Les Coptes sont les premiers habitants de l’Egypte. Le mot copte vient d’ailleurs du mot grec aigyptos qui signifie égyptien. Il est le résultat de transformations sémantiques successives.
Quand, au VIIème siècle, les Arabes ont conquis et colonisé l’Egypte, les Coptes étaient tous chrétiens, mais, à la faveur de méthodes très persuasives, la plupart d’entre eux ont été convertis à la religion de leurs conquérants, c’est-à-dire à l’Islam.
La langue copte a pour origine les hiéroglyphes égyptiens. Sous l’occupation grecque l’alphabet grec a été adopté par les Coptes, moyennant quelques ajouts pour tenir compte de certaines prononciations propres à cette langue. Cette adaptation n’est pas sans rappeler celle de la langue vietnamienne quand des religieux catholiques à la fin du XIXème siècle l’ont transcrite dans l’alphabet latin. La langue copte, enseignée dans certaines universités, n’est plus guère utilisée que dans la liturgie de l’église orthodoxe d’Egypte.
Selon la tradition la christianisation de l’Egypte remonterait à Saint Marc et le passage de la Sainte Famille y aurait laisser des traces. Aujourd’hui le vocable copte, du moins en français, ne désigne plus d’ailleurs que ce qui se rapporte à l’église orthodoxe d’Egypte, à son chef, le patriarche d’Alexandrie et à ses adeptes. Dans un pays musulman à 85%, les Coptes représentent une forte minorité de 15%.
Depuis plusieurs années, les Coptes sont l’objet d’agressions de la part du reste de la population sous l’influence de l’Islam radical des Frères Musumans. Ces agressions ne suscitent que des entrefilets dans la grande presse européenne, la plupart du temps dans la rubrique étrangère des faits divers. Elles n’émeuvent pas les grandes consciences. Dans les dernières années cette indifférence a autorisé les agresseurs à s’enhardir toujours davantage.
Le 31 mai dernier le monastère copte d’Aboufana a été attaqué, à l’arme automatique, par une soixantaine d’individus qui ont blessé plusieurs moines, détruit des cellules, incendié des bâtiments, dont l’église, sans que la police ne lève le petit doigt. Les attaquants ont de plus enlevé trois moines qu’ils ont torturés.
Cette profanation est le crime le plus marquant d’une série d’agressions qui se sont produites entre le 26 mai et le 6 juin, puis le 20 juin. Ainsi lors de l’attaque d’une bijouterie au Caire quatre personnes ont-elles trouvé la mort. Ainsi lors de la collision d’une camionnette lancée contre un bus transportant des Coptes, douze d’entre eux sont-ils morts et neuf d’entre eux ont-ils été gravement blessé.
Tout dernièrement, le 20 juin, à la suite d’une méprise, des centaines habitants d’al-Nazia, à une centaine de kilomètres de la capitale, ont attaqué, et pillé dans la soirée, des maisons et des commerces appartenant à des Coptes. Ils croyaient que les membres de la famille d’une Copte l’avaient séquestrée avec son enfant à la suite de sa conversion à l’Islam. Elle avait seulement, et justement, rendu visite à des membres de sa famille au Caire, dont elle est revenue au bout de trois jours.
Après tous ces méfaits, les associations coptes de France (ici) ont lancé « un appel à se rassembler afin de sensibiliser l’opinion publique française et internationale sur ces agissements incompatibles avec les droits de l’homme et le respect des droits des minorités ».
Une manifestation a donc eu lieu dimanche 22 juin après-midi à Paris. En avez-vous entendu parler ? Certainement pas. J’ai parcouru depuis deux jours toutes les dépêches et tous les grands journaux français et de Suisse romande. Pas une ligne.
Seul à ma connaissance, Yves Daoudal en a fait un compte-rendu sur son blog (ici), dont j’extrais ce passage : « Il y avait plus d’un millier de coptes, hier, à la manifestation parisienne organisée pour réclamer la fin des persécutions et l’égalité des droits. A ma connaissance (NDFR : à la mienne non plus), personne n’en a parlé ».
Yves Daoudal ajoute : « Les coptes n’intéressent personne. Les chrétiens en pays d’islam sont des gêneurs. Ils sont les témoins, les preuves vivantes que l’islam n’est pas une religion de paix ni une doctrine de tolérance (NDFR : ces propos n'engagent que Daoudal). Alors on ne veut pas les voir. Ils n’existent pas ».
Ils existent pourtant. Mais qui se souvient d’eux ?
Francis Richard