
Frédéric Lavachery fils du célèbre volcanologue Haroun Tazieff relit la grotte Chauvet comme un témoignage d'une éruption volcanique majeure et en appelle à une relecture anthropologique de cette civilisation mal étudiée.
Frédéric Lavachery fils du célèbre volcanologue Haroun Tazieff s'est donné comme mission d'interroger la grotte ornée dite de Chauvet-Pont d'Arc, comme le lieu phare d'une civilisation disparue interrogeant les forces volcaniques, et d'en profiter pour redonner vigueur et sens au géoparc de la Montagne ardéchoise. En 2014, la grotte est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, et la montagne ardéchoise obtient une reconnaissance internationale par son entrée dans le réseau des Géoparcs, soutenu par l'Unesco. Sur les terres du Mézenc 25 000 ans nous contemplent....
Quels ont pu être les rapports des artistes de la grotte du Pont d'Arc avec ces paysages et avec le volcanisme ?La mise à la disposition du public des fresques de la grotte de Chauvet Pont d'Arc devrait ouvrir un champ d'interrogation nouveau sur l'histoire des rapports de l'homme à son environnement. La muséographie qui entoure la reproduction des fresques ne présente rien
sur l'environnement que parcouraient hommes et animaux dans cette région précise, en dehors d'une description scientifique de la formation de la remarquable arche naturelle qui enjambe l'Ardèche en face de la grotte et d'une caractérisation du climat de l'époque. Public et scientifiques devront bien s'interroger un jour sur les liens intimes que cet art animalier a pu entretenir avec le cadre de vie précis des artistes et de leurs sujets. Comment expliquer que la découverte des fresques fabuleuses de Chauvet-Pont d'Arc, il y a plus de vingt ans, n'ait pas encore donné lieu à un réexamen de ce patrimoine et ouvert de nouveaux angles de recherche sur les rapports que les hommes du Paléolithique pouvaient entretenir avec la diversité des territoires qu'ils arpentaient ? La découverte de 1994 n'invite-t-elle pas à poser un regard neuf sur les caractéristiques propres du Vivarais et du Velay ? Des hautes terres du Mézenc à la coupe de Jaujac, volcan très jeune situé aux portes d'Aubenas, le feu de la Mère-Terre a-t-il fasciné l'homme du Pont d'Arc, grand arpenteur de notre Europe périalpine ? At-il vu la gésine d'une terre nouvelle dans l'accouchement effarant de dragons se transformant en pierre, comme il a vu dans les grottes ou les fontaines pétrifiantes le lent accouchement de la pierre sortie de l'eau ?

Les fresques de la grotte Chauvet remonteraient à 38000 ans pour les plus anciennes. Les panneaux ornés de la grotte se présentent comme une mise en scène fabuleuse. Sorte de tapisserie de Bayeux d'une époque où la chasse pouvait avoir engendré des rituels soutenus par les arts, celle des hommes comme celle de ses prédateurs, il faut bien envisager que cette œuvre fut conçue dans une contrée où l'homme pouvait avoir pris conscience d'être le seul animal fasciné par le spectacle d'épouvante et de beauté d'une éruption volcanique.

Comme celle d'une œuvre d'art, toute lecture du paysage est un récit. Sur quels faits observables se construit-il, quels enchaînements de causes le récit propose-t-il, quelles hypothèses avance-t-il pour combler les lacunes béantes de nos connaissances, quels sont les rapports psychologiques qu'entretiennent, au spectacle de la nature, la sensibilité, quête de savoir, l'expérience, l'intuition, l'imagination, l'instruction, la culture et la rigueur logique ? Ce sont là probablement des composantes un concept qui mobilise autant l'artiste que le scientifique, le profane l'amateur autant que l'initié et le spécialiste : celui de paysage.
Nos archéologues qui sont allés se frotter avec fruit à la vie des aborigènes d'Australie ne devraient-ils pas en faire autant avec nos théologiens les plus profonds, de toutes les religions, s'agissant d'art sacré ? Chaque discipline de la connaissance est indispensable pour décrypter l'énigme des fresques paléolithiques.
Quel est le programme du centre ?

