On a autrefois traité la littérature de science-fiction, ou le polar, de « littérature de genre », une manière de dire qu’elle était commandée par quelques points de passage obligés, au contraire de la vraie littérature, qui, elle pouvait échapper à ces contraintes.
Avec le temps, on se demande si ce n’est pas le contraire qui s’est produit, et si, finalement, la science-fiction n’a pas été plus à même de traiter les questions de notre temps, par sa capacité à anticiper une évolution technique et sociale qui s’est produite rapidement. Tandis que la plupart des romans se cantonnaient à la jeunesse du narrateur, avec le risque d’être profondément décalé par rapport à l’époque, celle-ci a pris des risques et s’est projetée en avant, explorant le temps qui était devant nous, plutôt que le passé.
C’est une juste revanche ainsi, que certains des plus grands chefs d’œuvre littéraires appartiennent à ce genre, qui a rempli à fond sa mission de littérature d’imagination, justement parce qu’elle n’a pas été bornée par les contraintes matérielles de son époque.