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Buste de Richard Wagner par Naoum Aronson

Publié le 23 février 2017 par Luc-Henri Roger @munichandco
Buste de Richard Wagner par Naoum Aronson

Buste de Richard Wagner par Naoum Aronson

Buste de Wagner, 84 x  68 x 50 cm, bronze à patine verte, fonte à cire perdue.
Photos de la galerie Alexis Borde


Naoum Lvovitch Aronson, un des plus grands sculpteurs juifs du 20e siècle, est né en 1872 à Kreslau (Empire russe, aujourd'hui Krāslava en Lettonie), et mort en 1943 à New York. A 16 ans, il étudia d'abord une dizaine de mois à l'Académie des arts de Wilna (aujourd'hui Vilnius), mais dut quitter cette ville, horrifié par l'anti-sémitisme dans la Russie impériale (1).  En 1891, il vint vivre à Paris, où il rencontra Auguste Rodin et s'enthousiasma pour la peinture impressionniste. Il continua alors ses études à l'École nationale supérieure des arts décoratifs dans l'atelier d'Hector Lemaire. Après avoir effectué son service militaire en Russie, il revint vivre à Montparnasse en 1896.
On lui doit de nombreux bustes de personnalités célèbres comme George Washington, Raspoutine, Tolstoï , Spartacus, Berlioz, Chopin ou encore Beethoven (1905) . Le buste de Wagner daterait de 1920. 
En 1923, il est chargé de réaliser un buste en marbre de Louis Pasteur pour l’Institut qui porte son nom. Pour l'Exposition universelle de 1937, il réalise un buste de Lénine (pavillon de l'URSS) et un élément décoratif du Grand Foyer du Théâtre national de Chaillot, la statue L'Été, pour laquelle il reçoit la Légion d'honneur.
Fuyant l'Occupation nazie, Aronson émigre avec sa femme aux États-Unis en mars 1941. Il meurt deux ans plus tard à New York dans son studio de l'Upper West Side.
Une partie importante de ses œuvres se trouve aujourd'hui au Musée d'art de Petah Tikva en Israël.
(1) J. Biélinky évoque la vie et l'oeuvre de Naoum Aronson dans un article paru dans la revue de S. Bloch  L'Univers israélite du 4 juin 1926  à l'occasion d'une exposition parisienne de l'artiste. Voici la fin de cet article:
Originaire de Russie, Aronson est né à Kreslavka, en 1872, le 5e jour de Hanouca. Il travaille à Paris depuis 1891, mais, pour devenir un grand artiste, il n'a éprouvé aucun besoin de fréquenter une école quelconque. Au début de la guerre, Aronson part pour la Russie, où il fait le portrait de Raspoutine, mais en 1915, un événement bien russe, lui fait quitter précipi- tamment ce pays pour rentrer à Paris. On était en pleine guerre. Par ordre du grand-duc Nicolas, tous les juifs des provinces frontières, présumés « espions », furent évacués de force, vieillards, femmes, enfants, à l'est et jusqu'en Sibérie.
Se trouvant à cette époque à Wiatka, M. Aronson a assisté au passage des trains des exilés. On les transportait dans des trains de marchandises et dans des wagons plombés. Toutes relations avec le dehors étaient interdites aux malheureux enfermés dans les wagons, pas même la réception de la nourriture que les gens charitables apportaient dans les gares. Ayant découvert un de ces trains à la gare de Wiatka, N. Aronson, appuyé par des amis, réclama l'ouverture immédiate des wagons. Et voici le tableau qui se présenta à ses yeux quand on eut ouvert le premier wagon d' « espions »: par terre, devant la porte, était couché un vieux juif, qui mourut d'inanition quelques instants après. Plus loin, une femme devenue folle tenait dans ses bras le cadavre de son enfant mort également de faim. De nombreux juifs rapidement enlevés du train furent transportés chez des coreligionnaires de la ville; mais, malgré les soins, ils ne tardèrent pas à succomber. Cette vision d'horreur, qui montra à Aronson la face hideuse de la Russie impériale, le poussa à quitter la Russie avant la Révolution. Car N. Aronson est profondément juif dans son cœur et dans son art, et si, il y a quelques mois, nous avons parlé ici de son « splendide isolement », ce n'est pas dans le sens d'isolement égoïste ; c'est parce qu'il s'élève et s'isole pour mieux voir la vie et mieux connaître le monde qui souffre.
Tel est l'homme et le juif au grand cœur, l'artiste génial, dont l'œuvre se présente dans toute sa beauté au public parisien. J. BIÉLINKY.

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