Un robot déchiffre les pensées de l'homme

Publié le 13 mars 2017 par Pnordey @latelier

Le laboratoire d’informatique et d’intelligence du MIT et l’Université de Boston viennent de mettre au point un système permettant à un robot de corriger ses erreurs en interprétant les signaux neuronaux de l'homme. Prémices d'un dialogue hommes/machines ?

« Qui dit homme dit langage, et qui dit langage dit société. » disait Claude Levi-Strauss. Le langage est plus que jamais au centre de l’histoire culturelle de l’humanité. Dans un monde d’hypercommunication, les outils linguistiques eux aussi se disruptent. Le code aujourd’hui vient enrichir les perspectives du langage et modifie ainsi notre rapport au monde. C’est le point de passage obligatoire de la communication entre l’homme et ses nouveaux outils digitaux, un formidable vecteur d’innovation et de création. Jusqu’à aujourd’hui c’était lui qui régissait les interactions de l’homme avec la machine. Mais les progrès récents de la robotique et de l’intelligence artificielle font émerger un nouveau vecteur de communication homme/robot : la pensée. Quoi de plus logique finalement que de faire interagir intelligence humaine et intelligence artificielle par le biais de ce qui en fait sa spécificité ? Si l’instauration d’un véritable dialogue entre l’homme et le robot relève encore du fantasme, les travaux du laboratoire d’informatique et d’intelligence artificielle (CSAIL) et de l’Université de Boston font émerger l’espoir de pouvoir, un jour, établir une véritable communication partagée avec la machine, par la seule force de l’esprit.

Au cœur de l’expérimentation, un système permettant à l’homme de corriger les erreurs du robot Baxter, inventé par Rethink Robotics, par la pensée. Des capteurs, placés sur la tête de l’ordonnateur, envoient des signaux cérébraux au robot qui les déchiffre et les analyse pour en retirer une commande simple. Ainsi, plus besoin d’interfaces mécaniques entre l’homme et le robot. C’est par le langage de la pensée, moins exigeant et chronophage, que s’opère la communication. Testées par les équipes en charge du projet, ces avancées se sont avérées concluantes. Baxter est capable de lire et de comprendre les ondes cérébrales reçus et de réorienter le cours de ses actions, grâce à un algorithme qui calcule très rapidement (de 10 à 30 millisecondes) la probabilité d’erreur de l’action qu’il est en train d’effectuer. Une façon d’autonomiser encore plus le robot mais aussi et surtout de le connecter d’avantage à l’homme dans une nouvelle forme de collaboration.

A terme, la pensée pourrait agir comme une télécommande connectée à son environnement robotique et/ou numérique. De quoi ouvrir le champ des possibles en termes d’innovation dans les secteurs du travail, de la santé et même pourquoi pas de la smart home. L’objectif à long terme de la manœuvre est de faire du robot de demain une extension du cerveau humain. On peut ainsi légitimement penser qu’en se perfectionnant, les robots nouvelles générations pourront recevoir une multitude de signaux cérébraux différents et donc une palette de commandes et d’aptitudes. Il s’agit alors bien des prémices d’un dialogue de l’homme avec la machine, d’une communication plus spontanée en continue, d’une collaboration entre l’esprit et la technique. Avec un seul bémol mais qui a toute son importance : ce dialogue est essentiellement utilitariste et opérationnel. Et il n’a qu’une voix et une volonté, soit-elle exhaussée par la machine : celle de l’homme qui, seul, le dirige. Car à l’inverse des robots et comme le soulignait Georges Bataille : “Nous n'aurions plus rien d'humain si le langage en nous était en entier servile.”.