Tandis que le crowdlending, aîné des solutions alternatives de crédit de l'ère « digitale », approche de son dixième anniversaire, le secteur dans son ensemble connaît une crise de croissance, entre manque de notoriété et tensions sur les marges. Afin de survivre, de plus en plus d'acteurs cherchent à diversifier leurs modèles de développement.
Deux exemples récents illustrent cette tendance, qui permettront peut-être de révéler des opportunités insoupçonnées et inspirer un rebond du secteur. Les startups en question – Lendio et Upstart – ne s'inscrivent pas directement dans le mouvement de la finance participative mais elles sont confrontées aux mêmes difficultés que les autres nouveaux entrants du crédit (et, dans une certaine mesure, les établissements historiques) : malgré leurs promesses, elles peinent à conquérir un nombre de clients significatif.
Lendio, tout d'abord, a bâti l'une des toutes premières places de marché de la génération FinTech : fondée en 2006, elle propose aux PME américaines de soumettre simultanément (via une procédure unique de constitution de dossier) toutes leurs demandes de financement à plusieurs dizaines de fournisseurs – plus de 75 sont intégrés à ce jour, entre banques traditionnelles et plates-formes de prêt P2P – et ainsi faciliter la recherche et la souscription de la meilleure offre disponible pour le besoin exprimé.
Aujourd'hui, Lendio prend conscience des limites de son approche exclusivement en ligne (tout de même complétée d'un support téléphonique) et du manque général de notoriété des acteurs émergents auprès des entreprises. Afin de remédier à ces lacunes, Lendio a choisi de viser une relation de proximité et, ne désirant pas elle-même se déployer sur le territoire, elle vient de lancer son réseau de franchise, à travers lequel elle appelle des personnes ancrées dans leur environnement entrepreneurial à y établir sa présence.
En ce qui concerne Upstart, l'histoire est différente : créée par (entre autres) un ancien de Google, cette jeune pousse se positionne d'emblée comme un spécialiste technologique. À ce titre, elle a développé des solutions pionnières d'évaluation des risques et de vérification des informations transmises, à base de « data science », qu'elle met en œuvre pour distribuer des prêts – en réalité émis par sa banque partenaire – à une clientèle grand public susceptible d'avoir des difficultés à accéder au crédit classique.
Là encore, il est probable que, en dépit de ses avantages, Upstart ait du mal a se faire connaître des consommateurs. Réponse logique par rapport à son ADN, elle se mue donc maintenant en fournisseur de technologie et devient une plate-forme de qualification des emprunteurs avec laquelle elle cible dorénavant les banques. Son modèle « en service » comprend non seulement l'utilisation de ses logiciels mais également l'ensemble de sa palette de compétences : revues de justificatifs, appels de contrôle, service client…
Rien ne permet de savoir si les réorientations opérées par ces acteurs rempliront leurs objectifs. En revanche, la démarche adoptée pourrait certainement inspirer les institutions financières qui s'interrogent, elles aussi, sur l'avenir de leur modèle économique à l'aune de la conjoncture… La capacité à rechercher de nouvelles sources de revenus et, surtout, à remettre en question les fondements de l'activité (« pivoter ») fait partie des leçons les plus importantes que les grands groupes devraient tirer de l'exemple des startups.