Il y a quelques jours, je notais un tantinet étonné que la France était un peu trop souvent terre de fusillades. Pour un pays qui prétend contrôler drastiquement la détention des armes à feu, voilà qui est gênant. Malheureusement, les récents événements à Nantes confirment que la société française est loin d’être apaisée…
Rassurez-vous, la métropole atlantique n’a pas été le témoin d’un de ces épiques échanges de coups de feu où les méchants, facilement reconnaissables à leurs voitures à grosses cylindrées et leurs accoutrements voyants, s’en prennent à d’autres méchants qui ont un peu trop marché sur les platebandes des premiers, le tout au milieu de gentils que la police, elle-même très gentille, ne semble guère pouvoir protéger, occupée qu’elle est à verbaliser avec application de dangereux retraités en Renault Clio.




À tel point que François Fillon, le dirigeant des Républicains, lui-même candidat à la présidentielle et, par voie de conséquence, concurrent à Marine Le Pen, s’en est offusqué devant ces mêmes médias (ceux qui furent habilement manipulés par les efficaces hordes antifascistes de Nantes). Le meeting de Marine Le Pen, qui devait être une simple étape de campagne, en devient par la grâce des antifas effervescents un point haut qui, de surcroît, se pare d’une polémique mêlant en plus l’actuel premier ministre.
Il faut dire que François Droopy Fillon n’y est pas allé avec le dos de la cuillère en jugeant ouvertement que la campagne se déroulait « dans un climat de quasi-guerre civile ». Comble de la méchanceté du candidat de la droite, il a réclamé que « le gouvernement assure les conditions du bon déroulement des élections. Et qu’il fasse respecter l’Etat de droit ».
Oh, vraiment, François, qu’allez-vous penser là ! Tout ceci est portant d’une banalité parfaitement habituelle au pays du miel et du lait socialiste, et ce n’est pas avec 11 policiers et gendarmes blessés (dont un avec des brûlures au second degré) qu’on peut parler d’une quasi-guerre civile, voyons ! Une manifestation en France (antifasciste de surcroît), c’est au minimum une dizaine de blessés dans les rangs des forces de l’ordre, du mobilier urbain détruit et, souvent, l’une ou l’autre voiture incendiée. Sans cela (et l’odeur caractéristique de merguez ou de gaz lacrymogènes), c’est une manifestation ratée ou, pire encore, une manifestation de conservateurs de droite qui viennent avec des poussettes et qu’il faut bien vite renvoyer dans les poubelles de l’Histoire.
Il n’est donc pas étonnant qu’à la suite des remarques de Fillon et ainsi apostrophé, Bernie Les Bons Tuyaux Cazeneuve, le premier ministre, se soit ému des prises de positions pour le moins contrastées du candidat à la présidentielle. Il a d’ailleurs rappelé que, je cite, « employer le terme de ‘quasi-guerre civile’ quand on est un responsable politique éminent, et qu’on sait quel est le niveau de mobilisation des forces de sécurité dans notre pays, ça n’est tout simplement pas responsable », ce qui est du plus haut comique puisqu’il rappelle à tous ceux qui en doutaient encore que le pays est en alerte Vigipirate cramoisie, en état d’urgence et le doigt sur la détente… Ce qui n’empêche en rien à des manifestations de dégénérer complètement au milieu d’une ville.
Dès lors, difficile de donner tort à Fillon lorsqu’il rappelle le sens initial du mot responsabilité, qui impliquerait par exemple que le ministre de l’Intérieur prenne les siennes qui consistent normalement à faire régner l’ordre dans le pays. Ordre qu’on est en peine de constater lorsqu’on voit se multiplier les émeutes en région parisienne ou les débordements, ici à Nantes.

De cet échange qui mêle une bonne dose d’énervement à une saine quantité de facepalms consternés, on peut retenir que les politiciens en charge du pouvoir régalien sont, une fois encore, en dessous de tout. La France n’est plus, depuis un moment, un État de droit. Elle ne doit le calme relatif qui règne dans ses villes qu’à l’habitude fermement ancrée dans les mœurs de la majorité des citoyens qui restent, malgré tout, honnêtes et, surtout, au plus élémentaire calcul du rapport coût/bénéfice qui leur montre qu’actuellement, il est encore peu rentable de tout casser lorsqu’on n’est pas du bon bord.
La passe d’arme entre candidats et ministres en fonction ne laisse guère de doute : certains ont effectivement compris que tout pouvait, un jour, basculer. Cependant, je ne parierai pas un centime sur la capacité des premiers à faire mieux que les seconds s’ils parviennent au pouvoir : là encore, l’habitude de l’apathie et le rapport coût/bénéfice extrêmement défavorable à la remise en ordre du pays indiquent que tout devrait continuer comme avant.
Ce pays est foutu.