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Portrait de femme: entretien avec une graine de journaliste

Publié le 16 mars 2017 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Recherche par tags (mots-clés) Recherche d'évènements (agenda) 23 ans et déjà un parcours d’études très riche. Pensez-vous qu’à l’heure actuelle une femme doit étudier plus qu’un homme pour avoir un équivalent de réussite?

Pour être parfaitement honnête, je ne m’en rends pas vraiment compte. J’ai toujours accordé de l’importance à mes études parce qu’on m’a fait prendre conscience très tôt que le monde du travail était de plus en plus bouché, et qu’il fallait mettre toutes les chances de son côté. Je n’ai jamais senti que je devais en faire plus en tant que jeune fille, sûrement parce que mon milieu ne m’a jamais mise face à cette différenciation. J’ai toujours considéré, sans jamais l’avoir formulé, qu’il en allait de même pour tous(tes) les étudiant(e)s.

Vous êtes aujourd’hui journaliste, un métier facile pour une femme? Trop souvent, les femmes journalistes chargées de couvrir la politique sont victimes du sexisme de certains élus et responsables, qu’en pensez-vous?

Je ne dirais pas qu’il s’agit d’un métier facile ou difficile pour une femme, parce que je n’ai pas, dans mon travail, été directement confrontée à des comportements sexistes. Je suis bien sûr révoltée d’entendre ceux dont sont victimes en permanence les femmes journalistes aux côtés de personnalités de pouvoir, mais je ne peux pas dire que je m’y retrouve d’un point de vue professionnel. Nous ne travaillons pas dans le même milieu, nous ne faisons pas le même type de tâches. Je m’identifie, je suis choquée et atteinte en tant que femme, non en tant que journaliste.

Vous êtes actuellement rédactrice dans une revue de culture générale, y-a-t-il autant de femmes que d’hommes qui y travaillent? Ressentez-vous des différences de traitement ou d’égards entre les hommes et les femmes?

La revue dans laquelle je travaille est très féminine, je suis entourée de peu d’hommes. De fait, je ne vois pas de différence de traitements ou d’égards.

Durant vos études vous avez rédigé un mémoire de recherche en histoire culturelle sur: "Dévoiler l’intime à la télévision française dans les années 1980: la monstration de la sexualité dans les émissions de Pascale Breugnot". Pascale Breugnot a été une pionnière du sexe à la télé. Pouvez-vous nous en dire quelques mots? Est-ce que cette révolution sexuelle du Paf devait forcément venir d’une femme?

Ce que j’ai pu constater dans mes recherches, c’est que Pascale Breugnot a bénéficié d’une réputation de femme forte, subversive, d’une image de "lionne" directement associées au fait qu’elle était une femme. Un homme n’aurait sans doute pas eu la même réputation, même avec le même type de travail. Elle se plaisait me semble-t-il, à se présenter elle-même comme cette femme de caractère, capable de faire aussi bien, si ce n’est mieux qu’un homme. Et je crois qu’elle a dû s’imposer dans un milieu encore très masculin. Je pense que son travail est complètement associé à son sexe et, effectivement, ces émissions n’auraient peut-être pas eu autant de retentissement si elles avaient été produites par un homme. Cela dit, et c’était intéressant à étudier, les femmes dans certaines de ses émissions sont restées complètement prisonnières de l’air du temps des années 1980: un semblant de libération hérité de mai 1968 qui masque mal une hypersexualisation toute destinée au plaisir masculin.

Que pensez-vous de la place de la femme dans notre société actuelle? Est-ce difficile de nos jours pour une femme de suivre ses envies, de changer de voie professionnelle…?

Il me semble que l’on est encore dans cette sexualisation des femmes: il n’y a qu’à comparer dans la rue le nombre de publicités qui mettent en scène des femmes d’une manière érotique, et celles qui montrent des hommes. La différence reste flagrante, la sexualisation des femmes continue de faire vendre. Je crois qu’il reste beaucoup de progrès à faire sur ce point. Je pense aussi qu’il reste difficile d’être une femme au quotidien dans certaines situations. On parle de plus en plus du phénomène de "harcèlement de rue", c’est une réalité. Je connais peu de femmes qui n’ont jamais essuyé de réflexions ou apostrophes dans la rue. C’est une chose qui plane en permanence et à laquelle on pense, malheureusement, dès qu’il s’agit de rentrer tard seule par exemple. Je crois qu’on progresse en droit, en théorie, et qu’on stagne un peu concernant ces questions du quotidien.


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