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Mettre l'artiste au cœur de la cité ?

Publié le 08 mars 2017 par Ep2c @jeanclp

Arcadi_36

UNE ARCHIVE...

Je fouille, je range, je classe... ces dernières semaines, comme vous, j'ai compris de nouveau que le pire n'est pas toujours certain. Mais quand même!

Grosse fatigue !

J'essaie de mettre de l'ordre, à défaut de pouvoir le faire dans mes idées, au moins dans mes archives... et je retrouve cette chronique de Jacques Bertin, (Policultures, septembre 2006), déjà signalée ici.

Mais comme je suis loin d'avoir son talent, je fais tourner de nouveau.

« Oui, il faut mettre "l'artiste au cœur de la cité". Et traiter comme il le mérite le salaud qui dans l'assistance a glissé qu'on ferait bien, aussi, de mettre la cité au coeur de l'artiste. C'est la porte ouverte à la censure et la tyrannie. Je serre la main de l'adjoint au maire, et je me casse »

Jacques Bertin, « Tous marranes », Policultures, n° 109, septembre 2006.

Jacques Bertin écrivait et ça n'a pas pris une ride :

« C'est décidé : je serai un marrane.

Un marrane ?

Les marranes étaient des Juifs espagnols et portugais qui, convertis de force au XVe siècle, continuèrent secrètement à pratiquer leur religion. Ils étaient catholiques dans la rue, à l'église ; chez eux, ils redevenaient libres.

Et donc, pauvres amis, mes chers amis, voilà la nouvelle, triste et gaie, que je vous annonce : ne pouvant plus, dans la société d'aujourd'hui, dire mes opinions simplement, justes ou erronées, astucieuses ou solennelles, étant épuisé de faire lever au premier mot le sourcil dur et le regard tueur, reculant devant la suspicion quotidienne d'être dans quelque dérive fascisante, ne trouvant plus l'écho de mes idées dans les médias qui furent quarante ans miens, j'ai décidé d'assumer pleinement ce silence obligé : je serai un marrane.

Pauvres idées… Elles finissent par n'avoir plus droit de cité qu'en moi. Ma tête est un pays où je circule seul. J'y suis libre, tant que je me tiens à l'écart des villes, des médias, de ce qu'il faut en penser

(...)

Il y a pire. Je crois dans le peuple. Son intelligence, son courage, sa dignité. Le peuple en général, et le français, en particulier. Je déteste les élites actuelles. Là, je sens bien votre interrogation angoissée : cet homme est-il - ayant gardé son secret quarante ans - un Nazi ? Oh, je suis seulement très fatigué. Si je parle de morale, on m'accuse de puritanisme ; si, quoique non-croyant, je défends l'Eglise catholique, me voilà un croisé au siège de Béziers ; si je corrige une bêtise sur les gentils Indiens écologistes, je suis un massacreur à Wounded Knee ; mon attachement à la laïcité me fait anti-arabe ; ma critique du gouvernement algérien m'enrôle à l'OAS ; si j'explique à un jeune que Le Pen n'est pas un fasciste, c'est que je le suis moi-même ; si je dis que toutes les cultures, non, ne se valent pas ; si je dis qu'on ne doit pas juger les sociétés passées, sous peine d'être un clown intellectuel ; si… si… si…

Et je m'adresse aujourd'hui à tous ceux qui partagent ma lassitude. Tous des marranes, mes amis ! Nous nous reconnaîtrons par l'obséquiosité exagérée avec laquelle nous approuverons ce qui se dit, ce qu'on en pense et ce qu'il faut en dire. Oui, ceux qui critiquent les élites sont des poujadistes ! Oui, les faux poètes émargeant au CNL sont des authentiques poètes, et la novation est sacrée. Oui, Untel est un authentique rebelle (révolté par l'injustice). Sa remise en question du ministère, dans sa dernière œuvre, montre combien est radicale sa rupture. Le ministre a bien fait de le décorer et d'augmenter sa subvention. Oui, il faut mettre "l'artiste au cœur de la cité". Et traiter comme il le mérite le salaud qui dans l'assistance a glissé qu'on ferait bien, aussi, de mettre la cité au cœur de l'artiste. C'est la porte ouverte à la censure et la tyrannie. Je serre la main de l'adjoint au maire, et je me casse".

(…)

Lire la chronique de Jacques Bertin.


 


 

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Il lui a été attribué un numéro international normalisé

ISSN : 2270-3586

Type : document électronique, publication en série
Auteur(s) : Pompougnac, Jean-Claude (1946-.... ). Auteur du texte
Titre clé : La Cité des sens
Titre(s) : La Cité des sens [Ressource électronique] : le blog de Jean-Claude Pompougnac
Type de ressource électronique : Données textuelles et iconographiques en ligne
Publication : [Fresnes] : [Cité des sens], 2006-
Note(s) : Blogue. - Notice rédigée d'après la consultation de la ressource, 2013-11-14
Titre provenant de l'écran-titre
Périodicité : Mise à jour en continu
Indice(s) Dewey : 020.5 (22e éd.) ; 301.094 4 (22e éd.)
ISSN et titre clé : ISSN 2270-3586 = La Cité des sens
ISSN-L 2270-3586
URL : http://cite.over-blog.com/. - Format(s) de diffusion : HTML. - Accès libre et intégral. - Consulté le 2013-11-14
Notice n° : FRBNF43711075

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