Nous voici 48 heures après le match contre la Juventus et la polémique de son résultat. Si une nouvelle fois l’arbitre est au coeur des discussions, il conviendra d’évoquer malgré tout le comportement des milanais lors de cette rencontre et surtout de cette fin de rencontre. Nous rappellerons les faits mais nous chercherons à comprendre. Cela sera l’occasion de faire le point également sur cette fin de championnat et les 10 dernières journées qui nous attendent. Tout n’est pas perdu, mais tout reste à faire et la situation n’est pas forcément prête de s’améliorer.
JUVENTUS, ENTRE POLEMIQUE ET MAUVAISE FOI
Retour sur les faits pour ceux qui n’auraient pas pu suivre cette rencontre. Juventus – Milan, 1-1 jusqu’à la 93e minute et un temps additionnel arrivant à son terme. Un Milan dominé mais courageux (et à 10) résistent aux multiples assauts juventini avec (faut-il le préciser) un excellent Donnarumma. Mais, tout bascule à la 94e et une main dans la surface de De Sciglio qui, beaucoup trop près de son adversaire, ne peut éviter le ballon, tout cela sous les yeux de l’arbitre de surface. L’arbitre central, lui, siffle immédiatement le pénalty qui sera finalement transformé par Dybala. Il célébrera son but avec une joie probablement exprimée de manière trop excessive sous les yeux des milanais colériques et excédés. Des débordements seront à noter durant la fin de rencontre envers l’arbitre M. Massa.
Certains pouvaient le sentir bien avant la rencontre tant la méfiance et la défiance s’est installée entre ces deux géants de Serie A. Oui, chaque rencontre entre la Juventus et le Milan ont atteint des sommets de tensions et de polémiques. Chacun défendra son camp coûte que coûte mais les faits sont là pour les milanisti et le but de Muntari en 2012 reste toujours une blessure ouverte dans le coeur de chacun d’entre nous.
Pourtant les années ont passé, l’eau à coulé et surtout l’écart s’est creusé aussi bien au niveau sportif qu’au niveau économique. Nous aurons d’ailleurs l’occasion d’y revenir. Mais force est de constater que les juventini continuent d’user d’une communication bien basse pour une équipe et un encadrement « de qualité » (en termes footballistique entendons-nous bien. La mauvaise foi est religion et nous pourrions même dire que cela permet d’entretenir le contexte explosif entre les équipes qui finissent par craquer. Des comportements peu dignes de la part des joueurs mais aussi des dirigeants qui montrent que la classe « à l’italienne » est belle et bien enterrée. Peut-être trop romantique…
Il est bon de noter que si les Milan – Juve ou Juve – Milan servent de catalyseurs dans les polémiques arbitres, ces dernières ne sont pas pour autant absentes durant le reste de la saison où beaucoup d’erreurs sont commises et souvent en faveur de cette équipe. De là à ressortir les fantômes du passé (le Calciopoli), il n’y a parfois qu’un pas.
UN MILAN AU BORD DE LA CRISE DE NERFS
Cependant Milan s’est exposé à ce genre de difficultés et surtout à ces débordements qui viennent souligner une exaspération qui commence à ronger le club. Nous pourrions même dire qu’il ne s’agissait que de la dernière goutte que tout le monde attendait pour que le vase déborde. Mais pourquoi ?
La première chose est une frustration extrême entretenue par des dirigeants devenus incompétents. Incompétent au point de ne pas savoir vendre un club… Report sur report depuis le mois de septembre, des investissements inconnus qui ne réussissent à convaincre personne, une communication calamiteuse (mais cela n’est pas nouveau…) mettent sous tension toute une communauté milanista qui ne tient plus. Si cela affecte les tifosi c’est une chose, mais comment une telle direction peut assurer un climat serein et protecteur pour un groupe de joueurs qui doivent se demander chaque jour ce qui les attend dans un futur proche ? Car oui, cette saison, seul le groupe sur le terrain (joueurs et entraineur) sont à la hauteur malgré une 7e place qui laisse encore beaucoup de possibilités.
Mais il n’y a pas que cela car ce Milan se bat. Il a de la détermination et une qualité certaine. Pour gagner le championnat ou accrocher la Ligue des Champions, ce groupe manque peut-être d’un groupe plus fourni, plus homogène et aussi d’une qualité légèrement supérieure. Mais cette 7e place actuelle laisse encore de la place pour grimper au classement car aujourd’hui, ce Milan a affronté la Juve (1), le Napoli (3), la Lazio (4) et aura beaucoup de matchs avec des équipes abordables où il ne faudra pas faire l’impasse. Les matchs contre l’Inter et l’Atalanta auront une saveur de match à 6 points pour définir le classement final. Et un Milan avec ses qualités à, au moins, l’occasion de défendre ses chances sur le terrain. Ainsi perdre 2 points qui avaient demandé une telle bataille fait mal, surtout de cette manière.
Enfin, l’amertume est aussi grande tant le fossé sportif entre la Juve et le Milan parait faible cette saison. Milan ayant battu les blanconeri à deux reprises en début de saison. Et chaque match fut accroché avec une réelle opposition milanaise, ce dont n’étaient plus habitué les joueurs turinois. Les valeurs et le courage insufflé par Montella a rendu ce groupe difficile à manoeuvrer dans les grosses rencontres même si le résultat comptable n’est pas toujours au bout tant l’effectif a été construit de manière bancale par la direction. Voir ce groupe se faire enlever ces deux points de cette manière font ressentir aux joueurs et tifosi une forme d’injustice car même lorsque la Juve chavire, il semble toujours y avoir un coup de pouce qui vient favoriser cette dernière…
Précisons malgré tout que les débordements de fin de matchs sont inadmissibles et condamnables. Ce Milan se doit de rester digne et de respecter les différentes valeurs que le football véhicule et ne doit en aucun cas s’abaisser au niveau de ses adversaires. Mardi, des sanctions seront prises, notamment contre Bacca, et espérons que le club les acceptera comme par le passé avec classe et dignité. Néanmoins cela va encore ajouter des difficultés à un groupe qui compte déjà de nombreuses blessures.
L’ITALIE ET ARBITRES, L’AMOUR VACHE
En conclusion de ce billet sur les polémiques et la tension de ce week-end, il est utile de s’interroger sur la position des arbitres en Italie et du contexte dans lequel ils exercent. Beaucoup de choses pourraient être dites et d’ailleurs les commentaires pourront lancer les discussions mais de nombreuses questions se posent et encore plus de possibilités existent. A chacun son avis mais il peut être bon d’en discuter.
Quelle est la réelle utilité des arbitres de surface ? La question se pose d’autant plus depuis l’installation de la « goal line technology » qui est acceptée par tous. Une meilleure définition de la « main volontaire », en particulier dans la surface est-elle nécessaire ? Installer la vidéo d’avantage dans le football favoriserait l’équité ou ralentirait le rythme d’une rencontre ? Le débat est ouvert mais l’Italie ne pourrait-elle pas être une terre d’innovation et d’avancée dans un domaine où la polémique règne chaque week-end mais où pourtant les compétences des arbitres est loué dans toute l’Europe depuis de nombreuses années ?