I F O P de 2015 indique que 84% des Français sont favorables à une interdiction des pesticides.
96% des 3000 internautes questionnés par le journal S O, en février 2016, estiment que « les pesticides font l’objet d’une omerta et qu’il faudrait changer le mode de culture de la vigne ».
COMMENT SORTIR DES PESTICIDES ?
L’Etat français et l’Europe, qui subissent une forte pression citoyenne et associative, doivent montrer des signes forts en faveur de la transition écologique de l’agriculture. Ils ont les preuves que l’usage forcené des pesticides constitue un danger de santé publique, « une bombe à retardement » dont la mèche est déjà allumée. La trop lente progression du Bio, pour toutes les raisons énumérées ci-dessus, appelle des décisions politiques en faveur d’aides financières pour la conversion et la perspective annoncée d’une sortie autoritaire des pesticides.
Des aides pour le Bio.
S’il est illusoire, pour l’heure, d’envisager une fiscalité écologique dissuasive selon le principe pollueur-payeur, les responsables politiques, sous la pression, ont le devoir d’appeler à une accélération de l’Agriculture Biologique par des aides incitatives. Le « verdissement » des aides de la P A C va dans le sens d’un cahier des charges environnemental mais, d’une part il ne s’engage pas à soutenir officiellement le Bio et d’autre part, tant que les aides sont calculées en fonction de la surface, les petites fermes, notamment en Bio, n’ont droit qu’à un soutien misérable. On attend des innovations du Ministère de l’Agriculture pour accompagner les conversions en Bio et indemniser les pertes de récoltes dans les premières années.
A Bordeaux, l’Interprofession du vin (C I V B), avec sa nouvelle gouvernance, a le devoir de vanter les mérites des pionniers du Bio et de les ériger en exemples. Un engagement fort serait la mise en place, en collaboration avec AgroBio, la Chambre d’Agriculture, l’Institut Technique de l’Agriculture Biologique (I T A B) en avance sur le sujet, d’une structure pour aider financièrement et techniquement la sortie du conventionnel. Une part du budget annuel du C I V  B - 37 M € - ne pourrait-elle pas être réservée à promouvoir au sein de la famille vigneronne bordelaise, le modèle de la viticulture de demain ? Cette priorité de santé publique aurait aussi la vertu d’apaiser dans la presse française et internationale, le « Bordeaux Bashing » du vignoble le plus pollué de France.
Une sortie autoritaire des pesticides.
Prenons les chiffres de la progression 2014/2015 de la surface conduite en Bio (certifiée et en conversion) agricole et viticole en France et à Bordeaux, par rapport à la surface totale agricole et viticole en France et viticole à Bordeaux :
4,14%  Bio agricole en 2014 et 4,85% en 2015
8% Bio viticole en 2014 et 8,5% en 2015 ( 68 565 ha pour un total de 800 000 ha)
5,2% Bio viticole Bordeaux en 2014 et 6,5% en 2015 (7559 ha ha pour total de 115 000 ha)
Même si des aides peuvent favoriser le développement du Bio, combien de temps faudra-t-il pour dépolluer nos campagnes ? Un siècle comme pour l’amiante ? Les travailleurs agricoles exposés, les riverains et les consommateurs n’ont que faire des petits moyens qu’on annonce régulièrement pour calmer leur colère alors que les tonnages de pesticides ne cessent d’augmenter, comme leur dangerosité. Ils réclament une sortie autoritaire des pesticides. D’abord pour les substances fortement suspectées (C M R) puis pour l’ensemble de la panoplie non autorisée en Bio.
En octobre 2013, le sénateur d'Europe Écologie Les Verts, Joel Labbé, dépose une proposition de loi visant à mieux encadrer l'utilisation des pesticides. Elle intime l'Etat, les organismes publics et les collectivités territoriales, de cesser l'épandage de produits phytosanitaires dans les espaces verts et les lieux publics, et d'en interdire la vente aux particuliers pour usage domestique (jardins, maison...). Joel Labbé demande par ailleurs quels sont les freins au développement des P N P P (voir plus haut) comme alternative aux pesticides. Il est récompensé de ses efforts avec la loi de 2015 sur « la transition énergétique pour la croissance verte » qui a programmé au 1/1/2017 l’interdiction des pesticides dans les espaces publics, collectivités locales, établissements publics, voiries, parcs, forêts et promenades ouverts au public, et au 1/1/2019 l’interdiction de la vente de pesticides aux particuliers. Dans les deux cas, seuls seront autorisés les produits de bio-contrôle, les produits qualifiés à faible risque et les produits AB.
Le plus dur reste à faire, prévoir dans le cadre de cette loi une sortie générale des pesticides pour toute l’agriculture française. Par paliers. 2022 ? puis 2025 ?
Le seul moyen de contrer les puissances conjointes des magnats de l’agriculture industrielle et de la chimie, est une sortie autoritaire décidée par l’Etat. Les députés, les écologistes ont devant eux un chantier énorme. Il y va maintenant de leur talent et de leur pouvoir de persuasion dans l’hémicycle pour convaincre  l’assemblée d'une sortie programmée des pesticides, attendue par la majorité de nos concitoyens. Une agriculture soutenue par la P A C et la chimie, qui en plus  vend en dessous de son prix de revient, ne peut perdurer. Nul doute que l’abolition des pesticides dangereux, à terme, va lancer la réforme globale que les travailleurs agricoles, les riverains et les consommateurs appellent de leurs vœux depuis longtemps. Puisque l’Etat a pris deux initiatives heureuses, pour les lieux publics et les jardins domestiques, pourquoi ne continue-t-il pas pour ce qu’on mange et ce qu’on boit ?
L’espoir des néo-paysans.
Pour clore cet article nous évoquerons le mouvement mondial du retour à la terre. Sont-ils les paysans de demain ? Ces nouveaux paysans sont-ils capables de modifier l'image de notre agriculture ? Ceux qui s’installent aujourd’hui – 30% des nouveaux agriculteurs – viennent des villes.
L’ouvrage de la sociologue Silvia Perez Vitoria « Les paysans sont de retour », évoque en 2005 le renouveau de la paysannerie dans le monde malgré sa fin annoncée.
Gaspard d’Allens et Lucille Leclair, âgés tous les deux de 25 ans, confirment ce retour en 2016 avec l’enquête passionnante livrée dans leur opus « Les néo-paysans ».
Il ne reste en France que 500.000 exploitations alors qu’on en comptait plus de 2 M en 1955. Le productivisme a chassé les paysans dans les villes. La nature les rappelle aujourd’hui. Les racines de nos ancêtres paysans n’ont pas disparu. Partout dans le monde, des femmes et des hommes quittent la ville pour oublier le béton, le bruit, la pollution, les bouchons, parfois la précarité et paradoxalement l’isolement social. Chômeurs, magistrats, fonctionnaires, cadres, ouvriers…créent des fermes pour vivre en harmonie avec la nature et la société avoisinante. L’agriculture industrielle, pour le rendement à tout prix, a oublié ses fonctions sociales et ses responsabilités écologiques.
Au lieu de préserver la nature, elle la détruit. Cette revitalisation de l’agriculture par l’extérieur se concrétise par l’émergence de petites fermes, en général en Bio : maraîchage, arboriculture, viticulture, élevage…On y privilégie des variétés anciennes ou des races rustiques. L’objectif n’est pas le rendement mais la qualité et le lien social qui préside à la distribution locale. Des fermes à quatre vaches, plutôt qu’à 1000 pour exporter à perte ! Pierre Rhabi, philosophe-paysan, et José Bové, paysan rebelle de la Confédération Paysanne, sur le terrain depuis 40 ans, sont les militants les plus acharnés de cette transition agricole.
Ce renouveau, témoin d’une ruralité à bout de souffle, bouscule les mœurs industrielles de l’agriculture. Il porte l’espoir de rassembler producteurs et citoyens dans la même vision du respect de la nature et de ceux qui y travaillent pour la mettre en valeur.
(1) Par opposition à l’agriculture paysanne défendue par le syndicat minoritaire Confédération Paysanne (environ 5% de la surface agricole française) : petites surfaces, polyculture et élevage, vente de proximité, souvent en Bio et Biodynamie
(2) Le terme « Bio » utilisé tout au long de cet article, inclut la Biodynamie puisque pour obtenir cette certification privée, il faut obligatoirement avoir la certification officielle A B.
(3) « Pesticides. Révélations sur un scandale français », Fabrice Nicolino et François Veillerette, Editions Fayard, 2007, et « Pesticides, le piège se referme » de François Veillerette, Editions Terre Vivante, 2002
(4) C’est le même problème pour les semences paysannes de variétés anciennes, non brevetées par les firmes semencières et non inscrites au catalogue officiel du G N I S (Groupement National Interprofessionnel des Semences).
(5) Les 20 premiers cm du sol possèdent la majorité de la vie (flore, faune). Mais plus en profondeur, les mycorhizes, des champignons qui vivent en symbiose avec les plantes vascularisées, ont un rôle capital. Un hectare de sol vivant peut compter jusqu’à 150 millions de km de filaments mycorhiziens (hyphes), qui colonisent les racines de la plante cultivée. Ils lui assurent un meilleur accès aux éléments nutritifs issus de la roche mère et l’aident de façon naturelle à mieux résister aux stress environnementaux (sécheresse, attaque par des agents pathogènes...). Les pesticides tuent les mycorhizes. On peut essayer de réensemencer. Pour en savoir plus sur la précieuse vie du sol et du sous-sol anéantie par les pesticides, lire le solide ouvrage « Agriculture biologique, une approche scientifique » de Christian de Carné-Carnavalet, ingénieur conseil en AB, préface de Claude et Lydia Bourguignon, Editions France Agricole, (472 p.)  2011.
(6) « Le sol, la terre et les champs » Claude et Lydia Bourguignon, Editions Sang de la Terre, 2009
(7) Comme par exemple : François Despagne, Anne Caldéroni, Stéphane Becquet (I T A B), Bertrand Sutre (Biovitis), Sylvie Dulong (AgroBio Gironde), Antoine Lepetit de la Bigne (« 35 Questions sur la Biodynamie ». Editions Sang de la Terre, 2014, 2ème édition)
(8) Confédération Paysanne, Générations Futures, Greenpeace, Phyto-Victimes, Les Amis de la Terre, Alassac O N G F, Alerte Médecins Pesticides (A M L P 1600 médecins), Collectif Info-Médoc Pesticides et bien d'autres collectifs anti-pesticides dont ceux des riverains, de plus en plus nombreux et actifs.
(9) Emmanuel Giboulot et Thibault Liger Belair
http://bordeauxclassicwine.fr/2016/10/pesticides-l-enfermement-francais.html

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Blanchemanche 29324 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines