En général, les humains n'aiment pas trop le challenge, et leur cerveau est câblé pour suivre la voie la plus aisée, conclut cette étude de l'Université de Londres. Concrètement, la somme des efforts nécessaires pour parvenir à nos fins influence notre vision des choses, ce qui suggère un biais ou une tendance à percevoir un objectif difficile comme moins attrayant. Des conclusions, présentées dans la revue eLife, qui peuvent inspirer les thérapies de motivation et dé démotivation : ainsi le paquet de gâteaux posé sur l'étagère du haut est peut-être vraiment moins attrayant ...
" Notre cerveau nous fait croire que les fruits faciles à cueillir parce qu'à notre portée sont à point " , explique le Dr Nobuhiro Hagura, auteur principal. L'étude permet de constater en effet que non seulement le coût de l'effort influence le comportement mais modifie même notre vision des choses.52 participants ont participé à une série de tests au cours desquels ils devaient juger si un nuage de points se déplaçait vers la gauche ou vers la droite sur l'écran. Les participants étaient invités à faire connaître leur réponse en déplaçant une poignée dans la main gauche ou la main droite, respectivement. Cependant, lorsque les chercheurs ajoutent progressivement une charge à l'une des poignées, ce qui la rend plus difficile à déplacer, les jugements des participants sont biaisés car ils ont tendance à éviter la réponse liée à l'effort. Ainsi, si un poids est ajouté à la poignée gauche, les participants sont susceptibles de répondre que les points se déplacent vers la droite. En bref, la réponse la plus facile est privilégiée. En fait, les participants n'ont pas pris conscience de la charge croissante de la poignée mais leur système moteur s'est adapté spontanément, déclenchant un changement de perception.
Effort, difficulté, la tendance est à l'évitement : cette tendance subsiste même lorsque les participants sont invités à exprimer leur décision à l'oral, au lieu de déplacer les poignées. Le changement dans la façon dont le cerveau interprète la difficulté subsiste et modifie la perception visuelle. Enfin, précisent les auteurs, ce changement se produit spontanément, inconsciemment, et sans stratégie délibérée.
Quelles implications ? Les chercheurs suggèrent que nos décisions quotidiennes pourraient être modifiées non seulement par des stratégies cognitives délibérées, mais aussi par la conception d'un environnement plus exigeant c'est-à-dire imposant plus d'efforts dans certaines de nos décisions quotidiennes. Aujourd'hui, la promotion de la plupart des comportements est basée sur le principe du désir ou de la récompense, on pourrait renforcer la prévention de comportements à risques ou nocifs par un accroissement de la difficulté à atteindre leur réalisation. C'est d'ailleurs déjà le cas dans bon nombres d'interventions en santé publique.
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