Titre : Collaboration horizontale
Tome : One Shot
Auteurs : Navie (scenario), Carole Maurel (dessins et couleurs)
Editeur : Delcourt
Collection : Mirages
Année : 01/2017
Pages : 145
Résumé :
Paris, 1942, en pleine occupation : alors que les nazis traquent tous les juifs pour les déporter, Sarah et son fils restent cloitrés dans leur immeuble avec la complicité de leurs voisins.
Les voisins … Andrée la concierge et Camille son mari aveugle, Joséphine la chanteuse de cabaret, Judith et Léon son mari gendarme, Rose et son mari en camp de travail, la vieille madame Flament, Simone la jeune artiste … la vie de toutes ces femmes héroïques ou ordinaires s’entremêle au rythme des joies, des peines, des plaisirs ou des envies exacerbées par l’occupation.
Au cours d’une rafle, afin de défendre son amie Sarah, Rose s’interpose devant l’officier allemand … c’est à cet instant qu’ils sont tous deux frappés par un coup de foudre ; un de ces coups qui vous étreint le cœur ; où le monde n’existe plus…
Mais leur idylle peut-il survivre à la guerre et au qu’en dira-t-on ?
Mon avis :
Le récit dépeint une tranche de l’histoire de France. A travers ces six femmes ordinaires, dans un petit immeuble parisien ordinaire, les auteures nous propulsent 70 ans en arrière.
Car au-delà du récit central de l’histoire d’amour interdite entre Rose et l’officier allemand, tous les
protagonistes participent à la richesse d'un scénario, qui m'a demandé plusieurs lectures pour en saisir tous les détails.
Sur fond de dessins classiques, Carole Maurel nous crédite de planches absolument somptueuses, qui donnent une force extraordinaire au récit.
Finesse des sentiments, justesse du propos sans fausse note, des planches a couper le souffle, Collaboration horizontale est mon coup de cœur de ce début d’année.
La couverture, première impression
Magnifique couverture, avec cette ombre d’une jeune femme, l’immeuble et ses scènes de vie découpées aux fenêtres, son cœur accroché à une croix de fer.
J’aime quand une couverture nous dit tout, et qu’on ne comprend parfaitement le sens qu’une fois le livre refermé !
Le dessin, les mise en scène et les effets :
Des cases rectangulaires, jamais tracées, coins ronds ou à angles vifs, quelques cases sur fond blanc qui en font oublier les bords, l’alternance des formats de cases permet de bien mettre en valeur l’histoire et de maintenir du rythme à la lecture.
Les personnages ont des traits dans un style classique, la mise en scène d’une manière générale est efficace.
Et brusquement, sur un évènement particulier (par exemple la planche du coup de foudre ci-dessous), le style change totalement, avec des peintures magnifiques. Ici les deux personnages comme des ombres fantomatiques dans un décor monochrome n’ont plus de visible que leur cœur gros, rouge, détaillé, ramifié … j’ai trouvé l’émotion très forte émotionnellement parlant, j’ai imaginé leur cœur battre à tout rompre … je me suis rappelé mon expérience, mon propre coup de foudre.
La BD est ainsi parsemée de ces images extrêmement belles, superbement travaillées, et très puissantes.
L’effet est magique, résultat d’un gros travail de dessins et de couleurs, bravo l’artiste !
Le scénario, le découpage, le style :
Ce thème de la « collaboration horizontale » m’était tout à fait inconnu. J’ai d’ailleurs été surpris en recherchant sur internet de découvrir toutes ces images d’archives : c’est le terme consacré pour désigner les relations des françaises avec des soldats allemands durant l’occupation nazie. Le thème donc est tout à fait original. La description d’une partie de la guerre sous l’angle de l’immeuble, et des relations entre voisins, ajouté à cette histoire d’amour est très réussie.
La guerre en tant que telle n’est finalement pas très présente. Je regrette peut être juste de ne pas avoir plus ressenti le poids des privations chez les protagonistes ni la peur de l’arrestation pour la jeune femme juive … mais c'est du détail et ça n’enlève rien à la beauté du livre et la richesse du scénario.
Les magnifiques images en pleine page viennent jalonner le livre, pour nous donner des respirations entres les scènes, les changements de style de dessins répondent aux variations dans le scénario.
L’histoire d’amour, sujet principale, est entrecroisée des histoires de l’immeuble, sur fond d’amitié, de rivalités et de jalousies.
Pour moi, le scenario est sans fausse note, je n’avais jamais lu une histoire telle que celle-ci, chapeau !
Le mot de la fin
Sur fond d’un sujet pas évident, la seconde guerre mondiale, l’occupation, la collaboration, les auteures réussissent à nous transporter dans un univers, nous faire vivre une belle histoire d’amour, et un quotidien pas trop idéalisé.
La BD regorge de planches magnifiques, le scénario est original … que demander de plus ?
J’ai beaucoup aimé vous l’avez compris. Courrez-vite la chercher, et dîtes m’en des nouvelles !
Martin
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