Action contre la Faim en témoigne depuis le Soudan du Sud, où l’état de famine est déclaré ; le Nigeria, où 4,4 millions de personnes vivent en insécurité alimentaire ; et la Somalie, où 50% de la population a besoin d’assistance humanitaire.
Les crises alimentaires accentuent les inégalités faites aux femmes en raison de leur genre. Dans certains contextes d’intervention, « les femmes ont moins accès à l’éducation et à l’emploi rémunéré, elles sont faiblement représentées. Bien que la société leur confie le devoir de nourrir leur famille au quotidien, elle leur refuse le contrôle de la terre et des revenus familiaux. Ce système les maintient dans la dépendance pour accéder à la nourriture pour leur propre alimentation, et celle de leurs enfants. Cela a des conséquences sur leur état nutritionnel », explique Clara Ituero, experte en genre et développement pour Action contre la Faim.
Les inégalités de genre sont une cause et une conséquence de la faim.
En temps de conflit, lors de déplacements massifs de population, la violence envers les femmes et les jeunes filles s’intensifie. « Déplacées de leurs foyers, sans accès aux récoltes ou aux marchés, les femmes sont contraintes à parcourir de grandes distances pour trouver de la nourriture. Elles sont alors exposées à des dangers spécifiques comme les enlèvements, les vols, les attaques ou abus sexuels. Echapper à ces situations est difficile car si une femme ne sort pas pour trouver de la nourriture, elle et sa famille tombent dans la sous-nutrition », précise Chiara Saccardi, cheffe de l’Equipe d’Urgence d’Action contre la Faim.
Depuis le terrain : les femmes au cœur de trois grandes crises alimentaires
Nigeria. Dans l’Etat de Borno seul, 31% des familles déplacées incluent des femmes et des petites filles ayant besoin de protection. Les enlèvements et l’exploitation sexuelle sont courants. Soldats et officiels des camps de réfugiés profitent de leur autorité pour imposer des relations sexuelles en échange de fausses promesses de mariage, de nourriture, d’argent ou autre type d’aide. Les femmes suspectées d’avoir eu quelque type de relation avec le groupe Boko Haram, souvent malgré elles et forcées, sont marginalisées, ainsi que leurs enfants, et ainsi privées de ressources.
Soudan du Sud. Un cas sur cinq de violence liée au genre implique des violences sexuelles, perpétrées principalement par des agents armés. La violence contre les femmes se traduit aussi par le manque d’accès aux soins médicaux, les mariages forcés ou l’interruption de la scolarisation. 339 000 femmes enceintes ou allaitantes souffrent de sous-nutrition aiguë et ont déjà besoin d’une aide d’urgence.
Somalie. Le conflit armé qui dure cause des dommages psychologiques. Chez les femmes, le stress émotionnel a des conséquences très intenses et négatives sur leur propre santé mais aussi sur les soins apportés aux enfants. Traumatisées et avec de ressources limitées, dans l’impossibilité d’allaiter, elles ont besoin d’assistance psychologique et nutritionnelle.
« Répondre aux besoins des femmes afin de réduire l’impact pendant les situations d’urgence est primordial, notamment lors de déplacements massifs de populations. Pour nous, le défi consiste à régler les difficultés logistiques et de sécurité, pour éviter de les exposer à des risques réels lorsqu’elles cherchent de la nourriture », confirme Chiara Saccardi.
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